Quand on dit que les personnes maltraitées maltraitent à leur tour les autres, c’est souvent pour les inciter à se demander si elles n’agissent pas ainsi à cause de ce qu’elles ont elles-mêmes subi. Mais cela peut aussi sous-entendre qu’une malédiction s’attache aux victimes d’abus, comme l’explique l’auteure d’un article publié dans le Héraut. Bien qu’elle n’ait pas infligé à d’autres les sévices qu’elle avait subis, sa vie a été marquée par la peur d’en faire autant (voir « Ceux qui ont été maltraités n’ont pas à maltraiter les autres », Héraut-Online, 19 juin 2023).
La disparition de cette peur n’a pas été rapide, mais elle a été définitive. Avec une clarté spirituelle remarquable, cette personne a saisi quelque chose de tout à fait contraire à ses souvenirs. Elle a compris qu’en réalité elle n’avait jamais été maltraitée. Cela ne veut pas dire que ses souvenirs étaient inexacts, mais qu’ils témoignaient d’un passé personnel. Même si cette histoire lui paraissait réelle, elle a discerné un fossé insurmontable entre cette douloureuse expérience et ce qu’elle avait toujours été en tant que l’enfant spirituel de Dieu, que nous sommes réellement, comme l’enseigne la Bible.
Son expérience montre que des problèmes qui perdurent peuvent être guéris en un instant, lorsque nous reconnaissons clairement la réalité tangible de l’Esprit, Dieu, et le caractère illusoire de tout ce qui n’est pas spirituel. Nous discernons alors la nature évanescente de notre histoire matérielle. Le psalmiste écrit à propos de Dieu : « Car mille ans sont, à tes yeux, comme le jour d’hier, quand il n’est plus, et comme une veille de la nuit. » (90:4)
Mais, même si la guérison se déroule « lentement mais sûrement », au lieu d’être instantanée, persistons jusqu’à reconnaître la nature spirituelle de l’existence réelle. Le livre d’étude sur la guérison en Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy, dit ceci : « La Vie divine est complètement séparée de la croyance à une existence matérielle et du songe de cette existence ; elle révèle la compréhension spirituelle et la conscience de la domination qu’a l’homme sur toute la terre. » (p. 14)
Cela ne signifie pas que la Vie divine et la vie matérielle sont indépendantes l’une de l’autre, et séparées par un abîme dans lequel nous pourrions tomber et y rester emprisonnés. Cela renvoie plutôt à la réalité de notre identité spirituelle, dans laquelle il n’y a aucune matérialité. Mais dans la mesure où cet abîme ressemble à ce que nous vivons, il nous faut travailler avec patience pour sortir « de la croyance [...] et du songe » erronés selon lesquels la vie est composée à la fois de matière et d’Esprit.
Le Christ est cette idée de la Vie, ou Dieu, Esprit, qui s’exprime dans notre existence individuelle. Ce pouvoir-Christ, que Jésus incarna de manière si frappante, met fin à la tendance de l’entendement humain à ressasser ce qui ne va pas, et ouvre notre cœur à la conscience pure qui reflète l’Entendement divin, Dieu. Une telle vision-Christ exclut la crainte de tomber dans un engrenage où l’on passe de l’état de maltraité à celui de maltraitant, ainsi que la conscience de souffrir d’une maladie mentale ou physique, puisque ces prétendues conditions n’existent pas en Dieu et ne peuvent donc pas être reflétées par l’homme. Elles ne sont que la revendication d’un entendement composé de matière, et ancré dans la croyance au temps et aux limites.
Le caractère insubstantiel, c’est-à-dire irréel, de cette croyance à un entendement matériel ou mortel fut mise en évidence par Jésus lorsqu’il vainquit cette croyance en guérissant des personnes souffrant de divers maux depuis longtemps. En comprenant que toute identité est spirituelle et reflète l’Entendement divin, Dieu, il rendit la santé à une femme qui avait une hémorragie depuis des années, à un homme paralysé depuis des décennies, et à un autre dont les problèmes mentaux chroniques étaient légion. Ces guérisons instantanées prouvent que la durée d’un problème ne détermine pas le temps nécessaire pour le résoudre. Les guérisons se produisaient immédiatement dans la conscience Christ de la présence de Dieu dont Jésus fut le témoin parfait, parce qu’elle mettait en lumière l’éternel « maintenant » de la santé et de l’harmonie dérivées de l’Esprit. Mary Baker Eddy explique dans Unité du bien : « Jésus n’avait besoin ni de cycles de temps ni de cycles de pensée pour amener à maturité l’aptitude à la perfection et à ses possibilités. » (p. 11)
Ces guérisons instantanées en Christ se produisent encore aujourd’hui en maintes occasions. Mais, lorsque ce n’est pas le cas, l’étude de la Bible et de Science et Santé, ainsi que la prière et la communion avec Dieu, renforcent en nous, pas à pas, cette même conscience-Christ. En nous ouvrant à l’idée spirituelle selon laquelle nous n’avons pas à attendre un cycle temporel ou un processus mental pour guérir, nous nous libérons peu à peu de l’erreur de croire que nous sommes liés à une identité matérielle éphémère. L’histoire des souffrances mentales ou physiques perd son emprise sur nous dans la mesure où nous reconnaissons la vérité intemporelle de notre unité intacte avec l’Entendement, qui n’a en lui-même pas la moindre conscience d’une mentalité opposée et vulnérable.
Cette vérité concernant notre vie dans l’Entendement signifie que le problème et sa durée sont des mensonges concernant la situation actuelle. Que le résultat soit rapide ou non, le Christ, en tant qu’esprit de la Vérité divine, Dieu, élimine ces mensonges de la conscience, et partant, de notre existence. Alors, comme la personne dans le témoignage cité plus haut, nous voyons que le mensonge ne nous a jamais touchés. Et peut-être que, comme elle, consacrerons-nous notre vie à aider les autres, suggérant ainsi une merveilleuse règle spirituelle de base : les personnes guéries guérissent à leur tour les autres !
Tony Lobl,
Rédacteur adjoint
 
    
