Une nuit, après le décès de ma femme, alors que j’étais allongé, dans la solitude de la maison, une pensée m’a traversé l’esprit. Une praticienne de la Science Chrétienne nous avait un jour conseillé, à ma femme et à moi, de réfléchir à la substance matérielle qu’on appelle « air » et dont on admet qu’elle est toujours présente partout, qu’elle nous environne, mais est invisible. Elle nous a ensuite engagés à reconnaître ce qui est invisible mais vraiment omniprésent, et nous entoure tous. Il s’agit de l’Amour divin, Dieu. Ainsi, dans l’obscurité, cette nuit-là, j’ai prié pour considérer l’air autour de moi comme un symbole ou une métaphore de quelque chose de bien plus grand : la présence spirituelle infinie et constante de l’Amour, à l’endroit même où je me trouvais à ce moment-là. C’est alors qu’une pensée claire et bienfaisante m’est venue à l’esprit : « L’Amour n’a pas déserté ce foyer. »
Notre vie peut sembler être exactement à l’opposé de cette idée. Les événements tragiques évoquent des jours de grande perte pour de nombreuses personnes, dans des foyers du monde entier. Ce sont, par exemple, des foyers qui ont perdu un mari, une femme, un fils, une fille ou tout autre être cher lors d’un attentat terroriste, et cette perte peut les marquer pendant des décennies. Certains souffrent encore de l’absence d’une affection, de rires familiers, et de cette douce conscience de la présence précieuse de l’autre, même si chacun se trouve dans une pièce différente, occupé à des activités distinctes.
Le départ d’un être cher prend des formes multiples : un décès, un divorce, un nid vide après le départ des enfants. Pourtant, ce qui nous relie vraiment les uns aux autres, que nous soyons ensemble ou séparés, c’est l’Amour même, l’Esprit divin, qui est Dieu, le Tout-en-tout.
Considéré à la lumière de la totalité de l’Amour divin, l’amour précieux que nous ressentons à travers la présence d’êtres chers est en fait une représentation de l’amour de l’Amour à notre égard, reflété en eux. S’il est naturel de regretter le départ d’un être, la Bible nous assure : « La bonté de Dieu [l’Amour] subsiste toujours. » (psaume 52:3)
Les Ecritures relatent également les bienfaits durables de l’Amour. Parlant de Dieu, le psalmiste déclare : « Il y a d’abondantes joies devant ta face [en ta présence], des délices éternelles à ta droite. » (psaume 16:11) Lorsqu’une perte nous affecte personnellement, nous pouvons nous appuyer sur la promesse de la continuité de Dieu, le bien divin, et de la présence de l’Amour qui procure une joie que rien ne peut ébranler. Ce qui venait de Dieu à travers une expression particulière peut trouver une nouvelle forme d’expression lorsque notre cœur est réceptif à l’amour permanent de l’Amour envers nous et envers tous. Comme la substance de l’Amour ne disparaît jamais, c’est seulement la forme particulière que nous avons été habitués à connaître qui n’est plus visible à nos yeux.
Il en va de même pour les personnes qui ont disparu de notre vie. L’Amour ne les abandonne jamais, elles non plus, car leur individualité demeure, hors de notre vue mais jamais hors de la Vie qui est Dieu.
Plusieurs récits bibliques, notamment celui de la résurrection de Jésus, montrent que la vie ne s’arrête pas à l’apparence d’une existence matérielle éphémère. Lorsque Jésus déclare que le royaume des cieux est en nous, il décrit notre véritable demeure, la Vie spirituelle, qui se poursuit, sans interruption, ici même et dans l’au-delà. Il s’agit de l’harmonie de la réalité, « l’univers invisible et [...] l’homme spirituel », ainsi qu’il est écrit dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy (p. 337).
Quelle que soit l’intensité de l’image présentée par les sens matériels – celle d’un être cher à présent sans vie – il n’y a jamais de passerelle véritable entre la Vie et la perte. La mort est le point de vue matériel de l’observateur, mais non l’état réel de ceux qui, à nos yeux, sont décédés, parce que la Vie est la bonté immuable de l’Esprit. L’auteure de Science et Santé décrit l’état permanent de cette existence de la manière suivante : « Parce que la Vie est Dieu, il faut que la Vie soit éternelle, existant en soi. La Vie est l’éternel Je suis, l’Etre qui fut, qui est et qui sera, que rien ne peut effacer. » (p. 289, 290)
Il n’y a pas une once de vide dans la Vie qui existe en elle-même éternellement. Pour savoir que cette vérité concerne ceux qui ne sont plus avec nous, sachons que cela est également vrai pour nous-mêmes. Acceptons, et démontrons pas à pas, la divine tendresse de Dieu qui nous enveloppe sans cesse, comme le décrit cette strophe d’un cantique vibrant :
Bras divins qui nous enclosent,
Bras éternels de l’Amour,
En vous seuls, je me repose,
Vous me soutenez toujours.
(John R. MacDuff, Hymnaire de la Science Chrétienne, no 53, adapt. et trad. © CSBD)
C’est l’Amour qui ne déserte jamais notre foyer, notre cœur, notre existence. Il nous appartient non seulement de le reconnaître silencieusement, mais aussi d’y céder, de le ressentir, de le comprendre et l’exprimer, de toujours le rechercher – et d’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force et de toute notre pensée, comme nous le demande Jésus (voir Luc 10:27).
Cette conscience de la Vie qui est Amour est en permanence notre vrai foyer, le vrai foyer universel de tous, y compris nos proches, que ni eux ni nous ne quittons jamais.
Tony Lobl
Rédacteur adjoint
 
    
