Au fil des siècles, les philosophes politiques ont développé la théorie selon laquelle la démocratie est un pacte social qui fait que les citoyens, pour leur bien, se soumettent à des prises de décisions collectives. Mais même la plus solide des démocraties nécessite un renouvellement constant. Comment y parvenir ? Et si l’amour élargissait nos intérêts au-delà de nous-mêmes, pour inclure toute l’humanité ? Et si nous trouvions tous un intérêt à aimer, pour ressentir la grande satisfaction et la joie qui proviennent de la connaissance de qui nous sommes vraiment en tant qu’enfants de Dieu, l’Amour ? Ce serait le fondement d’un nouveau contrat social qui nous unirait tous.
Dans la Bible, nous lisons dans la première épître de Jean que Dieu est Amour. Jésus illustre la nature de Dieu en tant qu’Amour dans la parabole du fils prodigue : un père accueille son fils avec compassion, bien que celui-ci l’ait traité avec le plus grand manque de respect et ait gaspillé son héritage avant de finalement reconnaître ses torts. Le père se réjouit de son retour, montrant ainsi que Dieu nous voit et nous aime, non pas comme des êtres humains imparfaits, mais comme Son expression spirituelle.
Puisque notre origine, notre Père-Mère, est l’Amour divin et l’Esprit infini, c’est notre nature d’être aimants et spirituels. Cela signifie que le langage agressif parfois utilisé en politique, les attaques virulentes et la tendance à considérer comme des ennemis ceux dont nous contestons les idées politiques, tout cela est non seulement anti-démocratique mais aussi totalement étranger à notre véritable nature.
La première épître de Jean contient ce passage provocant, riche en promesses : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. » (3:14) Seul l’Amour divin, vécu chaque jour de manière concrète, permet à nos systèmes politiques de passer, de façon imagée, de la mort à la vie, autrement dit de se renouveler et de se consolider.
Mais comment peut-on aimer quand on est confronté à la haine – ou à la peur du pouvoir de la haine qui détruit l’unité et la cohésion de la société ? Mary Baker Eddy, qui a découvert la Science Chrétienne, écrit : « La Science Chrétienne classifie ainsi les pensées : les pensées justes sont réalité et pouvoir ; les pensées erronées sont irréalité et absence de pouvoir, possédant la nature des rêves. Les bonnes pensées sont puissantes ; les mauvaises pensées sont impuissantes, et elles devraient apparaître ainsi. » (Ecrits divers 1883-1896, p. 252)
Il est indispensable de garder le poison de la haine hors de nos pensées, ainsi que de nos vies et de nos démocraties. On y parvient avec plus d’efficacité en ne craignant pas le pouvoir supposé de la haine et en démontrant son impuissance. Comment ? En partant du point de vue plus élevé que l’Amour divin, le seul créateur, n’a pas créé la haine, que celle-ci n’existe pas dans l’Entendement qui est Dieu, mais peut seulement paraître exister dans les ténèbres de l’esprit humain. C'est la clé pour s’élever au-dessus de la haine et ressentir l’amour et l’affection qui nous caractérisent en tant qu’enfants de Dieu.
Voici une modeste illustration du pouvoir unificateur de l’Amour. Il y a quelques années, notre église filiale de l’Eglise du Christ, Scientiste, qui est gérée de manière démocratique, a dû faire face à une question controversée qui avait déjà posé des problèmes à plusieurs églises de la Science Chrétienne, et entraîné des conséquences malheureuses. Lors de notre assemblée générale, il a été proposé d’aimer tous les membres quelle que soit leur opinion. La motion a été soutenue, votée et adoptée. Grâce à l’inspiration divine, l’assemblée a brisé le mesmérisme consistant à vilipender ceux qui avaient un avis différent. L’un des membres qui se faisait souvent entendre a alors proposé une action des plus unificatrices, laquelle a également été adoptée, mettant fin à la controverse. Il n’en a plus jamais été question dans notre église.
Lorsque nous discernons mieux la réalité et le pouvoir de l’Amour, et de ce fait l’impuissance de la haine à diviser, à hypnotiser et à détruire, nous comprenons peu à peu ce qui est le fondement de toute démocratie et ce qui peut la renouveler. Au-delà des politiques publiques et des approches différentes face aux problèmes sociaux, au-delà même de la pire rhétorique politicienne et de la manipulation des faits, nous découvrons l’unité fondamentale, la fraternité et l’affection qui viennent de Dieu, l’unique Père-Mère qui a créé l’homme (chacun d’entre nous) en tant qu’être spirituel, reflet de Sa nature. Nous sommes plus à même de distinguer ce qui est spirituellement vrai dans le caractère humain de ce qui est faux, d’être plus patients et indulgents, et mieux disposés à considérer le point de vue des autres.
Nous devenons ainsi réceptifs aux solutions pratiques et sommes mieux à même de mener des discussions politiques dans un esprit courtois et amical. Nous participons avec plus d’intelligence à la vie politique, notamment par notre vote.
Questionnée sur ses opinions politiques, Mary Baker Eddy écrit ceci : « Je n’en ai, en fait, pas d’autres que de participer au soutien d’un bon gouvernement, d’aimer Dieu par-dessus tout et mon prochain comme moi-même. » (La Première Eglise du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 276)
Il n’y a pas de pouvoir plus grand que l’Amour, sur la terre comme au ciel, pas de pouvoir plus à même d’apporter un renouveau aux démocraties et d’éclairer ceux qui, dans le monde, sont en quête de démocratie. Lorsque nous reconnaissons que l’Amour est suprême, la seule véritable autorité qui gouverne, Dieu nous aide à repousser la haine et les conflits et à vivre l’Amour, révélant ainsi notre véritable nature d’enfants de l’Amour.
Lyle Young
Invité de la rédaction
 
    
