C’était l’année 1962, et une grande partie des Etats-Unis était saisie de peur, car elle savait que l’Union soviétique allait installer des missiles nucléaires sur l’île de Cuba, à 170 km des côtes américaines. Bien que le gouvernement américain soit en pourparlers avec les soviétiques, la menace semblait bien réelle et, dans toute l’Amérique, des individus construisaient des abris anti-aériens, fortifiaient leurs sous-sols, et faisaient des réserves de nourriture. Les médias d’informations relayaient la conviction de l’imminence d’un conflit catastrophique, et beaucoup craignaient pour l’avenir.
J’étudiais la Science Chrétienne depuis peu et j’apprenais que Dieu est aux commandes et qu’Il est plus puissant que les armes et la peur. Comme je vivais à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, nous avions été avertis qu’il y avait des matières nucléaires et peut-être des bombes stockées dans les montagnes voisines, et que notre ville serait certainement une cible de choix si un conflit devait intervenir.
Un matin, je me trouvais dans notre minuscule salle de bain avec notre fille de deux ans quand, tout à coup, nous avons entendu un hurlement qui ressemblait à une sirène d’alarme ; le bruit a rempli la pièce. J’ai pensé qu’il s’agissait d’un signal d’alerte et que nous devions nous mettre à l’abri. Paniquée, j’ai attrapé ma fille, je l’ai couchée par terre, je me suis allongée sur elle et je me suis mise à prier. Après ce qui m’a semblé être une éternité, le bruit s’est arrêté. Lorsque j’ai ouvert les yeux et que j’ai eu à nouveau les idées claires, j’ai réalisé que le bruit provenait du téléphone, que j’avais apporté dans la salle de bain. Le bruit strident qui résonnait dans la pièce minuscule signalait qu’il était resté décroché pendant un moment.
Je me suis sentie bête d’avoir réagi ainsi et j’ai tout de suite compris qu’il me fallait affronter ma peur. J’ai décidé de ne pas me fier aux informations, ni de suivre chaque étape du processus de négociation, ni de chercher à connaître la quantité d’armes dont disposait chaque pays. Au lieu de cela, je me suis tournée vers la Bible et Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy.
Je savais que Christ Jésus avait démontré ce qu’il croyait et enseignait au sujet de Dieu, et qu’il avait promis à ses disciples qu’ils seraient réconfortés (voir Jean 14:16). Ce matin-là, ce que j’avais vécu n’avait rien de réconfortant, mais je souhaitais surtout être rassurée et ne pas réagir de façon craintive et impulsive. J’ai décidé de rechercher la signification du mot « peur » d’un point de vue spirituel.
La Bible nous encourage à ne pas avoir peur ; de nombreux récits montrent comment des personnes ont surmonté leur crainte et triomphé de situations effrayantes. Le psaume 91 nous assure que nous sommes à l’abri de la mort et du mal, ainsi que des peurs qui y sont associées.
En approfondissant mon étude, j’ai découvert que « crainte » est également un mot important concernant notre relation à Dieu. Dans le livre des Proverbes, nous lisons : « La crainte de l’Eternel est le commencement de la science » (1:7), et : « La crainte de l’Eternel mène à la vie, et l’on passe la nuit rassasié, sans être visité par le malheur »(19:23). Ces passages m’ont incitée à examiner plus attentivement la définition du mot « crainte » dans le dictionnaire. On y trouve un sens de révérence, de respect, de vénération et même d’émerveillement. On peut voir dans ces versets une incitation à ne pas avoir peur de Dieu, qui est la Vie et l’Amour, mais à Le révérer.
Jésus dit à ses disciples : « Ne crains point, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume.» (Luc 12:32) Il le prouva en demeurant en sécurité alors qu’il se trouvait dans des situations dangereuses et effrayantes, comme par exemple lorsqu’il était dans une barque sur la mer agitée, ou en haut d’une falaise et poursuivi par une foule en colère, et dans plusieurs autres circonstances.
J’ai chéri tous ces aspects du mot « crainte » et j’ai révéré davantage Dieu comme étant le seul pouvoir. Mes prières visaient non seulement à résoudre mes propres peurs, mais aussi à guérir la peur qui régnait alors dans notre pays. Mary Baker Eddy écrit : « Les bonnes pensées sont une armure impénétrable ; ainsi revêtus, vous êtes complètement à l’abri des attaques de l’erreur, quelle qu’en soit la nature. Et non seulement vous êtes en sécurité vous-mêmes, mais tous ceux sur qui reposent vos pensées en reçoivent aussi les bienfaits. » (La Première Eglise du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p.210) J’ai acquis la certitude que ma famille, notre ville et notre pays étaient en sécurité.
J’ai ressenti la présence du Consolateur promis par Jésus, et je n’ai plus cru à une guerre imminente. J’ai cessé de réagir à la crainte, et j’ai compris que nous n’avions pas besoin d’avoir peur les uns des autres car Dieu, l’Amour, gouverne tout. Quelques jours plus tard, les négociations ont abouti au démantèlement et au retrait des missiles de Cuba.
Depuis ce temps, lorsque j’entends parler de conflits dans le monde, je me demande : « Quel genre de crainte est-ce que j’accepte dans ma pensée ? » Je suis très reconnaissante de m’être éveillée, il y a si longtemps, à la compréhension du fait que craindre est en réalité révérer Dieu. Je sais que je n’ai pas à avoir peur. Au contraire, je peux être remplie de confiance et d’émerveillement devant l’amour et le pouvoir de Dieu, sachant qu’ils seront toujours vainqueurs.
