Il y a environ deux ans, un homme que j’avais considéré comme un ami m’a bloquée dans un coin et m’a violée. Cela s’est produit lors d’un voyage avec un groupe d’amis. Plus tard dans la nuit, j’ai failli sauter du toit de notre immeuble. Mais, au lieu de le faire, je me suis assise et j’ai pleuré. Comme l’homme était ami avec plusieurs de mes amis dans le groupe, je me suis sentie complètement seule et je n’ai parlé à personne de ce qui s’était passé.
Ne sentant pas la possibilité d’en parler à quiconque, j’ai fait bonne figure et j’ai prétendu que tout allait bien pendant tout le reste du voyage. Mais, en réalité, je me sentais coupable et très en colère. J’étais en colère contre moi-même de n’avoir pas pu l’arrêter – de l’avoir « laissé faire » ; j’étais en colère contre ce garçon pour ce qu’il m’avait fait ; et j’étais en colère contre mes amis pour n’avoir pas senti que quelque chose n’allait pas. Mais, plus que tout, j’étais en colère contre Dieu.
J’ai été élevée en Science Chrétienne et on m’a enseigné que nous sommes tous les enfants de Dieu, l’Amour divin ; on m’a constamment rappelé que Dieu est bon et qu’Il est partout. Après cette expérience, cependant, je ne pouvais plus y croire. Comment Dieu avait-il pu être présent à ce moment-là ? Malgré tout le désir que j’avais encore de croire en Lui, je me sentais trahie par celui sur lequel j’avais toujours compté.
Je voulais vraiment trouver la paix et la guérison, et j’ai donc regardé les publications en ligne du Sentinel et du Christian Science Journal – des publications sœurs du Héraut – et j’ai trouvé des articles de personnes qui avaient bénéficié d’une protection face à des agressions sexuelles. Mais je me suis alors sentie encore plus en colère. Pourquoi Dieu ne m’avait-il pas protégée, moi ?
J’ai pensé à l’histoire de la Bible où Elie a demandé à Dieu de mourir. Dieu a dit à Elie de se tenir devant la montagne, là où le vent soufflait si fort qu’il brisait les rochers. Mais Dieu n’était pas dans le vent. Ensuite, un tremblement de terre s’est produit, mais Dieu n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y a eu un feu, mais Dieu n’était pas dans le feu. Après le feu est venu un murmure doux et léger, dont j’ai compris qu’il s’agissait de Dieu. (Voir I Roi 19:1-12)
Ce que j’ai retenu de cette histoire n’était cependant pas très inspirant. Comment Dieu, l’Amour, pouvait-Il être partout, alors qu’il me semblait qu’il était dit, juste là, dans la Bible, que Dieu n’était pas présent ! J’étais encore en colère, parce qu’on parlait de Dieu en tant que murmure doux et léger, mais jamais de ce qu’Elie avait ressenti face au vent, au tremblement de terre et au feu. J’avais l’impression d’être au cœur de ma propre tempête, et Dieu était introuvable.
Durant cette période, j’ai cessé d’aller à l’église et de lire les Leçons bibliques du Livret trimestriel de la Science Chrétienne, et je n’ai pas demandé à un praticien de la Science Chrétienne de m’aider par la prière. J’ai passé le reste de l’année en proie à la culpabilité et à la colère, luttant pour ne pas m’en prendre aux gens que j’aimais. J’avais moins de patience et aucune motivation, mais j’ai réussi à passer tous mes examens avec succès et à conserver intactes mes amitiés. Cependant, j’avais encore le sentiment de regarder passer ma vie et de ne pas la vivre.
J’ai ensuite été invitée à participer à une semaine de préparation pour un camp d’été de la Science Chrétienne, afin d’aider l’équipe. Alors que je nettoyais une partie des sols et que je déplaçais du mobilier, je me suis douloureusement coincé le dos ; je ne parvenais plus à bouger. Une amie, à qui je m’étais confiée, a décidé que je devais faire quelque chose au sujet de cette colère incessante. Elle a lu la Leçon biblique avec moi. Le sujet de la Leçon, cette semaine-là, était « Dieu, la seule Cause et le seul Créateur », et elle incluait ce passage de Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne : « Toute substance, toute intelligence, toute sagesse, tout être, toute immortalité, toute cause et tout effet appartiennent à Dieu. Ce sont là Ses attributs, les manifestations éternelles de l’infini Principe divin, l’Amour. » (p. 275)
Mon amie et moi étions très inspirées en pensant à Dieu en relation avec l’effet. J’avais toujours pensé à Dieu comme au seul créateur, mais penser à l’effet comme appartenant à Dieu était un nouveau concept pour moi. C’était libérateur de penser à la bonté et à l’amour de Dieu comme étant le seul effet, et de penser que la cause et l’effet étaient des attributs et des manifestations éternelles de Dieu, en tant que Principe divin, l’Amour. Soudain, toute la résistance que j’avais ressentie au sujet de la Science Chrétienne a commencé à disparaître.
Le lendemain matin, la même amie m’a réveillée tôt pour être sûre que j’aie le temps de lire la leçon avant de commencer les corvées. Je l’ai lue (pour la deuxième fois seulement en sept mois) et je me suis dirigée vers la cuisine. J’ai soulevé les plateaux, j’ai marché ici et là, et j’ai soudain réalisé que mon dos ne me faisait plus mal. J’ai couru vers mon amie et je lui ai dit : « Regarde ! Je peux toucher mes orteils ! » J’étais ravie de voir que j’avais été guérie. Pour la première fois depuis des mois, je sentais que Dieu était avec moi.
Puisque tous les responsables du camp assistaient à un service le mercredi soir, je les ai accompagnés. Je n’ai prêté aucune attention aux passages de la Bible et de Science et Santé qui ont été lus, mais je me suis levée et j’ai partagé un témoignage de guérison lorsque l’opportunité m’en a été donnée. Après l’église, ce soir-là, quelques amis et moi nous sommes assis pour parler de la journée et partager quelques idées.
Un de mes amis a partagé cette phrase de Science et Santé : « Le chagrin est salutaire » (p. 66). Elle apparaît au milieu d’un paragraphe consacré aux épreuves et aux tribulations, qui sont les marchepieds de la croissance spirituelle. Je n’avais jamais entendu le mot salutaire auparavant mais j’ai appris qu’il signifie donner la santé. Cela m’a paru étrange que Mary Baker Eddy se réfère au chagrin comme conférant la santé car, pour moi, être triste n’a jamais été une bonne chose. J’avais toujours senti que la tristesse était en opposition directe avec la spiritualité.
Mais ensuite, j’ai réalisé que lorsque je suis en colère, je me sens fermée. Bien que je ne puisse ressentir ou accepter l’amour lorsque je suis en colère, le chagrin et la lutte pour la Vérité procurent des sensations différentes – comme accepter d’être réconfortée et remplie d’amour. Je savais que je devais prier et m’appuyer sur Dieu davantage avant de pouvoir jouir de la paix à laquelle j’aspirais tant. C’est pourquoi le fait d’avoir abandonné la colère, même si je ressentais encore de la tristesse, m’a permis d’être plus réceptive à une guérison complète.
Plus tard, cet été-là, j’ai pu me confier à une autre amie, qui m’a encouragée à assister à une autre réunion de témoignage du mercredi. Une des premières choses qui a été lue était l’histoire d’Elie dans la Bible, avec le vent, le tremblement de terre et le feu. Soudain, je me suis sentie tellement enveloppée dans l’Amour divin que j’ai commencé à pleurer et à écouter cette histoire d’une façon différente – non plus comme une séquence d’évènements lors desquels Dieu serait arrivé « trop tard », mais comme la lutte d’Elie pour voir au-delà des représentations agressives du mal, afin d’entendre le murmure doux et léger de Dieu qui avait toujours été là.
La lectrice était une praticienne de la Science Chrétienne, et j’ai demandé à parler avec elle après le service. Nous sommes allées nous asseoir dans un endroit pittoresque, à l’extérieur, et je lui ai raconté tout ce que j’avais traversé. Elle a commencé par me dire qu’elle comprenait et qu’elle avait également lutté avec le même problème pendant des années. Je suis devenue attentive.
Je lui avais confié que je me sentais coupable parce que je n’arrivais pas à pardonner à l’homme qui m’avait fait ça. Mais je sentais aussi que je ne pourrais pas complètement abandonner ma colère tant que je ne lui aurais pas pardonné. La praticienne m’a dit que lorsqu’elle était petite et qu’elle avait demandé de l’aide à sa mère après s’être disputée avec une amie, sa mère avait répondu ceci à propos de son amie : « Confie-la au ciel. » Cela signifiait qu’il fallait la laisser travailler à sa rédemption au moyen de la réalité céleste actuelle du Christ, la vérité de Dieu. La praticienne m’a également rappelé que lorsque Christ Jésus a été crucifié, il a dit au sujet des personnes qui l’avaient mis en croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » (Luc 23:34) J’ai vu que je n’avais pas à me forcer à accomplir quelque chose. J’étais libre de laisser l’homme qui m’avait blessée être corrigé par Dieu, et aller de l’avant dans ma vie.
Nous avons également parlé du fait spirituel que la matière ne peut jamais toucher l’Esprit, qui est Dieu, et que nous sommes spirituels. Science et Santé dit : « Le temporel et l’irréel ne touchent jamais l’éternel et le réel. Le muable et l’imparfait ne touchent jamais l’immuable et le parfait. L’inharmonieux et ce qui se détruit ne touchent jamais l’harmonieux et ce qui existe en soi. » (p. 300) A un moment donné, la praticienne m’a posé une série de questions douces qui m’ont confirmé que Dieu est bon, et qui m’ont aidée à voir que l’agression n’avait jamais blessé qui je suis et ce que je suis réellement, car je ne me suis jamais trouvée dans un corps matériel. Mon identité a toujours été spirituelle, et elle demeure dans l’Esprit, l’Amour divin.
Alors que notre conversation se terminait, la praticienne m’a prise dans ses bras et m’a rappelé encore et encore que j’étais complète ; que rien ne m’avait jamais été enlevé. J’ai senti un poids tomber de mes épaules. Mon sentiment de culpabilité s’est dissipé et la colère à laquelle je m’étais accrochée s’est évanouie. Savoir qu’en réalité je n’avais jamais été diminuée d’une quelconque manière me permettait de lâcher prise et de laisser s’en aller la douleur que j’avais ressentie. J’étais libre !
Rapidement, j’ai recommencé à m’ouvrir à mes amis et à avoir davantage confiance en Dieu pour me guider. Je suis très reconnaissante pour la paix et la réceptivité que j’ai éprouvées depuis lors. Je sens que Dieu est à l’œuvre dans ma vie chaque jour.
