A la suite de la récente couverture médiatique des marches de protestation et des manifestations relatives à ce sujet, je me suis demandé ce qu’est la justice sociale, et comment j’aimerais en voir la manifestation dans les foyers, le monde professionnel, les églises et la société en général. A mes yeux, la justice sociale serait la conséquence directe de la disparition des barrières – de race, de genre, de culture etc. – réalisée à l’échelle individuelle et collective, grâce à la compassion qu’exprimait Jésus, celle qui élève la pensée et guérit. Cela implique de s’engager à vivre en faisant davantage preuve d’honnêteté, d’équité, de désintéressement, de bonté, etc.
En étudiant la Science Chrétienne, j’apprends que la justice sociale signifie plus que la réalisation d’un état de choses espéré, idéaliste ou imaginaire. Bien au contraire, la justice sociale représente un fait spirituel présent, à savoir l’unité et l’égalité de la création de Dieu. Chacun est une idée spirituelle individuelle de l’Amour divin, Dieu ; et l’unité que nous formons avec Dieu et les uns avec les autres est une réalité éternelle. Il est possible de prendre conscience de cette unité maintenant, à condition de la démontrer individuellement et collectivement par des manifestations de compréhension, de compassion et d’affection les uns envers les autres. Malgré ce plafond de verre qui existe encore pour les gens de couleur, et en dépit de la lenteur des progrès en matière de justice sociale et d’égalité, tous les hommes et toutes les femmes sont à jamais libres d’exprimer le fait d’être spirituellement un avec Dieu, ou leur unité avec Lui.
Jésus de Nazareth en fit la démonstration. Il atteint une grandeur immortelle dans un monde sous domination romaine, bien qu’il fût persécuté par les chefs religieux de sa propre foi. Il y parvint non en tant que personnalité juive extraordinaire, mais parce qu’il savait qu’il était le Fils de Dieu. Il comprenait que l’homme possédait des capacités infinies en tant qu’image et ressemblance de Dieu. Dix-huit siècles plus tard, sa fidèle disciple, Mary Baker Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, a dirigé un mouvement qui a rétabli la méthode de guérison de Jésus, alors même qu’elle vivait dans ce qui était, à l’époque, une société faite pour les hommes. En suivant Christ Jésus, elle a eu notamment pour objectif fondamental de démontrer le droit que Dieu a donné à chaque individu d’être libre de toute limite et de toute oppression. Et l’étude et la mise en pratique de la Science Chrétienne en rendent la réalisation possible pour chaque individu aujourd’hui. Ni le mépris des droits de l’homme, ni l’injustice d’origine raciale ou autre ne peuvent arrêter l’amour que Dieu, l’Amour divin, épanche librement vers Son enfant, c’est-à-dire chacun de nous. Mary Baker Eddy écrit : « Les armes de la bigoterie, de l’ignorance, de l’envie tombent devant un cœur honnête. » (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 464)
Christ Jésus enseigna à ses disciples : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » (Matthieu 5:44) L’amour pour les autres permit à Jésus et à ses disciples de s’élever au-dessus des injustices sociales de leur époque. Par exemple, l’apôtre Pierre reconnut que Corneille, un officier de l’armée romaine, que la loi juive lui interdisait de fréquenter, était également un enfant de Dieu et bénéficiait donc du même amour de Dieu. Pierre accepta l’invitation qui lui était faite de se rendre dans la maison de Corneille, et dit à ce dernier ainsi qu’à ceux qui étaient avec lui : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. » (Actes des apôtres 10:34, 35)
C’est là un fait divin éternel : les créations spirituelles de Dieu sont maintenant et à jamais unies dans l’unité prédestinée, conçue par l’Amour divin, notre Père-Mère à tous. Chacun est individuel, intact et indispensable. Chacun occupe sa propre place éternellement. Personne n’est oublié ou rejeté. Tout le monde est apprécié, nécessaire et important pour l’Entendement divin. Par conséquent chaque identité individuelle est fondamentalement liée à la totalité de la création de Dieu.
Au milieu des années 50, j’ai été la première dans ma famille à fréquenter une école intégrée dans notre petite ville du sud-ouest des Etats-Unis. Seule et découragée, ressentant peu de compassion et d’empathie de la part de mes camarades de classe, j’ai été tentée de tout arrêter durant ma deuxième année de lycée. Et puis un jour, alors que je puisais de l’eau dans le puits familial, j’ai demandé à Dieu de m’aider. Presque aussitôt, j’ai ressenti Sa présence, m’assurant que tout se passerait bien, que ma vie serait meilleure et prendrait une nouvelle direction. Peu après, on m’a donné des périodiques de la Science Chrétienne. En les lisant, j’ai appris peu à peu que Dieu est Amour, que l’Amour m’aime, qu’Il aime tout le monde, et qu’Il n’a pas d’enfants préférés ni d’enfants opprimés. Grâce à cette nouvelle compréhension de Dieu et de ma relation à Lui, je suis restée au lycée.
A la fin de la dernière année de lycée, les bacheliers ont fêté leur diplôme en partant une semaine en voyage ensemble – tous, excepté ma cousine et moi qui étions exclues. Cela m’a blessée. Bien des années plus tard, ma capacité à pardonner a été mise à rude épreuve. Plusieurs camarades de classe m’ont appelée pour m’inviter à la cinquantième célébration des anciens élèves du lycée. L’une de ces personnes s’est excusée de ne pas avoir accepté les Noirs lors du voyage des élèves de terminale bien des années auparavant.
Hésitant à m’y rendre, j’ai prié avec la Prière du Seigneur. Le passage suivant, avec son interprétation spirituelle dans Science et Santé, m’a particulièrement aidée :
Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Et l’Amour se reflète dans l’amour. (p. 17)
Assurément, Christ Jésus pardonnait les torts et il s’attendait à ce que ses disciples en fassent autant. Inspirée par cette pensée et d’autres idées sur le pardon, j’ai assisté à cette fête et, depuis, j’ai noué de nouvelles amitiés avec quelques anciens camarades de classe.
Cette expérience m’a incitée à rejeter la douleur, la crainte et la méfiance et à exprimer davantage de compassion. Nous avons tous notre contribution à apporter à une compréhension plus haute de la Vérité et de l’Amour divins qui, seuls, peuvent résoudre les problèmes d’injustice sociale que nous connaissons encore, et éliminer les barrières raciales et autres qui nuisent, depuis des siècles, à cette nation que j’aime tant, comme à d’autres pays.
Le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis est le fruit d’une lutte que les Noirs mènent depuis plusieurs décennies pour mettre fin à la discrimination raciale institutionnalisée. Cette aspiration n’est pas encore pleinement réalisée. Cependant, chaque éveil spirituel individuel révèle l’irréalité, le néant, du sens matériel de l’existence, qui représente les hommes et les femmes d’ethnies et de cultures différentes comme étant séparés de leur Parent céleste et les uns des autres. Cet éveil nous rapproche toujours plus de la réalisation de cette promesse : « Un seul Dieu infini, le bien, unifie les hommes et les nations, constitue la fraternité des hommes… annihile… tout ce qui est injuste dans les codes sociaux… et ne laisse rien subsister qui puisse pécher, souffrir, être puni ou détruit. » (Science et Santé, p. 340)
Betty Jean O’Neal
Invitée de la rédaction
