Cela paraissait impossible. Les pagayeurs en eaux vives les plus expérimentés n’étaient pas parvenus à franchir les plus grands rapides de la course durant l’entraînement. Persuadés de ne pouvoir faire cette course, et se sentant contrariés et forts de leur bon droit, ils décidèrent d’aller voir les concepteurs du parcours pour leur demander de le modifier.
C’est alors qu’un jeune de la catégorie junior s’élança avec confiance et détermination et termina la course avec rapidité et précision, sans toucher une seule porte, y compris dans les rapides les plus difficiles du parcours. Soudain, ce qui paraissait improbable, et même impossible, était devenu possible ! Les pagayeurs d’élite en prirent de la graine et on s’attendit à de nouveaux exploits. Bien entendu, d’autres purent terminer la course avec des forces et une grâce renouvelées, ce qu’ils n’auraient jamais imaginé auparavant.
On loue les dépassements de toutes sortes. Les athlètes ne cessent de battre des records, chaque année on invente ou découvre de nouvelles choses, et l’on donne des conférences dans le monde entier pour expliquer les nouveaux moyens de résoudre les vieux problèmes. On met de côté son orgueil, ses craintes et ses doutes, ainsi qu’une fausse estimation de ses limites, en anticipant le grand bien possible.
Aujourd’hui, nous vivons une période où les progrès se font attendre dans de nombreux domaines de l’existence, tandis qu’une foule de problèmes se profilent à l’horizon et que nous nous demandons avec une inquiétude croissante si nous sommes équipés pour trouver de nouvelles solutions. Cependant, il est possible de renverser les pensées de crainte vis-à-vis de ce que l’on pourrait appeler le caractère « inévitable » du déclin et de la destruction, ainsi que des maladies qui se manifestent de manière subtile et silencieuse avant d’apparaître au grand jour d’un seul coup.
Les défis semblent énormes. Mais comprendre la nature illusoire du déclin, de la destruction et de la maladie, ainsi que la permanence et la continuité de Dieu en tant que Lumière ou Vérité, stimule la pensée et l’action, brise la résistance de la pensée limitée et oriente vers des voies harmonieuses, paisibles et productives. Contrairement à la pensée volontaire ou simplement positive, les solutions basées sur la vérité spirituelle sont durables.
Pour renverser la prétention agressive d’une impossibilité apparente, il faut partir d’une affirmation qui est plus forte que le problème : la Vérité divine et la loi d’harmonie sont la seule cause. La Vérité est Dieu, elle est éternelle, la seule substance et la seule intelligence.
La réformatrice Mary Baker Eddy, qui a découvert la Science du christianisme, explique que Christ Jésus comprenait que la Vérité a le pouvoir de vaincre tout ce qui n’est pas harmonieux, et c’est ce qui lui permettait d’affirmer sa domination sur les discordances de toutes sortes. Elle écrit dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures : « Seul, le pouvoir de la Vérité peut empêcher la crainte de l’erreur et prouver la domination de l’homme sur l’erreur. » (p. 380)
Le pouvoir de Dieu est omnipotent. Explorons un peu cette idée. Dieu est bon, Il est tout amour. Dieu ne varie pas, il ne prend pas le caractère d’un mortel, qui est parfois en colère, fauteur de troubles ou changeant. Dieu est le premier et le seul Principe, l’origine de toute vie, de toute vérité et de toute intelligence. L’homme (au sens générique) est créé à l’image de Dieu, c’est pourquoi il reflète le pouvoir de Dieu. Ce pouvoir est la Vérité spirituelle, qui agit comme un altérant, neutralisant le poison du chaos et de la dégradation par le baume de la paix et de la force divines. Comme Dieu est le seul bien et la seule source de vie de tous, et que nous sommes faits à Son image, nous pouvons revendiquer notre domination sur toute discordance.
Le pouvoir de la Vérité agit comme la lumière, dissipant les ténèbres des limites et de la destruction, et révélant ce qui est réel, substantiel et durable. Science et Santé explique : « Fixez fermement votre pensée sur ce qui est permanent, bon et vrai, et vous le ferez entrer dans votre existence dans la mesure où cela occupera vos pensées. » (p. 261)
Insister mentalement sur la réalité de l’harmonie, c’est une position ferme devant laquelle la condition humaine cède, laissant le chaos apparent se dissoudre comme un rêve. On peut appliquer cette idée à toute menace qui suggère que le mal ou l’erreur risque de se transformer en véritable catastrophe. Ces suggestions se nourrissent de la peur qui prétend consumer ceux qui l’acceptent.
Comment surmonter la peur ? Certainement pas en y réagissant ou en se laissant gouverner par elle, lui donnant ainsi du pouvoir et la faisant paraître plus réelle et plus redoutable encore. Pour briser la peur des forces apparemment incontrôlables, il faut revenir à notre base : la Vérité divine est le seul pouvoir. En comprenant ce fait, nous pouvons revendiquer avec confiance et détermination la domination que Dieu nous a donnée sur toute chose.
Dans la mesure où nous comprenons l’omnipotence de Dieu, nous prenons confiance dans le bien. Nous reconnaissons plus facilement que le bien est possible. Regardant en face ce qui voudrait prétendre être chaos, perturbation ou détérioration, nous perçons à jour son bluff et ses fanfaronnades, et découvrons la vérité de la création de Dieu. Les créatures de Dieu incluent la paix, la santé et la bonté. Ces qualités sont soutenues par Dieu, elles donnent la vie et affirment la vie. C’est la base de référence de tout ce qui est réel.
Comment cela explique-t-il l’emballement des politiques explosives, des incendies incontrôlables et des contagions dévastatrices ? De même qu’on corrige une erreur en mathématiques en appliquant la règle appropriée, ces croyances qui s’emballent et effraient doivent être corrigées par la vérité. La peur n’est cause de rien. Il n’y a qu’une seule cause, qu’un seul pouvoir : Dieu, le bien. On renverse la peur d’une destruction incontrôlable en laissant la douce petite voix de Dieu – c’est-à-dire une vérité toute simple mais puissante – remplir notre conscience jusqu’à ce que nous voyions la situation humaine se conformer aux faits divins. Quelle que soit la situation humaine, « aucune puissance ne peut résister à l’Amour divin » (Science et Santé, p. 224).
Je l’ai vérifié alors que je travaillais dans un établissement scolaire et qu’une dispute a éclaté. Elle a vite dégénéré en une énorme bagarre impliquant de nombreux élèves. Les enseignants ont reçu la consigne de retenir les autres élèves dans leur classe. Dans la classe où j’étais assistante, je voyais toute cette agitation à l’extérieur, les médias et la police arrivant précipitamment, les uns pour rapporter l’information, les autres pour rétablir l’ordre. Je n’ai pas cédé à la peur devant cette violence croissante, mais j’ai gardé fermement à l’esprit le fait que le gouvernement harmonieux de Dieu était présent à la place même où le chaos était en train de se dérouler. Tout s’est rapidement apaisé. Si rapidement en fait, que cela en était même surprenant. C’était l’œuvre de l’Amour divin. La paix a brisé la peur et le calme est revenu.
Ce petit incident révèle à lui seul un principe qui peut être démontré malgré la peur et en toutes circonstances. Nous annulons l’influence du mal et de tout ce qui voudrait détruire ce qui est juste et qui affirme la vie en « fix[ant] fermement [n]otre pensée sur ce qui est permanent, bon et vrai ». L’harmonie, non le chaos, est notre base de référence pour tout ce qui est réel. En insistant mentalement sur ce fait, nous parvenons à l’harmonie et à la plénitude. Reconnaître que le bien est possible en rend la manifestation possible dans notre existence. C’est là un véritable progrès. C’est pour nous un réveil qui nous fait comprendre que nous pouvons aller de l’avant avec de nouvelles solutions étonnantes à notre portée et plus de force et de grâce que nous n’aurions jamais cru possible.