Ma sœur et moi ne nous entendions pas. Elle était désordonnée, et j’étais méticuleuse. Nous ne partagions pas les mêmes centres d’intérêt, et nous ne nous ressemblions pas. Il semblait que tout ce que nous étions capables de faire était de nous opposer, verbalement et physiquement.
Un jour, alors que j’étais allée chercher une jupe que je voulais porter, j’ai trouvé cette jupe au milieu d’un tas de linge froissé, sur le sol de mon placard. Ma sœur l’avait jetée là après l’avoir portée. Elle ne m’avait même pas demandé si elle pouvait la mettre et, une fois portée, elle n’avait même pas pris la peine de la suspendre. Pour moi, la maniaque, c’était pire qu’une insulte.
Furieuse, j’ai attrapé la jupe et je me suis dirigée vers la planche à repasser au sous-sol. Des larmes de frustration et de colère jaillissaient en moi. Je n’aimais pas ma sœur, mais, ce qui est pire, j’éprouvais alors un sentiment inconnu : je réalisais que je ne m’aimais pas non plus, ni ma façon de penser.
En tant qu’élève de l’école du dimanche de la Science Chrétienne, j’avais appris l’importance des enseignements de Jésus, notamment du pardon et de l’exigence d’aimer. Mais Jésus a fait plus que simplement dire à ses disciples qu’ils devaient aimer et pardonner. Il leur a montré pourquoi et comment ils pouvaient le faire : chacun de nous est l’enfant de Dieu, l’Amour divin, donc la capacité d’aimer est incluse dans ce que nous sommes.
Je ne me sentais assurément pas très aimante à ce moment-là. Je jugeais que ma colère et les pensées négatives au sujet de ma sœur, qui tourbillonnaient dans ma tête, étaient parfaitement justifiées. Et pourtant, alors que je me tenais là, seule dans le sous-sol, quelque chose a changé en moi. Un sentiment merveilleusement paisible m’a étreinte. En y repensant, je sais que mes prières ont été exaucées à ce moment-là, parce que sous la colère et la frustration, il y avait le désir réel d’aimer ma sœur, et de vivre comme l’enfant de l’Amour, car je savais que Dieu m’avait créée pour le manifester.
Les sentiments horribles ont disparu. J’ai clairement reconnu que je pouvais être la personne aimante et miséricordieuse que je souhaitais être, parce que c’était l’identité que Dieu m’avait donnée. La façon dont ma sœur agissait ne pouvait pas changer le fait que je reflétais l’Amour. C’était tellement libérateur !
A partir de ce moment, ma relation avec ma sœur a été différente. J’ai ressenti un amour sincère pour elle, et un doux sens de ma propre pureté et de ma propre douceur ont rempli mon cœur. Nous n’avons plus eu aucune autre dispute, et nous sommes même devenues de très bonnes amies.
Que s’est-il passé ? J’ai appris, ce jour-là, dans le sous-sol, que mon bonheur, ma paix et ma capacité d’aimer ne dépendaient pas de la façon dont agissaient les autres. Cela ne signifie pas que les mauvais comportements des autres sont acceptables, ou que nous devrions simplement les supporter. Mais j’ai découvert que tout le bien qui nous constitue dépend de Dieu seul et que, lorsque nous reconnaissons cela, nous devenons joyeux et satisfaits, quelles que soient les circonstances. J’ai découvert que l’amour est un don de Dieu. Il est nôtre et ne peut jamais nous être enlevé. L’expression de l’Amour est ce que nous sommes et ce que nous serons toujours.
Ce tournant dans ma relation avec ma sœur a été déterminant. Mais encore plus déterminant a été le fondement que cette expérience a posé pour ma vie tout entière. J’en suis venue à voir que la colère, le sentiment d’être offensé et l’apitoiement sur soi ne portent pas en eux les fruits qu’ils semblent promettre. En fait, tout ce qu’ils font est d’obscurcir l’identité spirituelle, aimée et aimante, qui est nôtre en tant qu’enfants de Dieu. Par contraste, se tourner vers Dieu et L’écouter dans les moments les plus difficiles nous permet de voir le bien en chacun, plus rapidement et plus complètement. Et cela, à son tour, ouvre la porte au pouvoir de l’Amour, qui nous rétablit et harmonise nos relations.
