Il n’est pas toujours facile d’accepter de bon cœur les changements intervenant dans notre vie, ni de nous séparer de certaines choses auxquelles nous tenons, quand elles nous rappellent des souvenirs précieux. Il est parfois même encore plus difficile de croire en un avenir prometteur, si nous pensons avoir vécu nos meilleures années. J’ai connu moi-même ces moments de résistance au changement. Mais j’ai fini par comprendre que les changements mêmes auquel nous résistons nous offrent souvent de nouvelles occasions de faire du bien et d’en recevoir.
Pendant des années, nous avons eu la chance de passer la plupart de nos week-ends dans notre maison au bord d’un lac. Là, nous profitions de la nature, menions des activités en famille, et partagions de bons moments avec des amis. Nous avons tellement de merveilleux souvenirs de nos séjours là-bas. Et puis lorsque les enfants et petits-enfants ont grandi et volé de leurs propres ailes, nous ne sommes plus retournés dans la région aussi souvent. Durant sept ans, mon mari et moi avons évoqué de temps en temps la possibilité de vendre cette maison de vacances, mais une résistance nous empêchait toujours d’entreprendre la moindre action en ce sens.
Je n’avais pas l’habitude de m’opposer aux changements. Scientiste chrétienne depuis toujours, j’avais appris à faire confiance à Dieu de manière implicite, avec fidélité, et à me tourner systématiquement vers Lui, en priant pour être guidée dans ma vie, sachant que Dieu est bon. Dans la Bible, le livre de Jérémie renferme cette assurance : « Je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance. » (29:11) Il n’est pas question de perte dans cette promesse biblique, puisque le dessein de Dieu pour chacun de nous est toujours bon, et meilleur même que tout ce que nous pourrions envisager. Dieu reconnaît en nous Ses enfants, Il nous protège, aussi est-il naturel de laisser le bien divin se dérouler dans notre existence, au lieu de nous accrocher à des objets et à des idées que nos progrès ont rendus caducs.
Un matin, tandis que je priais, cet énoncé de Mary Baker Eddy a attiré mon attention : « Nous ne possédons ni le passé ni l’avenir, nous ne possédons que le maintenant… La foi en l’Amour divin fournit le secours toujours présent et le maintenant, et donne le pouvoir d’ « agir dans le présent vivant ». (La Première Eglise du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 12) J’ai alors pris conscience du fait que mon mari et moi avions évité de nous détacher du passé. Je savais que c’était là une entrave, une obstruction au déroulement naturel du bien. M’en étant rendu compte, il était à présent facile de prier avec un cœur réceptif : « Père… que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. » (Luc 22:42)
Après avoir prié ainsi environ une heure, j’ai soudain compris la raison de cette résistance en moi : c’était la crainte ! La crainte de perdre quelque chose de vraiment bon dans notre existence. La crainte de l’avenir et de l’inconnu. Vendre la maison était un acte irréversible qui signifiait symboliquement que la vie telle que nous l’avions connue était terminée. Il peut sembler évident que c’était la crainte qui me barrait la route, mais jusque-là, je n’avais pas compris que l’attachement pouvait être autre chose que de la nostalgie.
Nous avons tendance à nous accrocher à ce qui est ancien et dépassé, par exemple à des objets chargés de souvenirs, car ils représentent un attachement affectif à des personnes, des lieux ou des situations que nous avons aimés, mais qui ne sont plus présents dans notre vie de la même façon. C’est là qu’un changement de point de vue est des plus utiles. Mon étude de la Science Chrétienne m’a appris que le bien dont nous profitons ne se limite pas, ou n’est pas circonscrit, à des objets, des lieux, ou des personnes ; en fait, tout ce que nous vivons de merveilleux renvoie à la source infinie de tout bien, Dieu, et à Ses largesses inépuisables à notre égard.
Alors que penser de ces moments de crainte et de ceux qui nous donnent le sentiment d’être privés de ce que Dieu nous donne ? Même en pareils cas, le Christ, « le message divin de Dieu aux hommes, parlant à la conscience humaine » (Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 332), est toujours là pour nous rassurer, pour nous dire que nous sommes bénis, protégés, et que nous pouvons confier notre avenir à Dieu. En l’occurrence, c’est le Christ qui a éveillé ma conscience et m’a montré ce qui faisait obstacle au progrès pour notre famille, et ce tendre message divin m’a également donné l’assurance que les bienfaits de Dieu ne s’interrompent jamais.
Lorsque, grâce à la prière, j’ai pu considérer la situation sous cet éclairage spirituel, je n’ai plus eu peur, et j’ai compris que nous n’avions nul besoin de nous accrocher à cette maison au bord du lac. J’ai acquis une confiance nouvelle dans le fait que le bien est spirituel et éternel, et que les souvenirs des bons moments de notre existence seraient toujours avec nous ! Me sentant soulagée et tout à fait en paix, j’ai lâché prise, certaine que Dieu m’inspirerait les bonnes décisions à prendre par la suite.
Un peu plus tard, dans l’après-midi, de façon tout à fait inattendue, une de mes amies, qui est agent immobilier, nous a appelés pour savoir si notre maison au bord du lac était à vendre, car elle avait un acheteur potentiel. J’ai aussitôt vu que c’était la réponse parfaite à nos prières, et mon mari a été d’accord. J’ai donc répondu par l’affirmative à mon amie, et je lui ai proposé de nous apporter un contrat de vente, ce qu’elle a fait. En deux semaines la vente était conclue. Nous n’avons même pas eu à mettre la maison en vente. L’acheteuse, qui vivait dans une autre partie du pays, cherchait une maison dans notre région pour son frère. Il y avait plusieurs maisons à vendre, mais quand elle a vu la nôtre, elle a constaté qu’elle avait tout ce que son frère aimerait.
Je n’ai pas pensé à une simple coïncidence. Le désir et la bonne volonté d’entendre les directives de Dieu et de les suivre nous ont réunis pour une transaction rapide et harmonieuse. Cela a été une grande joie que de voir comment tout le monde a été béni.
Après que notre amie nous avait appelés la première fois pour savoir si nous souhaitions vendre notre maison, je m’étais dit qu’il y aurait beaucoup à faire pour nous débarrasser de tous les meubles et autres objets accumulés depuis des dizaines d’années. Mais la compréhension de l’amour et de la protection de Dieu qui nous incitait à aller de l’avant et à ne pas craindre de vendre la maison m’a également permis de m’attendre à de nouveaux bienfaits. Le prophète Jérémie déclare : « Je prendrai plaisir à leur faire du bien. » (32:41) Un peu plus tard, ce même jour, notre amie a rappelé car elle connaissait une personne intéressée par l’achat d’une partie de notre mobilier. La personne voulait meubler trois petites maisons que son mari et elle louaient gratuitement à des gens prêts à prendre un nouveau départ dans la vie, après avoir connu la prison ou s’être libérés d’une relation violente. En partant, ces personnes pouvaient emporter tous les articles ménagers avec eux.
Il était évident que Dieu nous offrait, à mon mari et moi, une magnifique occasion non seulement d’aller de l’avant dans notre vie, mais aussi d’aider ces personnes à aborder un avenir meilleur – preuve supplémentaire que le fait d’obéir aux directives divines ouvre la voie à de nouvelles possibilités de faire du bien et d’en recevoir. Jésus dit : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Matthieu 10:8) C’est ce que nous avons fait avec joie. Nous avons donné les autres meubles et les objets qui restaient dans la maison.
Nous avons connu un autre grand changement à la même époque. Au cours des mois suivants, nous avons vendu notre résidence principale, que nous habitions depuis vingt ans, pour emménager dans une ville éloignée. Au début, j’ai résisté à l’idée de partir si loin de mes amis, de mon église et des endroits qui m’étaient familiers. Mais nous avons vite compris que ce renouvellement de notre vie prouvait que la bonté de Dieu était permanente et qu’elle s’ajustait parfaitement à nos besoins actuels.
Pourquoi s’accrocher à des choses et à des lieux qui ne nous sont plus adaptés ? Faisons plutôt confiance à Dieu à chaque instant, à chaque étape de notre vie. Nous trouvons dans Malachie cette promesse de Dieu : « Vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. » (3:10) Cette promesse nous assure que d’innombrables occasions de faire du bien et d’en recevoir attendent chacun de nous.