Face à un paysage politique divisé, je repense souvent à une expérience qui m’a fait comprendre ce qu’est le vrai leadership et comment il peut aplanir les divisions partout où elles apparaissent dans notre vie. J’ai vu la prière triompher des controverses soulevées lors des délibérations d’un jury, et cela a renforcé ma conviction que se tourner vers Dieu pour résoudre des conflits en apparence insolubles, est à la fois pratique et susceptible de s’appliquer à toutes les situations, que ce soit à petite comme à grande échelle.
Il y a environ dix ans, j’ai fait partie d’un jury qui statuait sur un cas de conduite en état d’ivresse. Durant une semaine d’audience, nous avons entendu les dépositions du prévenu et de sa petite amie, ainsi que ceux d’un certain nombre d’agents de police et de témoins experts. Nous nous sommes ensuite rendus dans la salle des jurés pour délibérer sur l’affaire.
Après que j’ai été élue présidente du jury, nous avons fait un tour de table pour connaître le point de vue de chacun. Nous étions à peu près partagés entre ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre une condamnation. Nous avons décidé d’exprimer et d’expliquer chacun à notre tour notre opinion personnelle. J’ai pensé utile d’exprimer mon opinion de façon claire et nette et j’ai donc déclaré avec force ce qui, selon moi, devait être le verdict final dans cette affaire.
Rétrospectivement, je me rends compte que cela traduisait une conception erronée du leadership, car au moment où j’ai défini ma position, j’ai vu que les autres jurés durcissaient leurs propres opinions. En effet, tandis que nous poursuivions ce tour de table, certains jurés ont défendu leur point de vue avec vigueur et insistance. La journée s’éternisait, la tension montait, à mesure que le climat émotionnel s’alourdissait et que les opinions s’affrontaient. A un moment, un homme a même soulevé sa chaise pour en frapper le sol à plusieurs reprises, menaçant de la lancer à travers la salle. En rentrant chez moi, ce soir-là, j’étais très découragée. J’ai alors cherché à être guidée par Dieu.
La compréhension de la nature de Dieu que je dois à la Science Chrétienne m’a été très utile dans cette situation. Dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy permet au lecteur d’élargir son concept de la Divinité en lui présentant sept synonymes de Dieu, dont l’un est l’Entendement. Elle explique que les attributs de l’Entendement sont notamment la sagesse, le discernement et l’intelligence, et que Dieu ayant créé l’homme à Son et image et à Sa ressemblance, nous reflétons tous les qualités infinies de cet Entendement. J’ai prié en sachant que tous les membres du jury, y compris moi-même, reflétaient ces qualités divines, et que l’Entendement, et lui seul, guidaient nos pensées et notre réflexion.
La vie et les œuvres de Christ Jésus révèlent que, en fait, l’Entendement divin est le seul Entendement véritable, et que l’esprit humain doit céder à cette réalité. Deux des déclarations bien connues de Jésus, rapportées dans la Bible, montrent clairement que nous ne pouvons jamais être séparés de Dieu. Jésus dit : « Moi et le Père nous sommes un », et : « Je ne puis rien faire de moi-même : selon que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » (Jean 10:30 et 5:30)
J’ai pensé à l’exemple de Mary Baker Eddy, qui s’est efforcée de marcher dans les pas de Jésus. En une certaine circonstance, alors qu’elle faisait face à une procédure judiciaire difficile, elle s’est tournée vers Dieu comme à son habitude, en pensant avec confiance que l’Entendement divin imposerait un résultat juste. Elle a écrit ceci à l’un de ses élèves : « Il n’y a qu’un seul Dieu, qu’un seul Entendement infini, il n’y a de loi que la divine, et cette loi gouverne et règne en cette heure. Sachons-le et réjouissons-nous – sachons que celui qui juge la terre entière fera ce qui est juste. » (Irving. C. Tomlinson, Twelve years with Mary Baker Eddy [Douze ans avec Mary Baker Eddy], p. 210) Etudiante de la Bible, nul doute qu’elle a trouvé réconfort et apaisement dans ce passage biblique : « Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? » (Genèse 18:25)
Cette nuit-là, j’ai prié pour avoir l’humilité de ne plus chercher à influencer les pensées ou l’opinion des jurés, mais de faire confiance à Dieu pour guider l’ensemble du jury dans la bonne direction, conformément à Sa sagesse. J’ai pris à cœur cette instruction donnée dans Science et Santé : « Dans un monde de péché et de sensualité marchant rapidement vers un plus grand développement de pouvoir, il est sage de considérer sérieusement si c’est l’entendement humain ou l’Entendement divin qui nous influence. » (p. 82)
Je suis retournée dans la salle des délibérations le lendemain avec l’idée qu’il nous fallait repartir à zéro. J’ai expliqué aux autres jurés que chacun devait laisser parler les faits au lieu d’essayer de persuader les autres d’adopter son point de vue. J’ai senti la tension redescendre peu à peu, et nous avons passé soigneusement au crible les dépositions, en demandant au greffier de nous lire presque toute la transcription des audiences. Nous avons tous écouté avec attention le verbatim des dépositions. Une semaine plus tard, nous avions revu presque tout le procès. J’ai senti que l’opinion du jury s’orientait dans une tout autre direction. Nous sommes finalement parvenus à une décision unanime, décision qui nous satisfaisait tous.
Réexaminer toutes les dépositions n’a pas été une partie de plaisir, mais j’ai senti que nous étions tous guidés par l’Entendement divin, le seul Entendement. Le fait d’écouter avec une pensée plus réceptive a clairement révélé une certaine logique propre à ces dépositions, qui n’avait pas été évidente auparavant. De plus, j’ai vu que lorsque nous nous en remettons à l’Entendement, la Vérité divine, pour nous guider, notre conception de ce qu’est humainement la justice se modèle plus étroitement sur la divine (voir Science et Santé, p. 542). Quand nous cédons à cette inspiration divine plus élevée, les voies de la justice et de la miséricorde apparaissent. Ces deux qualités étaient présentes dans les remarques finales du juge.
J’ai tiré de cette expérience une leçon importante concernant le vrai leadership : il ne s’agit pas de chercher à tout prix à imposer ses propres idées aux autres, mais d’avoir l’humilité d’être un transparent pour le dessein de Dieu dans une situation donnée. Le désir de faire la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit, ouvre la voie à des bienfaits qui profitent à toutes les personnes concernées et engendrent des résultats empreints d’une justice et d’une miséricorde véritables. Voilà ce qu’est le vrai leadership !
