Dans les toutes premières années du XXe siècle, le New York World, un quotidien américain de plus de trois cent mille lecteurs, publiait un article de Mary Baker Eddy intitulé « Noël selon la Science Chrétienne ».
Cet article continue d’inspirer le lecteur au XXIe siècle. Mais ce n’est pas seulement parce qu’il nous fait réfléchir sur la frivolité et le matérialisme de l’époque qui semblent donner le ton à la fête de Noël. Plus important encore, l’article apporte à Noël une nouvelle dimension au moment même où, dans l’histoire humaine, beaucoup veulent redécouvrir des fondements spirituels, et où le monde a grand besoin de comprendre que l’exemple de Jésus trace davantage la voie du futur qu’il constitue un événement marquant du passé.
Et si Noël était bien plus qu’un échange de cadeaux, qu’un jour ou deux de bonheur familial, que quelques cartes et chants de Noël, avant de replonger dans un monde en proie à ses luttes mortelles, ses maux et ses terribles nouvelles ? Et s’il s’agissait même d’autre chose qu’un bébé devenu plus tard le Jésus du Nouveau-Testament, cet homme d’un amour et d’une mansuétude extraordinaires dont la Bible dit qu’il guérissait les malades et sauvait les hommes du péché ?
Au vu de ses écrits sur Noël, il est évident que Mary Baker Eddy désirait ardemment que nous comprenions que cet événement représente, en réalité, plus que cela. Elle explique qu’en cette lointaine nuit de Noël, le monde allait en réalité connaître l’apparition à la conscience humaine d’une toute nouvelle compréhension de la vie et de son but. Elle écrit que c’était « la naissance de la Vérité, l’aube de l’Amour divin éclatant sur les ténèbres de la matière et du mal, avec la gloire de l’être infini » (La Première Eglise du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 262).
Dès la première phrase de son article pour le World, Mary Baker Eddy emploie le terme « infini ». Elle écrit que la célébration de Noël dans sa vraie signification tend à « donner une portée infinie à l’activité de l’homme » (« La signification de Noël », Miscellanées, p. 259). En d’autres termes, le fait de discerner le vrai esprit de Noël et de le vivre un tant soit peu dans sa vaste signification, nous ouvre progressivement à une vision étonnamment nouvelle de nous-mêmes et à la portée de ce récit biblique qui nous est si familier. Au lieu d’être des mortels assaillis par les dangers et les limites de l’existence matérielle, nous commençons à voir que le bien est une réalité beaucoup plus importante que nous le supposions, et que toutes les bonnes choses que nous désirons ont leur origine en Dieu. Nous découvrons que nous participons à ce bien infini gouverné par le Principe divin, Dieu, qui n’est qu’Amour.
L’esprit humain a tendance à se moquer de tout cela, à n’y voir que des mots vides de sens, sans portée pratique et indémontrables. Tant qu’elle s’en tient à sa vision à courte vue, cette prétendue intelligence passe à côté du point le plus important, alors qu’elle tente d’utiliser la Science Chrétienne pour surmonter ses tribulations tout en cherchant à s’améliorer dans le cadre limité qu’elle s’impose avec insistance. L’esprit humain se plaît à imaginer que le Christ, la Vérité divine, tente d’agir à l’intérieur de ce cadre et de sortir de ce qu’il considère comme la réalité incontestable de la vie et de l’existence matérielles. Pourtant le message fondamental de la révélation de la Science divine est tout le contraire. Nous devons en effet apprendre à connaître le nouveau royaume de Dieu, un univers entièrement spirituel – l’infini même – comme étant la réalité de la création infiniment bonne de Dieu. Lorsque nous entrevoyons véritablement cette création spirituelle, nous vivons Noël non plus comme l’histoire d’une naissance merveilleuse dans une crèche, il y a des siècles, mais comme la naissance du Christ dans notre vie aujourd’hui même.
La plupart d’entre nous ne saisissent pas immédiatement tout ce qu’implique le bien infini d’un Dieu infini qui est Vie, Vérité, Amour, Ame, Esprit et Entendement. Nous lisons des choses à ce sujet, nous en écrivons même, mais c’est grâce à notre expérience spirituelle, naturelle et continuelle des faits spirituels, avec les guérisons physiques et morales qui s’ensuivent, que nous apprenons à connaître ce qui est immuable et ne peut jamais s’effacer. Selon la promesse énoncée dans la première phrase de la Préface du livre d’étude de la Science Chrétienne, ceux « qui s’appuient sur l’infini, soutien constant », découvrent qu’aujourd’hui est « riche en bienfaits » (Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. vii).
Dans l’infini de l’être qu’est la création de Dieu, rien n’est laissé de côté, nul bien n’est laissé sans suite ou inachevé. Il n’y a en réalité rien en dehors de cet infini pour s’opposer, renverser ou résister. Ayant écrit : « Dieu donnant tout et l’homme ayant tout ce que Dieu donne » (Miscellanées, p. 5), il n’est pas étonnant que Mary Baker Eddy ait su qu’elle avait découvert un infini qui « soutient ». Mais il nous faut sans doute réfléchir davantage à ce que signifie « s’appuyer » sur cet infini. Est-ce que cela ne nécessite pas de déplacer son centre de gravité au lieu de juste le toucher gentiment avant de revenir à la même position ?
Mais comment s’appuyer sur ce qui est spirituel et que l’on considère généralement comme n’étant ni substantiel ni pratique ? La vraie question est peut-être : comment « ne pas » vouloir dépendre de l’Amour divin quand on commence à comprendre qu’il est partout, qu’il est infini et qu’on est inclus en lui ?
La Bible souligne la nécessité de ne plus faire confiance à sa propre perception des choses ou à la perception générale pour évaluer correctement ce qui est probable ou possible. Ainsi lit-on dans les Proverbes : « Confie-toi en l’Eternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta sagesse ; reconnais-le dans toutes voies, et il aplanira tes sentiers. » (3:5, 6)
Un ami scientiste chrétien a récemment décrit une expérience qu’il avait eue à son travail en ces termes : durant deux jours, il avait eu bien du mal à supporter une certaine situation. Il avait le sentiment de subir les attaques de certains collègues et même de sa propre famille. Mais il a continué de faire confiance à Dieu et d’aller de l’avant. Il devait diriger deux réunions, en ayant très peu de temps pour les préparer. Ces réunions ont suscité beaucoup d’enthousiasme malgré la froideur personnelle et le scepticisme qu’il avait ressentis auparavant. C’était comme « pénétrer dans une réalité entièrement différente », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Je pourrais décrire mon expérience de la Science du Christ en disant que c’était plus vrai que ce qui avait semblé la veille dur comme le roc. C’est le propulseur de “c’est possible”, et le coup d’arrêt à “c’est impossible”. C’est ce qu’au fond de nous–mêmes nous reconnaissons comme étant la vérité de toutes choses. »
Très souvent nous avons tendance à penser aux obstacles que la Science Chrétienne doit surmonter afin de guérir. Ce sont peut-être nos pensées peu inspirées ou la gravité et les complications d’un état physique ou d’une situation qui semblent avoir le pouvoir de faire obstacle aux progrès. C’est à ce moment-là que nous avons besoin de cet extraordinaire message de Noël, de ce qu’on peut appeler le véritable esprit de Noël, qui nous fait prendre conscience d’être à l’aube d’un Amour infini – une réalité nouvelle, scientifique, qui change tous les points de repères et nous apporte la guérison et la joie de façon irrésistible.
