Il y a plusieurs années, un ami scientiste chrétien m’a demandé si j’aimerais réciter sur scène l’Evangile selon Jean. C’est ainsi que, pendant de nombreuses années, j’ai eu le grand privilège de dire l’Evangile sur de nombreuses scènes différentes. Pour ceux qui n’ont jamais assisté à ce genre de spectacle, il consiste en une personne qui récite l’Evangile, en prenant le rôle de l’évangéliste.
Lorsque j’ai été élu au poste de Premier Lecteur dans mon église, j’ai trouvé tout naturel d’y apporter ce que j’avais appris quand je m’efforçais de faire ressortir la signification de l’Evangile. Il y avait plusieurs éléments essentiels que je désirais apporter à la lecture. Parmi ceux-ci en voici quatre.
Dans l’Evangile de Jean, je devais interpréter tous les personnages, y compris Jésus de Nazareth. Une lecture approfondie de l’Evangile montre que Christ Jésus avait beaucoup à dire pour sa défense ou pour aider les autres à comprendre qui il était et comment il agissait. En récitant le livre profondément métaphysique de Jean, j’avais déjà appris que j’avais un choix à faire pour exprimer les mots de Jésus. Soit je parlais en essayant de l’imiter soit je les disais comme s’ils étaient de moi. La première possibilité consistait à jouer un rôle, et comme je n’avais aucune expérience de la scène, je ne savais pas du tout comment m’y prendre. De plus, il n’était pas question de jouer un rôle pendant les services de la Science Chrétienne. La deuxième option – lire les mots comme s’ils étaient de moi – était donc la seule qui me restait.
A nos services, c’est le pasteur qui parle. La Bible et Science et Santé avec la Clef des Ecritures sont les porteurs du message. Or, j’ai appris que ce pasteur ne peut faire son travail si nous pensons que nous répétons des mots et des pensées qui viennent d’une autre personne. Croire qu’on reprend les mots de quelqu’un d’autre nie l’unité de Dieu et de l’homme, fait intervenir un sens personnel de la lecture et, sans qu’on s’en rende compte, aboutit à un résultat allant dans le sens opposé de ce que tout Lecteur s’efforce d’accomplir. Il peut sembler présomptueux de lire comme si les mots étaient les nôtres, toutefois se les approprier signifie dire les mots comme s’ils nous venaient spontanément en cet instant précis (et c’est ce qu’ils font), tout comme ils sont venus à ceux qui en sont à l’origine. Afin de rendre justice au message, un Lecteur doit convenir que les mots qu’il lit proviennent de la même source de vérité qui les a d’abord donnés aux personnes qui les ont dits ou écrits.
Lorsqu’un Lecteur accepte le fait qu’il peut lire avec compréhension le message spirituel du texte, comme si les idées et les mots étaient les siens, la qualité de la lecture en est transformée.
En tant que chrétiens, nous reconnaissons la nature et la place hors du commun qu’occupe Christ Jésus comme la plus haute expression du Christ que l’humanité pouvait percevoir. Nous reconnaissons sa position unique dans la coïncidence de l’humain et du divin comme le guide et le « fondateur de notre foi ».
En tant que scientistes chrétiens, nous reconnaissons également la place unique de Mary Baker Eddy comme Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, de son Eglise et de son mouvement. Notre gratitude pour le maître chrétien et pour l’auteur de Science et Santé augmente notre capacité de lire avec compréhension.
Cependant, il y a un fait spirituel qui sous-tend la lecture dans nos églises : Dieu est l’Entendement qui sait tout, et notre vraie identité exprime cet Entendement. Toute existence est divinement mentale, comprise en Dieu, l’Entendement. L’être de l’homme et sa faculté de comprendre sont des reflets de cet Entendement. Ce que nous voyons sous forme de livres, textes et langages ont des contreparties spirituelles, des idées, et nous ne pourrions même pas percevoir ces objets humains à moins qu’ils n’aient auparavant existé dans notre conscience en tant qu’idées spirituelles, placées là par l’Entendement. Ces idées spirituelles sont la compréhension spirituelle inhérente à l’homme – à chaque individu, et non pas seulement à quelques-uns. Dans le domaine de l’Esprit, chaque idée est l’expression complète de l’Esprit. Il est donc naturel à chaque individu de posséder la sagesse du Christ, la compréhension spirituelle et la faculté de les exprimer pleinement.
Lorsqu’un Lecteur accepte le fait qu’il peut lire avec compréhension le message spirituel du texte, comme si les idées et les mots étaient les siens, la qualité de la lecture en est transformée. Le Lecteur laisse alors transparaître la Vérité.
La deuxième chose que j’ai apprise en récitant l’Evangile est résumée à la page 284 de Science et Santé. Mary Baker Eddy écrit : « L’intercommunication se fait toujours de Dieu à Son idée, l’homme. » Le mot « toujours » est pris dans son sens absolu. Autrement dit, si l’intercommunication est toujours de Dieu à Son idée, il s’ensuit qu’il n’y a jamais de communication d’une idée à une autre. Ce que Mary Baker Eddy nomme entendement mortel inverse ce fait et nous donne l’impression que pendant un service, une ou deux personnes communiquent la vérité à d’autres personnes – que la vérité est filtrée à travers un individu afin d’en toucher un autre. Le fait spirituel est que cela n’arrive jamais.
Tant qu’un Lecteur croit que son travail est de communiquer la Vérité à d’autres personnes, il introduit dans le service le magnétisme animal prétendant qu’il y a de nombreux entendements mortels et que la matière est intelligente.
Cela peut paraître étonnant, mais c’est ainsi. On peut raisonnablement dire que le travail principal d’un Lecteur est de surmonter le magnétisme animal insinuant qu’une idée doit communiquer la vérité à une autre idée. On pourrait dire que si le Lecteur surmonte cette prétention à l’intercommunication personnelle, alors chaque auditeur se trouvera libre d’écouter la Parole en en percevant la signification et la puissance. La communication de l’Entendement à l’homme se fait à chaque service, et notre travail consiste à garder notre pensée non contaminée par la croyance en une intervention personnelle. Lorsque nous avons conscience de la communication divine infinie, les services guérissent.
J’ai appris une troisième chose en récitant l’Evangile : une partie essentielle du travail du Lecteur consiste à « renouveler la pensée ». On y parvient quand on a profondément l’intention de communiquer. A première vue, cela semble contredire les deux premiers points mentionnés, mais il n’en est rien. Avoir profondément l’intention de communiquer équivaut à désirer laisser de côté le moment présent, à n’y apporter aucun passé humain, sauf quand il s’agit de prêter une voix aux pensées.
Pour renouveler la pensée, en raison surtout de la réutilisation fréquente des passages de la Leçon-Sermon (ou, dans mon cas, d’un spectacle répété à maintes reprises), le Lecteur doit voir qu’un passage est lu à chaque fois avec une compréhension spirituelle nouvelle, grâce aux progrès accomplis depuis la lecture précédente, en insistant sur le fait qu’il n’est jamais lié à une prise de conscience matérielle du temps. La lecture de chaque passage est toujours spontanée et renouvelée.
Les personnes de l’assistance arrivent au service dans de nombreux états d’esprit différents. Tantôt elles sont préoccupées par des difficultés. Tantôt, elles ont d’autres centres d’intérêt qui retiennent leur attention. Des personnes viennent souvent au service en s’attendant à ce que la lecture confirme ce qu’elles ont déjà compris de la Science Chrétienne. Afin d’être efficace, un Lecteur doit prendre position en affirmant que personne ne quittera le service habité de la pensée dont il était habité en arrivant. La pensée de chacun doit être renouvelée, éclairée d’une nouvelle lumière, même minime. En fait, on peut presque dire que si quelqu’un part du service d’église avec la même pensée que celle qu’il avait à son arrivée, le Lecteur pourrait ne pas avoir fait son travail comme il le faudrait.
Un Lecteur ne devrait jamais sous-estimer l’effet d’une bonne lecture, qui renouvelle la pensée, semaine après semaine.
Il existe un corollaire à cela. Le Lecteur et l’assistance désirent que leurs services guérissent et ils s’y attendent. Toutefois, nous désirons souvent que cette guérison se manifeste clairement. Nous désirons que les assistants, entrés avec un problème visible, repartent visiblement guéris. L’histoire de notre mouvement montre effectivement que cela est arrivé bien des fois. Or, le plus souvent, la guérison a lieu sur une certaine période de temps, sans qu’elle soit même remarquée parfois par la personne guérie ou par d’autres membres. Quelquefois, c’est la pensée collective d’une église entière qui est guérie. Cette guérison est le résultat de la lecture et de services qui renouvellent la pensée de manière significative, même si c’est un peu à la fois. Alors que nous désirons des guérisons immédiates et visibles et que nous nous y attendons, un Lecteur ne devrait jamais sous-estimer l’effet d’une bonne lecture, qui renouvelle la pensée, semaine après semaine.
La quatrième chose que j’ai apprise en récitant l’Evangile de Jean se trouve dans la déclaration de Jésus, en raison de son effet sur le public : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15:13)
Un Lecteur doit être prêt à « donner sa vie ». Cela veut dire être prêt à sacrifier ce qui est requis de notre sens personnel afin d’être au service de Dieu. A priori, cela peut paraître simple, mais cela ne l’est pas, ainsi que de nombreux Lecteurs l’ont découvert. Il n’est pas facile de renoncer à ces choses qui prétendent faire obstacle à ce que Dieu communique. Il n’est pas facile de renoncer à nos préférences personnelles, à nos concepts, nos affinités, nos manies, nos craintes, notre faux concept de l’amour émotif humain etc. C’est ce qu’un ami appelait « un travail de l’intérieur ». Chaque Lecteur qui est disposé à être obéissant est refaçonné pour se rapprocher de Dieu, au moyen du sacrifice humain. Ainsi que Christ Jésus l’a dit : « Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu’il soit accompli ! » (Luc 12:50)
Or, ainsi que Mary Baker Eddy l’a écrit : « L’amour ne peut être une simple abstraction, ni la bonté sans activité ni pouvoir. En tant que qualité humaine… c’est l’action tendre et désintéressée faite en secret ; c’est la prière silencieuse et incessante ; c’est le cœur plein d’abnégation et qui déborde ; la forme voilée se glissant par une porte dérobée pour accomplir un acte de miséricorde ; les petits pieds trottinant le long du trottoir, la douce main ouvrant la porte qui donne sur la pauvreté et la détresse, la maladie et le chagrin, illuminant ainsi les lieux ténébreux de la terre. » (Ecrits Divers 1883-1896, p. 250)
Afin d’être un Lecteur dans des services d’église qui guérissent, énoncez la Parole de Dieu comme si elle vous appartenait, travaillez avec persévérance afin de surmonter la croyance que vous devez communiquer personnellement la Vérité, soyez prêt à renouveler constamment la pensée et à donner votre vie pour vos amis.
