Un jour, lorsque j’étais étudiant, je me trouvais avec mon père, debout, le long de la balustrade de la terrasse arrière de la maison qui surplombait sa ferme. Des collines couvertes de sapins de tous côtés s’ouvraient sur une petite vallée verdoyante. Le soleil brillait dans un ciel d’été parfaitement bleu.
Nous regardions ce beau tableau, et il a dit : « J’ai juste du mal à croire que rien de tout cela ne soit réel. » Mon père était un homme spirituel dont je respectais les idées. Il avait étudié la Science Chrétienne, qui explique l’irréalité de la matière à la lumière de l’infinitude, ou de la totalité, de l’Esprit, Dieu. Mais quelque chose m’a frappé dans ses propos, qui ne me semblaient pas tout à fait justes : c’était un déni de la beauté et du bien qui nous entouraient.
Depuis lors, j’ai consacré beaucoup de temps et d’efforts à examiner en profondeur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Et cela m’a procuré un sens plus vaste et plus complet de la beauté, de la vie, de la joie et de la bonté tout autour de moi.
Ma propre étude de la Science Chrétienne m’a aidé à le faire. Lorsque nous apprenons que Dieu est Esprit et que l’Esprit a tout créé, cela signifie non seulement que la matière est irréelle, mais également que tout ce qui existe, tout ce qui est réel, est entièrement spirituel. Ainsi, alors que les gens et la beauté de la nature autour de nous peuvent sembler être physiques, un examen plus approfondi de leur véritable essence montre qu’ils sont entièrement non physiques.
La découvreuse de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, écrit ceci dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures : « Il nous faut scruter profondément le réel au lieu de n’accepter que le sens extérieur des choses. » (p. 129) Les qualités divines telles que la joie, la paix, la gentillesse, la force, l’harmonie, la bonté, etc., sont ce qui est réel au sujet des gens, ce qui les définit. Et les caractéristiques divines sont également ce qui est réel au sujet des choses et des lieux qui nous entourent. Parfois, j’interromps tout ce que je suis en train de faire pour prendre quelques instants, afin de me rappeler que tout ce qui est réel autour de moi est ce qui est entièrement semblable à Dieu. Et puis j’essaye de penser à quelque chose de semblable à Dieu que certaines de ces choses qui m’entourent expriment en ce moment même.
Les qualités divines telles que la paix, la force, la bonté, etc., sont ce qui est réel au sujet des gens, ce qui les définit.
Voici un exemple tiré d’un article intitulé « Une seule cause et un seul effet », publié dans Ecrits divers 1883-1896 de Mary Baker Eddy : « Mais, dites-vous, une pierre est-elle spirituelle ?
« Pour le sens matériel erroné : Non ! Mais pour le sens spirituel infaillible, c’est une toute petite manifestation de l’Entendement, un type de substance spirituelle, “la substance des choses qu’on espère”. » (p. 27)
Si une pierre est une manifestation de Dieu, l’Entendement, imaginez toutes les expressions de Dieu qui nous entouraient, mon père et moi, ce jour-là, à la ferme, pointant toutes vers la beauté et les merveilles de l’univers de Dieu. Imaginez aussi toutes les manifestations de Dieu, le bien infini, autour de chacun de nous en ce moment même.
Christ Jésus a dévoilé ce qui était réel et ce qui ne l’était pas. Il a vu la réalité dans le bien qui l’entourait. Cela a eu pour effet la guérison. Grâce à sa compréhension de la bonté de tout ce que Dieu a créé, il a amélioré les situations autour de lui, qu’il s’agisse d’arrêter le mauvais temps, de pallier un manque de nourriture ou de guérir une maladie. Il avait non seulement de la compassion pour ceux qui étaient aux prises avec toutes sortes de problèmes, mais il améliorait également leur situation. Il a mis en évidence la réalité et l’harmonie de tout ce qui était divin et bon. Et cela a éliminé tout ce qui était inharmonieux – dissemblable à Dieu –, révélant le néant de cette inharmonie.
Une fois, il a nourri des milliers de personnes avec seulement quelques pains et quelques poissons. Cela montre la domination et le pouvoir que Dieu exerce sur un sens limité de la bonté toujours présente de Dieu. Il a démontré l’irréalité du sens matériel des choses et a révélé que le pain et les poissons étaient des idées de Dieu, et que leur véritable substance était l’Esprit – et c’est ce qui a nourri la foule de manière concrète.
A d’autres moments, il a guéri des foules de gens de toutes sortes de maladies. Il n’a pas permis à ces personnes de vivre l’ascension, comme cela a finalement été le cas pour lui. Il a amélioré leur vie là-même où ils se trouvaient. Mais cette amélioration ne s’arrête pas aux ajustements de la condition humaine. Finalement, toutes les choses sont vues sous leur jour véritable – comme étant entièrement spirituelles et bonnes, sans matérialité ni inharmonie. Ceci n’est pas une notion théorique ; c’est une aide très pratique pour nous, dans notre vie quotidienne.
J’ai travaillé dans l’agriculture depuis mon adolescence jusqu’à mes trente ans. Cela exigeait beaucoup de travail physique au contact des plantes, des animaux, des outils et même, effectivement, des pierres qui se trouvent dans les champs. Il aurait semblé idiot de nier l’existence des choses qui étaient autour de moi. Au lieu de cela, j’ai eu de nombreuses occasions de voir l’impact d’une vision plus claire de la vérité sur tout ce qui m’entourait. Les animaux ont été guéris de maladies, les champs ont été rendus productifs.
Si une vache me marchait sur le pied, ma prière ne consistait pas à essayer de voir que la vache n’était pas réelle. Elle consistait plutôt à mieux voir que la vraie nature de la vache (ainsi que la mienne) était entièrement spirituelle, bonne et complète, et qu’il ne pouvait y avoir de collision entre les idées spirituelles. L’animal était réel, mais l’aspect physique ne correspondait pas à ce que cette vache était vraiment. Si un animal tombait malade, je priais pour voir la vraie nature de l’animal, qui est entièrement semblable à Dieu, puisque Dieu est le créateur de tout. Cette approche a souvent apporté une guérison rapide, tant aux animaux qu’à moi.
Quand une machine tombait en panne, je ne priais pas en partant du point de vue que la machine n’était pas réelle. Je faisais le travail mécanique nécessaire pour la remettre en marche. Et, au mieux, j’élargissais le sens que j’entretenais de cette machine en voyant la productivité et l’utilité qu’elle représentait. La source de toute productivité est Dieu, et un Dieu tout-puissant ne peut être entravé – on ne peut L’empêcher d’être productif.
Un été, j’étais responsable d’un champ de pommes de terre de trente hectares. Début août, les feuilles ont commencé à jaunir prématurément. Des spécialistes de l’entreprise agricole locale ont déclaré que le champ était probablement malade et qu’il n’y avait aucun remède dans leur gamme de produits.
La maladie, la décomposition et le déclin que j’ai d’abord vus à l’œuvre dans mon champ ont été remplacés par la santé, la résilience, et le progrès.
J’ai donc prié pour ce champ. Tôt, chaque matin, avant que le soleil ne se lève, j’irriguais différentes parties du champ, en injectant de l’engrais via les arroseurs. Je devais généralement attendre environ une heure chaque matin pour que l’engrais s’écoule dans le système. Pendant ce temps, je priais pour la récolte. Je n’ai jamais pensé que le champ ou les plants de pommes de terre n’existaient pas. Mais j’ai prié pour voir juste un peu plus clairement ce qui était réel au sujet de ce champ, c’est-à-dire tout ce qui était semblable à Dieu : la vie, la croissance, l’approvisionnement et la nourriture qu’il exprimait. Et j’ai prié pour savoir que tout ce qui n’était pas divin à son sujet – la maladie ou l’inharmonie – n’était pas vrai. J’ai vu que mon travail consistait à regarder au-delà de l’apparence extérieure pour voir ce que ce domaine représentait vraiment.
Je priais pour beaucoup de choses pendant cette heure, et j’ai inclus ce champ dans mes prières presque tous les matins pendant environ un mois, jusqu’à la fin de la période de croissance. Les plants de pommes de terre ne sont jamais revenus à un vert foncé signe de robustesse, mais ils ne sont pas non plus devenus plus jaunes.
Début septembre, dans cette haute vallée désertique, les plants de pommes de terre de la région ont commencé à mourir à cause de températures glaciales. Mais pas les miens. Ils ont tenu bon et mon champ a donné lieu à une bonne récolte de pommes de terre. J’ai découvert plus tard que je n’étais pas le seul à prier pour ce champ. Un agriculteur qui possédait un hangar d’emballage de pommes de terre vivait à proximité. Du fait que les pommes de terre récoltées étaient stockées dans son hangar, je l’ai entendu appeler ce champ « le champ du miracle » et dire qu’il avait prié pour ce champ tous les jours en passant devant.
N’importe qui peut faire un effort mental, à chaque instant, pour rechercher ce qui est semblable à Dieu, ce qui est réel et vrai, à propos de chaque personne ou de chaque chose qui nous entoure. Au fur et à mesure que s’approfondit notre sens de ce que sont véritablement ces choses, celles-ci deviennent plus réelles, plus saines, plus belles à nos yeux. C’est ainsi que la maladie, la décomposition et le déclin que j’ai d’abord vus à l’œuvre dans mon champ de pommes de terre ont été remplacés par la santé, la résilience, et le progrès.
Il y a de nombreuses années, lorsque mon père et moi regardions les champs, je me disais que mon père désirait préserver la beauté et le bien qu’il voyait et ressentait. C’est ce que nous désirons tous. Nous n’avons pas besoin d’avoir peur de jamais perdre ce qui est bon et beau. Au fur et à mesure que nous acquérons un sens plus élevé de Dieu en tant qu’Esprit, le bien devient plus apparent. Et nous découvrons que tout ce que nous pouvons vraiment perdre, c’est un sens limité et matériel des choses.
Tout récemment, j’ai trouvé ceci dans Ecrits divers : « La seule conclusion logique est que tout est Entendement et sa manifestation, depuis la révolution des mondes dans l’éther le plus subtil jusqu’à un carré de pommes de terre. » (p. 26)
J’aime souvent penser à mon champ de pommes de terre comme à l’expression d’innombrables qualités divines, telles que la beauté, la persévérance et la fécondité. Et aujourd’hui, ces qualités sont toujours ce qui est réel pour moi.