L’arrogance des pharisiens n’effraya pas Jésus. Cruels et sans pitié, ils l’observaient en silence pour voir s’il guérirait un homme handicapé le jour du sabbat (voir Marc 3:1-5). S’il le guérissait, ils auraient ce qu’ils cherchaient : la preuve concrète qu’il ne respectait pas leurs lois. Ils pourraient alors se débarrasser de lui, la conscience tranquille.
Mais loin d’être intimidé, Jésus se réjouit de cette nouvelle occasion de prouver le pouvoir de guérison du Christ, le message d’amour de Dieu adressé à l’humanité. Il savait que l’autorité spirituelle de Dieu, qui est l’Amour divin même et l’origine de tout être réel, n’était pas limitée par des lois humaines, y compris celles qui se paraient d’un vernis religieux.
« Lève-toi », ordonna-t-il à cet homme qui, selon la Bible, avait « la main sèche ». Il posa ensuite cette question à ses ennemis : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer ? » Flairant le piège, ils refusèrent de répondre, mais Jésus était à présent maître de la situation. « Alors, promenant ses regards sur eux avec indignation, et en même temps affligé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à l’homme : Etends ta main. Il l’étendit, et sa main fut guérie. »
Indigné, Jésus ? On voit en lui un homme plein d’amour, ce qu’il était assurément. Mais à certains moments, quand cet amour s’opposait avec force au mal, ce que percevait l’esprit humain ressemblait plutôt à de la colère. Cette colère, cependant, n’avait rien à voir avec le débordement émotionnel que nous connaissons bien. L’ « indignation » de Jésus était bien plus proche de ce qu’on appelle une réprimande. Et ses réprimandes, qu’elles soient silencieuses, comme dans ce cas, ou bien audibles, comme lorsqu’il « menaça l’esprit impur », ou croyance erronée, qui rendait un enfant épileptique (voir Marc 9:17-27), guérissaient inévitablement les malades. Jésus ne condamnait jamais les individus, il visait l’erreur.
« Sa censure est terrible », aurait dit un magistrat du temps de Jésus (voir Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 6). « La seule expression courtoise qu’il adressa jamais à l’erreur fut : “Arrière de moi, Satan !” » écrit Mary Baker Eddy, qui découvrit la Science divine du Christ (ibid., p. 7).
Pourquoi les réprimandes de Jésus étaient-elles si efficaces dans la guérison ? Les réprimandes qui guérissent traduisent l’action de l’Amour divin qui nous réveille du rêve selon lequel la matière a une substance et un pouvoir, et que le mal est naturel et inévitable. Grâce au pouvoir spirituel de l’Amour, Jésus réveillait la pensée endormie, léthargique et matérialiste des individus, et il les éveillait à la bonté de Dieu, guérissant ainsi les malades et les pécheurs, et ressuscitant les morts.
Les réprimandes venant du Christ semblent dures à l’esprit humain qui sommeille dans un rêve de vie dans la matière, mais elles produisent toujours des résultats positifs. Elles ne dépendent pas des émotions, lesquelles n’aident jamais à la guérison, mais elles donnent un aperçu vivifiant de la gloire de Dieu et de la perfection de Son idée spirituelle, l’homme. Mary Baker Eddy a compris que Jésus réveillait l’esprit humain de ses croyances matérielles lorsqu’il réprouvait la pensée erronée. Elle savait qu’il n’avait jamais pour objectif d’humilier les gens ni de les dénigrer, mais qu’il visait quelque chose d’infiniment plus important : démontrer, par la guérison, le néant de la matière et la toute-puissance de la bonté de Dieu. Elle écrit : « Jésus agit hardiment, contre l’évidence accréditée des sens, contre les doctrines et les pratiques pharisaïques, et il réfuta tous ses adversaires par son pouvoir guérisseur. » (Science et Santé, p. 18)
Les réprimandes qui guérissent traduisent l’action de l’Amour divin qui nous réveille du rêve selon lequel le mal est inévitable.
Mary Baker Eddy ne formulait pas de simples hypothèses. Un jour, Calvin Frye, son secrétaire particulier, qui vivait chez elle, fut retrouvé apparemment mort. Elle demanda qu’on le lui amène dans sa chambre. Puis, comme le rapporte Irving Tomlinson, autre membre de la maisonnée, elle « ordonna à M. Frye, avec une voix pleine d’autorité, de sortir de sa torpeur, de se réveiller de son rêve erroné. Tout d’abord elle n’obtint aucune réponse, mais cela ne la découragea pas. Elle redoubla d’efforts et lui ordonna, en criant cette fois-ci, de se réveiller. Au bout de quelques instants, il donna des signes de vie, ouvrit en partie les yeux, et bougea légèrement la tête. »
Mary Baker Eddy ne relâcha pas ses efforts. Elle connaissait la solide indépendance de Frye, son esprit combatif face aux prétentions du mal, qui lui avait donné la force nécessaire pour la soutenir quand beaucoup d’autres n’avaient pu l’aider. Tomlinson poursuit le récit de cet épisode : « “Décevez vos ennemis et continuez de vivre, ordonna-t-elle. Dites que vous désirez rester là pour m’aider.”
« Il prit alors position pour la première fois et répondit : “Oui, je vais rester…” Bientôt, il put regagner sa chambre sans qu’on l’aide. Il se coucha, dormit toute la nuit et se leva le lendemain à temps pour être en bas pour le petit-déjeuner, fixé à sept heures. Après quoi, il s’occupa de sa comptabilité, et quand je lui demandai de me donner de l’argent contre un chèque, il le fit aussitôt, montrant ainsi qu’il avait retrouvé tous ses esprits. » (Irving C. Tomlinson, Twelve Years with Mary Baker Eddy, Amplified Edition [Douze ans avec Mary Baker Eddy, édition augmentée], p. 64–66)
De par sa nature même, l’Amour divin est en soi un rejet du mal. Il n’a pas besoin de se mettre en colère pour donner de la force à cette condamnation. Pendant longtemps, j’ai entretenu un concept très immature de la réprimande. Je m’en prenais aux gens – tantôt un collègue de bureau, tantôt un commercial, parfois même des membres de ma famille – quand j’avais le sentiment qu’une situation exigeait de ma part la plus grande fermeté. Mais j’ai fini par comprendre que ce genre d’attitude pharisaïque ne résolvait jamais rien.
Grâce à une plus grande compréhension spirituelle, j’ai appris à reconnaître et à réprouver en moi-même « l’esprit impur » du pharisaïsme qui voudrait prétendre avoir de l’autorité sur moi et sur les autres en certaines circonstances. J’ai vu que « l’évidence accréditée des sens », prétendant que l’injustice, l’égoïsme, les préjugés et autres attitudes destructrices, étaient maîtres de moi ou d’autrui, était toujours fausse, et que je pouvais le prouver.
J’ai remarqué le changement produit par cette conviction spirituelle renforcée : j’ai cessé d’être cette personne qu’on pouvait facilement faire sortir de ses gonds, pour devenir quelqu’un capable de faire naturellement preuve de patience et de compréhension. Les conflits ont été désamorcés. J’apprécie ces moments de ma vie où je peux à nouveau démontrer la présence de l’Amour divin, là où l’injustice ou une autre inharmonie semble exercer son emprise.
Nous ne devrions jamais craindre les comportements agressifs, la vantardise ou les manipulations du prétendu entendement mortel, car ils n’ont aucune autorité véritable. L’amour de Dieu est tout-puissant et toujours présent ; il réprouve la crainte, la haine et tout péché, en montrant leur impuissance.
Lorsque la réprimande est fermement ancrée dans la compréhension du fait que l’homme est le reflet spirituel de Dieu, qu’il vit en sécurité dans la paix du Principe divin, l’Amour, et qu’il ne peut rien faire d’autre qu’aimer, alors la guérison se produit. La croyance au mal, sous quelque forme que ce soit, ne peut pas plus être un frein à l’expression de l’amour de Dieu qu’elle ne peut empêcher le soleil de se lever. Cette compréhension peut suffire à mettre fin à un cauchemar du sens matériel et apporter la guérison.
