Dans Mary Baker Eddy: A Life Size Portrait, le Dr Lyman P. Powell cite ce résumé des paroles prononcées un jour par Mrs. Eddy au sujet de la résurrection (p. 232): « Le sens résurrectif n'écoute pas l'erreur, ce qui serait une compromission. Il s'occupe toujours des affaires du Père — il reflète le Principe. Toute la vie de Jésus était résurrective; en d'autres termes, il s'élevait spirituellement, d'une manière consciente et constante, plus haut que le péché, la maladie, la mort; sa résurrection symbolisait le triomphe final de l'Amour divin sur la croyance humaine que la matière est substantielle, capable d'imposer à l'Entendement et à l'homme ses propres limitations. »
Le sens résurrectif, c'est la conscience qui s'élève pour discerner l'indestructible vie de l'homme, non point comme rattachée à l'existence matérielle, mais comme un fait de son être spirituel coexistant avec l'être infini. Cette ascension débute par des aperçus glorieux de l'Esprit et de la création spirituelle.
Jésus le Christ avait un sens résurrectif supérieur à celui de toute autre personne. Conçu spirituellement, il avait pu recevoir dans sa plénitude la pensée du Christ; néanmoins, il dut lui-même apprendre l'obéissance par les choses qu'il souffrait (voir Hébreux 5:8).
Les Scientistes Chrétiens doivent constamment se réveiller — sortir de la torpeur qu'engendrent les fausses croyances. Ce processus résurrectif commence par des instants d'inspiration où l'on entrevoit l'être réel; ils annoncent souvent une réflexion très claire de l'Être infini, de sorte que le sens mortel est promptement réfuté et que l'on parvient à la compréhension qui guérit d'une manière naturelle, instantanée. Cette action continue jusqu'à ce que la pensée progressive se soit élevée plus haut que la croyance à des choses qu'il faille guérir ou qui puissent mourir. Suivre Jésus dans sa résurrection et son ascension au-dessus de la matière, tel doit être le but de tout Scientiste Chrétien.
Chaque victoire sur le mal indique l'action du sens résurrectif par quoi le disciple gravit l'échelle de l'être et s'élève plus haut que la mortalité parce qu'il comprend toujours mieux la totalité divine et l'individualité spirituelle immortelle de l'homme créé à la ressemblance de Dieu. Sur la scène de l'entendement mortel les faussetés paradent et dansent continuellement; aussi le Scientiste Chrétien doit-il maintenir un sens de l'être toujours plus élevé, il doit veiller sans cesse pour qu'aucune erreur ne prenne racine dans sa conscience. Le songe mortel illusoire qui paraît si tangible aux humains présente divers aspects dont il faut que le Scientiste Chrétien se réveille grâce au sens résurrectif pour avancer vers le ciel. Une entière confiance en Dieu, une fidélité complète aux leçons et aux règles de la Science Chrétienne sont nécessaires; toute autre attitude serait pour le disciple une compromission. Avoir une confiance totale en Dieu exclut l'usage de la médecine matérielle sous n'importe quelle forme. Il faut de la vigilance pour rester parfaitement fidèle à la Vérité même dans les moindres détails. Tel croit peut-être qu'une légère déviation ne peut lui faire aucun mal. Il se laisse suggérer que boire avant le déjeuner un verre d'eau chaude salée, recourir à certains mets ou boissons qui passent pour rafraîchissants, n'est pas un procédé contraire à la Science. Il se dupe lui-même en disant qu'il ne s'agit pas de médecine mais de nourriture. Or est-ce bien le cas? S'il mange certaines choses qu'il croit devoir stimuler les fonctions du corps, n'en fait-il pas un usage médical? L'auteur du présent article étudiait depuis peu la Science Chrétienne lorsqu'elle apprit qu'employer des choses affaiblissant notre confiance dans la suprématie divine et le pouvoir de Dieu qui gouverne entièrement l'homme, c'est avoir recours à des méthodes différentes. Entre la matière et l'Esprit, il faut résolument choisir.
Citons encore d'autres tentations incitant les humains à transiger avec l'erreur, à s'écarter de la Science Chrétienne absolue: l'intempérance, manque de maîtrise sur les faux appétits des sens; l'admission que les plaisirs matériels sont vrais, désirables, tandis que les croyances de douleur seraient irréelles; les racontars ou les faux bruits que l'on répète, affaiblissant ainsi le vrai concept de l'homme, image de l'Amour. Voilà quelques-unes des erreurs qui compromettent le vrai sens de l'être, la certitude que l'on est l'image de Dieu; elles entravent les progrès, l'ascension vers les hauteurs de l'être spirituel. Tenir pour réelles des choses que Dieu n'a point créées, c'est une erreur. Que le mensonge ait trait à nous-mêmes, à notre prochain ou au monde, nous devrions le nier en affirmant que la seule création dont Dieu soit l'auteur est spirituelle et dès lors intacte.
Lorsqu'on reflète le divin Principe qui est Amour, les forces du mal qui ne reposent sur aucun principe sont subjuguées. Le Principe souverain, l'Amour, maintient l'univers spirituel — y compris l'homme, la plus haute idée de Dieu — dans l'harmonie complète, la perfection, l'ordre constants. Nul de nous ne s'attend à ce que la terre tourne soudain dans un autre sens ou à ce que le soleil se lève le soir. Ces perturbations indiqueraient le chaos. L'univers est maintenu parce que le Principe fondamental qui soutient ses forces maîtresses est l'Amour divin.
Si l'on étudie le Nouveau Testament, l'on remarque que le sens résurrectif de Jésus ne cessait de s'accroître. Le Maître dit (Jean 6:63): « C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. » Sachant toujours que la chair ne sert de rien, que toute bonne œuvre est accomplie par l'Esprit, il guérissait les malades et les lépreux, rendait la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la voix aux muets. Il marcha sur les eaux, calma la tempête et ressuscita les morts. La loi curative dont il faisait usage réveillait dans une certaine mesure la pensée de ses patients qui se détournaient de la matière, des maladies, de la mort, pour trouver l'Esprit, la santé, la Vie.
Tandis que Jésus aidait ainsi les autres, lui-même s'élevait sur l'échelle de la pensée; la vérité qui se manifestait chez eux par la guéri-son s'exprimait dans sa conscience par le sens résurrectif qui le préparait pour sa démonstration suprême — la sortie du tombeau. Mainte fois l'erreur voulut l'anéantir avant qu'il fût préparé à donner la preuve de la vie éternelle, mais il dit: « Mon temps n'est pas encore venu » (Jean 7:6). L'on peut en conclure qu'il ne se sentait pas entièrement à la hauteur de cette épreuve ultime. A Gethsémané il s'éleva si haut qu'il vainquit les pernicieuses forces du mal et prouva que l'entendement matériel mesmérique ne possède aucune réalité.
A ce sujet, Mrs. Eddy déclare (Science et Santé avec la Clef des Écritures, pp. 47, 48): « Dans le jardin de Gethsémané, en cette nuit de tristesse et de gloire, Jésus réalisa l'erreur absolue de croire à la possibilité d'une intelligence matérielle quelconque. Les affres du délaissement et les verges de l'ignorance bigote le firent cruellement souffrir. Ses disciples dormaient. Il leur dit: "Est-il possible que vous n'ayez pu veiller une heure avec moi?" » A la fin du même paragraphe, elle ajoute: « Ce besoin de tendresse humaine n'eut pas de réponse, aussi Jésus se détourna-t-il pour toujours de la terre vers le ciel, du sens vers l'Ame. »
Puisque toute la vie du Christ Jésus était une marche ascendante qui lui faisait surmonter les erreurs des sens, nous pouvons à coup sûr prendre courage et sans nous laisser abattre, poursuivre la lutte contre « le monde, la chair et le démon; » ne sommes-nous pas sûrs de nous élever toujours plus haut grâce au sens résurrectif jusqu'à ce que nous puissions démontrer pleinement l'être véritable tout à fait en dehors de la matière?
