Un proverbe anglais dit que l'herbe est toujours plus verte de l'autre côté de la barrière; ceci illustre la fausse supposition d'après quoi Dieu, le bien infini, ne serait pas toujours partout. Tout ce qui existe réellement, c'est Dieu, l'Entendement divin et Son idée, l'homme; or ni l'un ni l'autre ne sont limités ou circonscrits. Le bien ne saurait être monopolisé, restreint à un lieu quelconque, car le bien c'est Dieu, le Tout-en-tout universellement accessible.
A notre époque, beaucoup travaillent avec courage et fidélité pour Dieu et pour le genre humain; mais on est souvent tenté de croire qu'on pourrait rendre de meilleurs services dans une autre place. Les jeunes ont parfois l'impression qu'ils seraient plus heureux, plus utiles et réussiraient mieux s'ils obtenaient de l'avancement ou qu'ils puissent changer de travail. Mais ces troublantes suggestions de l'erreur n'ont aucun pouvoir et ne doivent pas obscurcir notre vision du vrai travail qui nous incombe à tous — reconnaître, exprimer avec joie les idées de Dieu, du bien, toujours présentes pour guérir et sauver. Où que nous soyons, que nous travaillions dans un bureau, un atelier, à la maison ou à l'école, nous sommes tous choisis par Dieu afin d'être ambassadeurs pour Christ et représenter la divine nature spirituelle, éternelle.
En étudiant chaque jour les Leçons bibliques du Livret Trimestriel de Christian Science, nous apprenons que pour résoudre n'importe quel problème, il faut spiritualiser la pensée — remplacer les craintes et les illusions du faux sens matériel par les idées de Dieu, du bien infaillible, qui sont justes et parfaites, vivifiantes et libératrices. Dans cette spiritualisation de la pensée, nul n'est spécialement avantagé par Dieu, et le succès ne dépend point des lieux, des circonstances. En effet, comme le déclare notre bien-aimée Leader, Mary Baker Eddy, aux pages 12 et 13 de son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Dans la Science divine, où les prières sont mentales, tous peuvent se prévaloir de Dieu comme étant ‟un secours [toujours présent] dans les détresses.” L'Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations. C'est la fontaine jaillissante qui crie: ‟O vous tous qui êtes altérés, venez à la source des eaux.” »
Un récit de la Genèse, qui rapporte le voyage du patriarche Jacob, illustre d'une manière frappante la possibilité de connaître Dieu et Ses idées rédemptrices, où que nous soyons. La Bible nous dit qu'après le coucher du soleil, Jacob arriva dans un certain lieu où il resta toute la nuit. Cet endroit ne favorisait guère le bien-être matériel, car le voyageur dut même prendre une pierre pour en faire son chevet. S'étant couché, Jacob vit en rêve une échelle touchant aux cieux et sur laquelle montaient et descendaient des anges, ce qui symbolisait les pensées de Dieu se communiquant à l'homme et la réceptivité de celui-ci. Nous lisons ensuite (Gen. 28:16, 17) que « Jacob s'éveilla de son sommeil et il dit: Certainement l'Éternel est présent dans ce lieu, et moi, je ne le savais pas!... C'est bien ici la maison de Dieu; c'est ici la porte des cieux! »
Dans ce cadre austère, Jacob s'était éveillé à la connaissance d'une fait à la fois sérieux et réconfortant: où que l'on soit, le bien spirituel est présent, on peut le reconnaître et le sentir. Des siècles plus tard, saint Jean dans l'île de Patmos, parmi les rochers déserts, les sables arides balayés par le vent et battus par les vagues monotones, reçut la révélation de Jésus le Christ, annonçant le triomphe du royaume messianique.
A une certaine époque où je me sentais inquiet, agité, cette pensée me vint à l'esprit: pour obtenir une compréhension de la Christian Science, qui répond à tous nos besoins, la voie est en quelque sorte verticale plutôt qu'horizontale. Où que nous soyons, maintenant même, nous avons tout ce qu'il faut, toutes les idées de Dieu, grâce à quoi nous pouvons nous élever jusqu'au sublime concept de l'être véritable qui ne laisse rien à désirer; pour monter ainsi dans les sphères mentales, les déplacements ou la modification des circonstances ne sont point nécessaires. Ces réflexions me donnèrent un sentiment de paix, de contentement. Je cessai de désirer avant tout un changement des circonstances et du milieu où je me trouvais, mais j'élevai ma pensée vers les hauteurs, vers le ciel; je commençai à reconnaître plus clairement la présence constante de Dieu, de l'Amour, et j'exprimai davantage les qualités de cet Amour. Bientôt je me rendis compte que l'harmonie tant souhaitée se manifestait présentement dans ma carrière.
Grâce à un penser meilleur, le bien que Dieu donne se manifestera dans notre existence humaine soit par une harmonie, une satisfaction croissantes là où nous sommes, soit par un changement de lieu. Mais en premier comme en dernier ressort, le penser juste est un travail qu'il faut commencer là où l'on se trouve et dans les circonstances actuelles. Un changement de lieu ne modifierait pas notre penser; au contraire, c'est notre penser qui déterminera notre place.
