En général, on pense que l'homme est en partie temporel, en partie permanent; l'élément durable est appelé l'âme, celui qui est éphémère serait le corps. L'opinion générale, c'est que l'âme, au moment du décès, s'échappe d'une manière mystérieuse et continue à vivre, tandis que le corps en est réduit à se désagréger. Ces lignes de l'Ecclésiaste expriment en termes poétiques la croyance commune:
Que la poudre retourne dans la terre comme elle y avait été,
Et que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné.
En fait, l'Ame ou l'Esprit constitue la totalité de l'homme. Les scories matérielles ou mortelles ne font point partie de son être. Comme le déclare Mary Baker Eddy: « L'Ame est la substance, la Vie et l'intelligence de l'homme; elle est individualisée, mais non pas dans la matière. L'Ame ne peut rien réfléchir qui soit inférieur à l'Esprit. L'homme est l'expression de l'Ame » (Science et Santé, p. 477).
S'étant élevé jusqu'aux cimes de l'inspiration, le Psalmiste s'écriait: « Je passerai de longs jours dans la maison de l'Éternel. Ceci revenait à dire: « Je vivrai dans la réalisation de l'existence sans entrave, sans crainte, sans aucune souillure causée par la mortalité. » Comment parviendrons-nous à cette réalisation suprême? En renonçant aux pensées matérielles, en accueillant l'afflux des concepts spirituels impérissables. C'est ainsi que les Scientistes Chrétiens suivent la route qui est pour eux le « passage du sens à l'Ame » (ibid., p. 566). Nous savons que dans la conversation journalière, le terme âme équivaut à sens; mais Mrs. Eddy a relevé la signification de ce mot et l'a placé parmi les sept synonymes de Dieu, ce qui est son statut scientifique.
En Science Chrétienne, Esprit, Vie, Amour, Entendement, Ame, sont autant de noms qui désignent la Divinité. On reconnaît tout de suite que l'Entendement et l'Ame sont en étroit rapport l'un avec l'autre, car l'intelligence est une de leurs qualités maîtresses. Les bienfaits de l'Amour — la sympathie, la tendresse, la grâce — prédominent dans l'Ame. Ce sont les manifestations tangibles de son harmonie intérieure.
Au premier abord, on pourrait croire que l'Entendement n'est qu'intellectuel, qu'il est sagace mais insensible; toutefois une appréciation plus complète montre que l'Entendement possède aussi les qualités de l'Ame. A vrai dire, chacun de ces synonymes, si l'on en saisit bien la portée, se trouve être une désignation adéquate à l'Être suprême, quoique pour l'observateur superficiel il ne présente en quelque sorte qu'une facette de la Divinité. Au fond, chacun d'eux embrasse tous les éléments des autres.
A notre époque, le terme conscience est de plus en plus employé comme équivalent d'âme. On reconnaît toujours davantage que l'homme n'est point une corporéité, ni même une combinaison de corporéité et de mentalité, mais une conscience. En effet, l'individu, tel que nous le voyons dans la rue, ne saurait être double — âme et corps; il est un, et cet un est l'âme ou la conscience humaine individuelle. L'homme n'est point un mélange d'esprit et de matière; il est mental dans toute son organisation. Ce qu'on nomme le corps est la portion de la conscience que perçoivent les sens matériels; en d'autres termes, l'élément qui nous paraît tangible. Les opérations complexes de la pensée échappent à la vue ou au tact matériels.
Ceci montre que la guérison par la Science Chrétienne n'a rien de mystérieux. Jusque dans le tréfonds de son être, l'homme est conscience, mental et non physique. Que son penser s'éclaire et les obsessions de la maladie, de la mortalité, se dissiperont. Elles ne peuvent exister réellement chez l'homme, manifestation individuelle de la vie impérissable. Lorsqu'on reconnaît cette irrécusable vérité, l'être tout entier éprouve une rénovation — même si l'on croit qu'il se compose d'une âme et d'un corps.
A vues humaines, l'homme est un mélange d'éléments matériels et immatériels, de mortalité et d'immortalité. Mais s'il est prêt à répudier les concepts matériels ou mortels pour s'attacher au spirituel, à l'immortel, la maladie et la décrépitude reculeront devant la santé, la longévité. Telle est la tâche que doit entreprendre chacun de nous. Tel est le chemin du salut. Ainsi la corporéité et ses limitations seront englouties dans l'incorporéité sans limites. Ainsi l'Ame se révélera chez l'individu dans toute sa richesse, sa gloire, sa continuité. Ce sera l'accomplissement de cette promesse: « Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. »
Au premier abord, les choses de l'Ame peuvent paraître insaisissables à ceux qui se sont toujours occupés de la matière, qu'ils tenaient pour substantielle et sûre. Mais il est impossible de les nier, bien qu'il soit difficile d'en donner une définition. Elles sont aussi nombreuses que le sable de la mer. Leur union constitue la substance de l'homme. Elles comprennent notamment l'affection, la beauté, la fidélité, générosité, la pénétration, la clairvoyance, l'intégrité. Y a-t-il des temps, des lieux d'où cette dernière puisse être absente? D'éternité en éternité, elle subsiste, plus tangible, pour la vision spirituelle éclairée, que ne l'est le rocher au bord de la route, perçu par les sens matériels. Ceci s'applique à toutes les qualités dont l'Ame est la source. Aucune ne peut soit perdre son identité soit en faire l'abandon. Aucune n'est en péril ou ne risque d'être anéantie. Si tel est le cas lorsqu'on les examine séparément, il doit en être de même lorsqu'elles sont bien coordonnées dans l'homme.
Pour l'homme, il n'existe donc pas d'obstacle à la compréhension, au mouvement — rien qui s'oppose à l'être perpétuel. La maladie, les accidents, les dangers de la guerre ne peuvent le trouver. Dans le royaume de la vie sans bornes, les hommes continuent à vivre indéfiniment; chacun maintient son identité, chacun est distinct des autres et peut se reconnaître, étant créé par la puissance de l'Ame indestructible.
L'existence individuelle n'est pas marquée par un commencement et une fin. L'on ne peut établir l'origine matérielle de la plus petite chose qui soit au monde. L'on ne peut en prévoir la fin. Même le léger flocon de neige, qui paraît éphémère, insubstantiel, était quelque chose auparavant. Il sera quelque chose par la suite. Silencieux comme la pensée, il tombe jusque sur la terre et ne se laisse pas détourner de son but irrésistible. Ne pouvez-vous donc pas croire que vous avez existé précédemment — et vous êtes un immortel spirituel? Qu'en fait, vous l'êtes maintenant et que vous continuerez de même? Que l'être vous a été donné en vue d'un but irrésistible?
Lorsqu'un de nos amis échappe à notre vue mortelle, son existence n'a pas pris fin. Nous ne le voyons plus sous sa forme accoutumée, mais il prend une forme que ne peuvent comprendre nos sens obtus. Il découvre que la catastrophe qui sembla le frapper était irréelle, qu'il n'a point été atteint ou détruit. Il constate que sa vie continue, qu'elle est peut-être plus belle et plus libre qu'autrefois. Personne n'est tout à fait le même après avoir traversé certaines vicissitudes.
Faisant allusion au départ d'un de ses étudiants, Mrs. Eddy déclarait: « Le Scientiste Chrétien qui croit qu'il meurt obtient une riche bénédiction d'incrédulité à l'égard de la mort, et une plus haute réalisation du ciel. » Après le décès de son éditeur, elle affirma: « Il est aujourd'hui plus sage, plus sain, plus heureux qu'hier. » Écrivant à la veuve du Président McKinley, notre Leader l'assura qu'il avait passé « des ombres terrestres dans la substance de la Vie » (Miscellany, pp. 297, 296, 290).
