D'après le dictionnaire, le danger est une situation qui nous expose au malheur; or en apparence, la guerre augmente considérablement ces risques, car elle supprime mainte sauvegarde matérielle et permet aux belligérants de détruire sur une grande échelle la vie et les biens. Pendant la guerre de 1914 à 1918, un officier de marine Scientiste Chrétien accepta la pensée générale au point de se croire particulièrement exposé lorsqu'il était en mer, où l'ennemi pouvait attaquer plus facilement que dans un port.
Toutefois cette croyance fut bien ébranlée lorsque par une nuit d'hiver, au port même, il fut précipité dans l'eau et courut un grand péril. Grâce à la Science Chrétienne, il fut sauvé de la crainte et de la mort. Par la suite il se demanda en quoi consistent le danger ou la sécurité, car les convictions qu'il avait eues à ce sujet s'étaient trouvées fausses.
Il vit clairement que les choses matérielles ne procurent pas la sécurité. Les enseignements de la Science Chrétienne, qu'il étudiait depuis des années, lui permirent de comprendre qu'aucun mal ne peut arriver à l'homme créé par Dieu; que cet homme n'est jamais en danger car il est purement spirituel, il reflète Dieu, son céleste Père-Mère. Le disciple put aussi voir que le seul péril capable de l'assaillir se présentait dans sa conscience, où la fausse croyance à un homme matériel, sujet au désastre et à la mort, prétendait se substituer à la vérité concernant l'homme spirituel, divinement protégé.
Il se remémora le récit biblique décrivant la rencontre entre David et Goliath; il vit que malgré la grande force physique dont disposait le géant, c'était lui qui était en danger; car il comptait sur le pouvoir matériel, tandis que David mettait sa confiance dans la protection divine. Le jeune homme dit à Goliath: « Tu viens contre moi avec l'épée, la lance et le javelot; mais moi, je viens contre toi au nom de l'Éternel des armées, du Dieu de l'armée d'Israël, que tu as insulté. » L'issue du combat ne faisait aucun doute, et pas un seul instant David ne fut en péril. Au cours même de la lutte, il savait qu'il était « dans la retraite du Très-Haut, » donc divinement gardé.
L'officier se rendit compte que la même protection divine était également à sa portée s'il savait comment la revendiquer et en faire usage. Il se posa cette question: Ai-je assez de compréhension spirituelle? Il savait qu'il ne pouvait rien faire par lui-même. Il comprit qu'en premier lieu sa conscience devait être débarrassée de tout ce qui était dissemblable au divin, afin de pouvoir accueillir les nombreuses idées spirituelles qui protègent, sauvent et guérissent. Il se rappela que le Psalmiste dit: « Il [Dieu] ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes entreprises. Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre. »
Dès lors, comme il sentit la nécessité de vaincre la fausse impression de danger et les craintes dont elle s'accompagnait, l'existence devint plus que jamais pour lui une œuvre de purification. Il s'attacha fermement à la Science Chrétienne, et de semaine en semaine, il s'aperçut que la vérité chassait le faux mesmérisme et mettait à sa place un sentiment de sécurité toujours plus profond. Il put constater que, selon la déclaration de Mrs. Eddy (Message to The Mother Church for 1901, p. 13), le mal n'est pas une personne, « un lieu ou une chose, et Dieu ne l'a jamais créé. »
Même dans des situations apparemment très dangereuses, il put connaître de plus en plus la sécurité permanente qu'on trouve « dans la retraite du Très-Haut. » Par la suite, au lieu de servir à bord d'un navire, il fut nommé à un poste fixe; mais la leçon avait été apprise, il savait que le seul péril est celui du penser faux ou mauvais. Il comprenait qu'en soumettant ses pensées au gouvernement du Christ, de la Vérité, il était protégé, quelles que fussent les circonstances. Il n'est jamais condamné au malheur celui qui travaille avec zèle et consécration pour purifier sa conscience et y accueillir le Christ. Jésus a fait cette promesse: « Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » Il a dit en outre: « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu; » or Dieu est la Vie.
Où que nous soyons, nous pouvons prouver que les promesses du Maître ont une valeur pratique; mais gardons-nous de nous relâcher dans notre œuvre de purification lorsque le prétendu danger a pris fin, de peur qu'il ne nous arrive « quelque chose de pire. » Si, cédant au faux sens de sécurité, nous retombons dans nos anciennes erreurs, nous ne serons plus protégés contre les croyances au mal.
Mary Baker Eddy nous apprend que « la maladie est le maître qui vous conduit à Christ » (Rudiments de la Science Divine, p. 11). Ne peut-on pas en dire autant du danger? Mais il faut se rendre compte que Dieu, le divin Principe, ne permet pas que les mortels soient en paix dans leurs fausses croyances; au contraire, par la Science divine, Il chasse ou détruit ces fausses croyances. « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche, » disait Jésus; et l'on peut donner à cette parole l'interprétation suivante: Changez votre penser, transformez-le, car le royaume de l'harmonie et de la vérité spirituelle est à votre portée ici même et dès maintenant.
En réalité, le mal n'existe pas, puisque Dieu, le bien infini, ne l'a ni créé ni sanctionné. La Science Chrétienne nous montre la manière d'acquérir la compréhension qui nous admet dans le royaume de l'harmonie — le royaume des cieux, où l'homme jouit d'une sécurité parfaite.
Comme un homme en exil espère
Rejoindre sa patrie un jour,
Notre cœur tourné vers le Père
Trouve le calme et le secours.
Consacrés au bien sur la terre,
Nous abandonnons le péché;
Au sein de l'Amour qui libère
Paix et bonheur nous sont donnés.
(Hymnaire de la Science Chrétienne, N° 381.)
    