Les biographes de Jésus rendent témoignage au fait qu'il priait, que dans un certain cas, il passa même toute la nuit en communion avec l'Être suprême. Lorsqu'il s'isolait ainsi pour prier, le Maître ne cédait point à l'égoïsme, car le matin venu, il rejoignait la multitude et lui venait en aide grâce à la force vivifiante obtenue pendant ces heures silencieuses, riches en bénédictions. S'il engagea maintes fois ses disciples à ne pas craindre et même à se réjouir, c'est parce qu'étant capable de penser avec justesse, de voir avec pénétration, il pouvait établir la différence entre les supercheries de la matérialité et les choses de l'Esprit, invisibles mais permanentes. A ses auditeurs, il « proposa une parabole, pour montrer qu'il faut prier toujours, sans jamais se lasser. »
Jésus n'avait ni compte en banque, ni réserve de capital, ni influence politique, ni prestige mondain. Pourtant nul ne fut plus riche, plus à l'aise, plus indépendant. Il pouvait trouver dans la bouche d'un poisson de quoi payer l'impôt; il pouvait, grâce à l'abondance de sa miséricordieuse compréhension, nourrir la foule épuisée. Ses prières et leur exaucement indiquaient son unicité avec l'Éternel. Sa foi en Dieu était la base de sa foi en lui-même comme Fils de Dieu. Voyant les œuvres qu'il pouvait accomplir par la prière, ses disciples souhaitaient ardemment que la même source spirituelle leur soit accessible. Aussi lui adressèrent-ils cette requête: « Seigneur, enseignenous à prier. »
En réponse, il leur donna ce qu'on appelle maintenant l'oraison dominicale, prière figurant à tous les cultes dans les églises Scientistes Chrétiennes. Elle prouve bien que le Maître voulait confier à ceux qui le suivraient une mission réciproque et coopérative. Il mit en lumière d'une part la nature de l'homme, individuelle et permanente, d'autre part celle de la Divinité, impartiale, universelle. Il reconnaissait que l'homme est fils de Dieu, puisqu'il donna cette instruction significative: « Quand vous priez, dites: Notre Père qui es aux cieux. » Le pluriel se retrouve également par la suite: « notre pain quotidien... nos offenses... ceux qui nous ont offensés. »
Voici ce que déclare notre Leader, Mary Baker Eddy: « Je voudrais que toutes les églises du monde puissent fraternellement s'unir dans la prière suivante: Père, enseigne-nous la vie de l'Amour » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 301). La prière qui demande l'amour doit être suivie d'actions bienveillantes; si nous prions pour avoir du travail, il nous faut accepter avec empressement celui qui se présente; si le courage est l'objet de notre prière, nous pourrons nous conduire d'une manière ferme et digne.
Prenez garde à ce que vous dites quand vous êtes seul! La conversation qu'un homme poursuit en son for intérieur a sur lui une très grande influence. Lorsqu'il parle avec d'autres, l'effet est peut-être nul; mais lorsque en silence il raisonne pour ou contre une chose, il fait certainement impression sur lui-même. Jésus recommandait la prière faite à l'écart, les portes étant closes. C'est donc un monologue salutaire et sensé qui devrait avoir lieu dans la retraite de notre conscience. Nous avons le droit de déclarer: « Tout ce que possède le Père est à moi; » mais il nous faut faire tout notre possible pour mériter les bienfaits divins. Soyons justes envers nous-mêmes, en évitant néanmoins l'égoïsme. Comme un vieux proverbe l'exprime en termes familiers: « Un homme replié sur soi-même ne représente qu'un bien petit paquet. » La prière faite en secret devrait embrasser l'humanité, reconnaître que l'Éternel est le Père de tous. Il nous faut dire: « Notre Père. » Si nous nous préccupons de l'intérêt général, nous verrons probablement diminuer nos soucis personnels.
Rappelant sans cesse à l'homme qu'il est un avec l'omniscience, la Science Chrétienne lui révèle de grandes aptitudes et d'immenses possibilités. Elle n'admet pas d'excuse pour une existence étriquée, pour une conduite douteuse. Au moyen de la vérité, elle chasse les fausses croyances. Elle éclaire, elle affranchit d'une manière spontanée, en éveillant le disciple à ce fait d'une grandeur ineffable: la Vie — la sienne — est Dieu, donc sa véritable existence subsiste de tout temps et à toujours, sans limitations ni défaite, sans maladie ou désespoir.
Prier ainsi permet de guérir les maux et les infirmités, qui perdent leur place dans la conscience et disparaissent scientifiquement, comme disparaît toute croyance erronée à l'approche de la vérité, car lorsqu'on la pense et la reconnaît, la vérité devient dynamique. Avec une irrésistible énergie, elle accomplit sa mission correctrice, balayant les suppositions de maladie ou de détresse pour faire place à la santé, au statut intégral.
Qui ne s'est aperçu que sa mentalité est souvent un champ de bataille où les mauvaises pensées cherchent à mettre en fuite les bonnes — les occupantes légitimes — pour rester maîtresses du terrain? Mais, comme nous en avons tous fait l'expérience, la pensée juste à laquelle on s'attache disperse les légions des pensées fausses. Les pensées justes sont une prière. Elles viennent de l'Entendement divin, aussi sont-elles invincibles. La seule force, l'unique expectative d'une pensée fausse — crainte, rancune, douleur, etc. — consiste à tromper un homme, à lui faire croire qu'elle est sienne; il devrait au contraire la répudier, la rejeter avec mépris comme émanant du mal et n'ayant dès lors aucune origine, aucune autorité ni place quelconque, aucun pouvoir de persuasion. « Qui de vous me convaincra de péché? » disait Jésus, défiant l'erreur.
Cette prière scientifique « dévoit » littéralement la maladie, ainsi que la terreur et l'ignorance qui en favorisent le développement; elle réalise la bonté de Dieu, l'harmonie de l'être, la perfection de l'homme créé à Son image. Elle est conforme à l'impeccable vision dont Mrs. Eddy parle dans le passage suivant (Science et Santé, pp. 476, 477): « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Dans cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. »
La prière comporte plusieurs éléments. Ce n'est pas une simple requête, mais une réalisation. Elle atteint toute sa grandeur chez celui qui se sent un avec l'Être suprême. Alors disparaissent les craintes, les limitations, la maladie, la mortalité. Dans cet état de pensée, l'on reconnaît que ses semblables, hommes ou femmes, sont les fils et les filles de Dieu.
    