Les disciples avaient regardé dans le tombeau après que la pierre eut été enlevée; ils avaient vu que le corps de leur Maître n'était plus là, et ils étaient rentrés chez eux. Mais la femme qui était allée les chercher ne s'éloigna point. Elle se tenait là tout en pleurs, puis elle se baissa pour regarder dans le tombeau. Elle vit, à travers ses larmes, ce que les disciples n'avaient pas vu — deux anges, qui lui demandèrent pourquoi elle pleurait. Mais cela ne suffit pas à la tirer de son chagrin. Un instant après cependant, quelqu'un d'autre lui posa la même question, à laquelle elle fit une réponse analogue. Elle cherchait la figure humaine de Jésus. Il lui dit alors ce seul mot: « Marie! » C'en fut assez. A la page 258 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, Mary Baker Eddy commente cette scène dans le passage que voici: « Pour la femme qui se tenait auprès du sépulcre, courbée sous l'angoisse d'une grande affection, un seul mot — “Marie!” — perça les ténèbres par le tout-puissant amour du Christ. Puis vinrent sa résurrection et sa tâche glorieuse: connaître et faire la volonté de Dieu. »
Instruire les hommes, leur permettre de comprendre et d'accomplir la volonté de Dieu, leur faire voir le danger et l'impuissance d'une volonté contraire, tel était le but de Jésus. En cet instant de merveilleuse restitution, de gratitude, de joie, sans doute Marie comprit-elle au moins dans une certaine mesure ce que représentait pour elle-même et pour le monde la présence du Seigneur ressuscité. Elle avait devant elle le témoignage, la preuve que la volonté divine avait été comprise; elle en voyait l'accomplissement. La mort et le sépulcre avaient été vaincus; la Vie éternelle se trouvait démontrée.
Au début de son ministère, Jésus avait dit: « Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » Et la résurrection indiquait que sa « tâche glorieuse » était presque accomplie. Il avait surmonté toutes les tentations qui l'engageaient à faire sa propre volonté; il avait vaincu la mort; la couronne remplaçait la croix.
Tôt ou tard, les Scientistes Chrétiens se rendent compte que la volonté personnelle est l'adversaire de leur propre résurrection. Souvent elle se présente sous le masque de la bonté humaine — du zèle, de l'énergie, de l'attachement au droit; néanmoins aucune « tâche glorieuse » ne lui est réservée. Pour être appelé à cette œuvre, il faut, comme Marie, avoir entendu la voix de la Vérité; il faut détourner ses regards de la matérialité, de l'étroite prison où l'entendement mortel continue d'enterrer ses trésors; il faut cesser de pleurer sur ce qui ne peut être soit racheté soit rétabli.
Mrs. Eddy n'exclut pas entièrement l'exercise de la volonté humaine dans la vie du Scientiste Chrétien. Mais elle fait bien voir le seul cas où son usage est permis. « Le pouvoir de la volonté humaine ne devrait être exercé que lorsqu'il est subordonné à la Vérité; autrement il fausserait le jugement et donnerait libre cours aux penchants inférieurs, » déclare-t-elle, à la page 206 de Science et Santé avec la Clef des Écritures. Le Scientiste Chrétien doit donc veiller constamment sur ses pensées et ses actes; sinon, par ignorance ou sciemment, il risque de permettre que le serviteur devienne un despote, ce qui ferait obstacle aux progrès du disciple et fausserait ses bonnes intentions. Avec quelle subtilité, avec quelle promptitude les penchants et les arguments viennent soutenir et défendre la volonté humaine! Qu'il est facile de se laisser entraîner sur le champ de bataille par l'opiniâtreté d'autrui, opposée à la nôtre! Instinctivement, les hommes cherchent à obtenir et à maintenir ce qu'ils regardent comme leur droit; ils veulent résister, défier, fruster ce qui s'oppose à eux, ce qui s'attaque à leurs opinions, à leur orgueil, à leur sentiment de la propriété. Ainsi les hommes et les nations continuent à se soumettre au pouvoir tyrannique de la volonté humaine — la leur ou celle d'autrui — jusqu'au jour où, comme Marie, ils discernent l'existence spirituelle et où le matériel cède la place au divin.
Dans Science et Santé (p. 17), Mrs. Eddy explique ce passage de l'oraison dominicale: « Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, » dont elle donne l'interprétation suivante: « Donne-nous de savoir que, — sur la terre comme au ciel, — Dieu est omnipotent, suprême. »
C'est uniquement grâce à la connaissance spirituelle que les hommes peuvent faire la volonté du Père. S'ils prennent pour base la volonté personnelle, toujours en conflit avec d'autres volontés humaines, leurs actes ne rendront point témoignage à l'Entendement qui est « omnipotent, suprême. » Mais si leurs actions ont pour base la volonté divine, ils savent que, malgré les apparences, ils sont unis à ce qui ne saurait être vaincu. Ils trouvent le repos dans l'assurance de la victoire. Ils se rendent compte que la fluctuation des triomphes mortels, le tumulte et la fureur des conflits, ne peuvent affecter ce fait éternel: au ciel et sur la terre, la volonté divine est incontestée, suprême. Imitant la patience et la fidélité de Marie, ils voient eux aussi les messagers angéliques au lieu des tristes souvenirs; ils entendent la voix de la Vérité; ils reconnaissent, fût-ce d'abord à travers les larmes, le Christ ressuscité. C'est ainsi qu'ils parviennent à la résurrection et qu'une « tâche glorieuse » leur est confiée.
