Bravoure.— Ni celui qui est forcément exposé au danger ni celui qui recherche le danger par pure témérité, ne peut être qualifié de brave; mais celui-là est brave qui, par conviction, remplit de plein gré le devoir que sa conscience lui dicte. Aussi, ne louons point les actions téméraires; proclamons plutôt la gloire de l'âme intègre. La bravoure sincère n'a pas besoin d'encourir le danger pour s'exprimer, non plus qu'elle n'a besoin de se laisser effrayer par celui-ci. Mais quiconque va au-devant du danger par amour des honneurs terrestres, est brave par vanité, c'est-à-dire qu'il semble être brave. Il agit comme s'il était sans crainte, parce qu'il craint le jugement du monde. Celui qui est vraiment brave ne craint aucun jugement, sauf celui de sa propre conscience. Être brave c'est agir avec droiture sans avoir égard aux conséquences; c'est obéir sans réserve à l'appel de la moralité que l'on reconnaît soi-même. Celui qui obéit à une moralité qui lui est étrangère, qui obéit à des ordres que rejette son sentiment intime du bien et du mal, n'est pas brave, quand bien même ses actions ressembleraient à celles que le monde loue comme étant des actes valeureux. Lutter sans avoir l'encouragement de son propre cœur, et uniquement pour éviter la critique et échapper au châtiment, c'est être brave par pure lâcheté. ... Le courage aveugle qui risque tout, simplement dans l'espoir de sauver sa vie, n'a rien de commun avec la bravoure. ... Lorsque les hommes lutteront en vue d'obtenir des trésors spirituels et qu'ils se seront armés de l'Esprit, la bravoure aura atteint son but, et non pas avant. Car il sera évident alors que l'homme qui lutte ne saurait jamais être aussi brave dans la colère de la haine qu'il peut l'être dans le zèle de l'amour.
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