Nous entendons souvent dire par ceux qui s'efforcent de mettre la njj Science Chrétienne en pratique, qu'ils n'ont pas l'opportunité de travailler à leur développement spirituel, malgré le besoin qu'ils en éprouvent, parce qu'ils sont tellement absorbés par les occupations matérielles qu'il leur manque le temps d'étudier et de méditer celles de l'Esprit. C'est là un fait dont on se plaint très généralement. En considérant ce problème, nous devons tout d'abord nous demander en quoi consiste le travail matériel et en quoi consiste le travail spirituel. Pour la plupart des gens la réponse à cette question semblerait bien simple.
Le travail spirituel, diraient-ils, consiste dans la prière, la méditation, la lecture de la Bible et autres livres religieux, la fréquentation des cultes, etc. Toutes ces choses exigent quelque loisir, de la solitude et plus ou moins de temps, afin que l'on puisse être seul avec Dieu et ses propres pensées; de plus elles sont indispensables. En réalité, le besoin s'en est fait sentir à tel point, que depuis des siècles il existe des institutions de genres divers qui remplissent les conditions favorables à de telles pratiques. Jésus sentait évidemment ce besoin lorsqu'il se retirait à la Montagne des Oliviers, et qu'il passait la nuit seul avec son Créateur.
On pourrait répondre de différentes manières à la question relative à ce qui constitue le travail matériel. La ménagère dirait peut-être qu'il consiste à laver la vaisselle, à faire les lits, à préparer les repas pour la famille ou à vaquer aux divers soins du même genre dans la maison. Ceux qui sont dans les affaires envisageraient la question au point de vue des hommes d'affaires. Le journalier, l'artisan, l'employé répondraient chacun différemment; mais chacun exprimerait le même concept général en ce qui concerne le travail matériel.
Eh bien! discutons ensemble ce sujet important. Le Prophète Nazaréen a donné une leçon de choses, un exemple qui doit nous servir de ligne de conduite en toutes occasions. Sa vie fut un modèle de douceur, d'obéissance et de soumission aux lois du pays, non seulement durant les trois années de son ministère public, mais aussi pendant son enfance et sa jeunesse. St. Luc nous dit que “le petit enfant grandissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.” Cette déclaration se rapporte au temps où Jésus n'avait que douze ans. C'est à cette époque qu'il accompagna ses parents à Jérusalem et demeura en arrière comme ceux-ci retournaient chez eux. “Ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et leur faisant des questions.” Et lorsque sa mère le réprimanda, il répondit: “Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être occupé des affaires de mon Père?” Mais, plus loin, le texte ajoute: “Il s'en alla ensuite avec eux et vint à Nazareth, et il leur était soumis.” Ensuite, il servit ses parents pendant dix-huit ans, menant la vie d'un jeune Hébreu, gagnant son pain comme menuisier, en attendant qu'il fût prêt à entreprendre la grande œuvre de sa vie.
Sachant que les Juifs posèrent la question suivante: "Comment cet homme connaît-il les Écritures, lui qui n'a pas étudié?” nous en déduisons que Jésus a dû acquérir la connaissance des choses de l'Esprit en tout lieu et quels que fussent ses actes. Alors même qu'il se livrait à un travail soi-disant matériel, il acquérait cette compréhension de la Vérité qui le mit à même de devenir plus tard le plus grand guérisseur et le plus grand maître que le monde ait jamais connu. Or, quelle est la portée de cette leçon de choses pour l'étudiant de la Science Chrétienne de nos jours? Ne nous donne-t-elle pas une meilleure idée de la manière dont nous pouvons progresser et nous développer? Et ne pouvons-nous pas comprendre plus clairement ce que signifient les paroles de notre Leader, Mrs. Eddy, lorsqu'elle dit à la page 253 de notre livre de texte, “Science et Santé avec la Clef des Écritures”: “L'injonction divine: ‘Soyez donc parfaits’ est scientifique, et l'on ne peut se dispenser de faire les pas humains qui mènent à la perfection.” Il est bon que nous considérions attentivement ce que veut dire Mrs. Eddy par “les pas humains.”
D'après l'interprétation que la Science Chrétienne donne de la Bible, nous comprenons que l'homme réel est actuellement au point de la perfection; que l'homme n'a jamais été et ne sera jamais ni plus ni moins que l'image et la ressemblance parfaites de Dieu, ainsi que le déclarent les Écritures. Nous saisissons cela; mais il y a quelque chose de plus nécessaire encore,— c'est la capacité de vivre cette vérité puissante. Le réveil du rêve de la matière, du péché, de la maladie et de la mort n'a lieu que lentement dans ce siècle, et uniquement dans la mesure où nous faisons graduellement les pas humains.
Nous constatons que nous faisons ces pas, peut-être à demi inconsciemment, à mesure que nous poursuivons l'étude de la Science Chrétienne et que nous nous efforçons de mettre en pratique ce que nous apprenons ainsi. Il est certain que de cette manière il se manifeste en général une amélioration de la santé qui augmente notre pouvoir de nous rendre utiles. Ainsi, la maîtresse de maison devient nécessairement une meilleure maîtresse de maison. Il y aura au foyer une plus grande compétence, un sens plus élevé de régularité et d'ordre, peut-être même de beauté et de gaieté. Dans le monde des affaires, on s'aperçoit peu à peu que le vrai Scientiste Chrétien est un confrère digne de confiance, ou un bon employeur ou un employé sur lequel on peut compter. De plus, il devient un meilleur voisin, un meilleur ami et un meilleur ouvrier. Personne ne pourrait admettre que Jésus laissait à désirer à ces points de vue.
Christ Jésus n'était pas un ermite. Nous avons tout lieu de croire que les conditions extérieures de son existence humaine ne différaient pas de celles de la plupart des jeunes Hébreux de son rang; et cependant il trouva le temps d'apprendre les Écritures mieux que personne ne les avait jamais apprises; il trouva également le temps de se livrer à la méditation et à la prière. L'exemple de sa vie ne nous enseigne-t-il pas qu'en règle générale, nous devons consacrer beaucoup moins de temps à la lecture et à la réflexion qu'à la mise en pratique, dans notre vie, de la vérité que nous avons apprise en lisant? Tout travail qui concourt à l'amélioration des conditions humaines est en quelque mesure spirituel, lors même qu'il ne consisterait qu'à se “tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu;” parce que tout bien est spirituel. Le sens matériel n'a aucun concept réel du bien, pas plus qu'il n'a le pouvoir d'accomplir le bien. Tout le bien vient de Dieu; et il n'y a pas d'autre Dieu que Lui.
Le divin Principe de la pratique de la Science Chrétienne se manifeste par l'harmonie. Lire beaucoup, sans prendre le temps de mettre en pratique ce que nous avons lu, est aussi peu profitable que d'essayer de pratiquer cette Science sans prendre le temps d'étudier, et partant, d'apprendre ce qu'est en réalité le Principe et quelles sont ses exigences. La pensée est toujours occupée, toujours active, quel que soit le travail de nos mains; et à la page 261 de Science et Santé notre Leader nous exhorte en ces termes: “Fixez votre pensée fermement sur les choses permanentes, bonnes et vraies, et vous les ferez entrer dans votre expérience dans la mesure où elles occuperont vos pensées.” Si nous sommes certains que non seulement nous nous efforçons de tirer le meilleur parti de nos moments de tranquillité, mais encore que nous faisons de notre mieux pour démontrer, pendant nos heures d'affaires, les pensées salutaires qui nous viennent pendant que nous lisons et méditons, alors nous pourrons être certains qu'à mesure que le temps passera, l'opportunité de faire tout travail spirituel comme notre Père veut que nous l'accomplissions, nous sera donnée suivant que nous serons à même de l'utiliser. L'auteur de ces lignes a prouvé la chose maintes et maintes fois. Veillons à accomplir fidèlement les quelques devoirs qui nous incombent, et nous pouvons être absolument certains que Dieu tiendra Ses promesses. Quel que soit le besoin matériel,— que ce soit la santé, le bonheur ou la prospérité,— il sera abondamment satisfait, et cela en temps opportun, si nous persévérons et “si nous ne nous relâchons point.”
