« Vous risquez d’être surpris ! » a déclaré l’employée du service des transports lorsque nous avons signalé la perte de notre téléphone. Et d’ajouter : « Le plus souvent, les personnes qui trouvent un téléphone le remettent à notre service. Continuez d’appeler jusqu’à ce que quelqu’un vous réponde. »
Elle avait raison sur les deux points. Nous avons effectivement été surpris (et rassurés) par ce contre-pied à l’idée selon laquelle les téléphones perdus restent introuvables. Comme prévu, on nous a rapidement rendu le téléphone, et la personne qui nous l’a remis l’avait gentiment rechargé.
Nous aimerions pouvoir nous attendre à une telle bienveillance de la part de tous, mais cela semble difficile à espérer. A en juger par ce que nous voyons sur les réseaux sociaux et dans la sphère politique, ou même dans notre expérience personnelle, beaucoup d’entre nous concluent que le plus sage est de considérer l’existence avec cynisme.
Nous ne voulons certes pas manquer de sagesse dans nos relations avec les autres, mais être cynique, ce n’est pas être sage. Cette attitude ne fait que jeter de l’huile sur le feu et, d’un point de vue spirituel, elle est toujours erronée. Souhaitons-nous vraiment renforcer cette conviction selon laquelle l’humanité est créée matériellement, qu’elle est motivée uniquement par l’intérêt personnel et que ses mobiles et ses actes sont en général mal inspirés ? Au contraire, nous pouvons prendre position en faveur de la réalité de l’existence présentée dans les Ecritures, lesquelles nous apprennent que tous sont créés à l’image de l’Esprit, Dieu, exprimant la bonté infinie, la lumière spirituelle et l’amour.
Comme l’a reconnu le psalmiste, ce que nous choisissons de garder dans notre cœur comme réel a son importance pour nous comme pour les autres. Il pria ainsi : « Reçois favorablement les paroles de ma bouche et les sentiments de mon cœur, ô Eternel, mon rocher et mon libérateur. » (psaume 19:15)
La vision incarnée à merveille par Jésus est en adéquation avec l’Entendement divin, Dieu. Jésus était un avec le Christ, la Vérité, y compris l’idée spirituelle selon laquelle Dieu est la source unique et parfaite de tout. Il percevait ce que Dieu voit : notre reflet à la gloire de l’Entendement et notre identité spirituelle à l’image de la bonté inébranlable de Dieu. Cette vision du Christ avait pour résultat les guérisons accomplies par Jésus, qui montraient que l’opposé du cynisme n’est pas la naïveté, mais plutôt une attente légitime du bien, ancrée dans la Science de notre être, l’identité spirituelle véritable de chacun.
Cette identité est décrite dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, de Mary Baker Eddy : « La substance, la Vie, l’intelligence, la Vérité et l’Amour qui constituent la Divinité, sont réfléchis par Sa création ; et lorsque nous subordonnerons le faux témoignage des sens corporels aux faits de la Science, nous verrons partout cette vraie ressemblance et ce vrai reflet. » (p. 516)
L’expression « partout » exclut toute lacune, mais un point de vue plein de cynisme en voit beaucoup. Il subordonne « les faits de la Science » au « faux témoignage des sens corporels », et voit dans les autres un homme mortel qui n’est pas l’image de Dieu. Cette façon de penser réductrice voudrait nous séparer de la source divine de toute joie, de toute santé et de toute harmonie ; mais le fait de céder au Christ nous montre que nous sommes unis à cette source pour toujours. Le Christ nous libère de cet état mental morose qui ne réussit pas à voir, ou refuse de voir l’identité spirituelle des autres, et il met en lumière la conscience qui contribue à la guérison à laquelle le cynisme ne peut parvenir.
Prenons l’exemple d’une personne qui semble avoir tiré un bénéfice en bafouant les droits d’autrui. Se résigner à une attitude cynique, c’est admettre la croyance à un entendement séparé de l’unique Entendement divin. Au contraire, fonder ses pensées sur la réalité divine de l’identité spirituelle de chacun, c’est réfuter le mensonge plus pernicieux selon lequel l’homme peut être un mortel mû par l’intérêt personnel, qui ne se soucie pas des conséquences que cela peut avoir pour les autres.
Faisant cela, on pourrait bien être surpris. Peut-être verra-t-on un politicien ou un parti politique, que nous croyons servir ses propres intérêts, agir pour le bien commun. Peut-être verra-t-on un organe de presse laisser tomber son parti pris habituel pour écrire un reportage équitable sur un sujet qu’il aurait normalement minimisé ou ignoré. Peut-être verra-t-on la paix et la justice commencer à voir le jour dans une région en proie à la guerre.
Le Christ révèle que le cynisme n’est jamais le véritable état d’esprit de quiconque ; on s’en libère en affirmant cette vérité et en l’acceptant. Il est aussi possible de réfuter fermement la croyance à la contagion des mauvaises pensées, comme l’écrit Mary Baker Eddy : « Si l’erreur qui frappe à la porte de votre propre pensée a pris naissance dans l’entendement d’autrui, vous êtes moralement libre de rejeter cette erreur… » (Ecrits divers 1883-1896, p. 83)
J’ai fait l’expérience de cette autorité morale lorsque j’ai rencontré la Science Chrétienne alors que j’avais une vingtaine d'années. Dans un moment d’illumination spirituelle, j’ai reconnu que le cynisme, que j’avais « attrapé » à cause de l’influence des médias dont je m’étais imprégné, n’existait pas dans l’Entendement et ne faisait donc pas partie de moi en tant qu’image de l’Entendement. Cela m’a donné le courage de « rejeter cette erreur » avec fermeté et m’a permis d’affronter les problèmes du monde avec un espoir fondé sur Dieu.
Comme nos pensées nous accompagnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il est judicieux de bien les choisir. On peut opposer au cynisme la confiance et le courage, attitude que Jésus recommande à travers ses démonstrations. Il dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16:33)
S’éveiller à la vision du Christ, qui est par essence dénuée de tout cynisme et constitue notre véritable conscience, c’est suivre le chemin tracé par Jésus. Grâce au Christ, nous pouvons rejeter le cynisme qui nous est imposé par le monde matériel pour exprimer notre confiance spirituelle innée, et nous attendre à ce qui est bon sur cette base spirituelle, pour notre bien et celui du monde.
Tony Lobl
Rédacteur adjoint