Dans les pratiques religieuses, le sacrifice peut prendre différentes formes. Dans de nombreuses cultures anciennes, le sacrifice d'animaux pour exprimer son respect envers les dieux tribaux était au cœur du culte. Cette pratique existait chez les Hébreux de l’Antiquité, au moins depuis Noé, il y a des milliers d’années (voir Genèse 8:15–21).
De nombreux siècles après Noé, le prophète Michée a encouragé les Hébreux à témoigner de leur respect envers Dieu d’une manière très différente : en offrant l’attitude la plus pure, plutôt que l’animal le plus pur. Michée demande : « Avec quoi me présenterai-je devant l’Eternel, m’humilierai-je devant le Dieu Très-Haut ? Me présenterai-je avec des holocaustes, avec des veaux d’un an ? L’Eternel agréera-t-il des milliers de béliers, des myriades de torrents d’huile ? »
Michée répond ensuite : « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu. » (Michée 6:6–8)
Quelque sept cents ans après Michée, Christ Jésus a poursuivi en ce sens, disant : « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande. » (Matthieu 5:23, 24)
Tout au long de son ministère d’enseignement et de guérison, Jésus a révélé un Dieu qui est l’Amour même. Nous pouvons donc raisonnablement en conclure qu’avoir une relation juste avec notre créateur, l’Amour divin, être en harmonie avec lui, suppose nécessairement d’avoir une relation juste avec les enfants de l’Amour. J’ai découvert que pour expérimenter la joie sans entraves qui découle de notre unité avec notre créateur, il ne peut subsister de conflit latent et non résolu – nous devons d’abord régler les choses avec les autres avant de revenir vers l’autel.
Les enseignements de Jésus nous montrent constamment ce que signifie vivre en ayant une relation directe avec un Dieu aimant, qui veut que nous aimions toute la création comme Il l’aime Lui-même. Jésus nous invite à penser au-delà de la notion qui prétend que l’on est un mortel plutôt bon et parfois moins bon.
Comment pouvons-nous atteindre cet état de conscience où nous voyons les enfants de Dieu comme Dieu les voit ? Comment pouvons-nous dépasser le souvenir de paroles blessantes ou de mauvais comportements ? La clé, c’est le sens spirituel. Même si nous résistons parfois en disant : « Je ne peux pas », « Je ne suis pas prêt », « Il ou elle ne mérite pas mon pardon », une telle résistance doit céder, car le progrès spirituel est une exigence divine. Dans son livre Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy écrit : « L’injonction divine, "Soyez donc parfaits" est scientifique, et il est indispensable de faire les pas humains qui mènent à la perfection. » (p. 253-254) Nous sommes prêts. Nous méritons la liberté et la vitalité qui accompagnent le pardon.
Nous avons été éduqués à tirer des conclusions principalement à partir de ce que les sens matériels nous disent. Le sens spirituel, au contraire, sacrifie l’ego qui veut attribuer la faute à quelqu’un. Il élève la pensée au-dessus du flou des observations matérielles et nous élève au-delà des apparences, afin de découvrir les qualités spirituelles rédemptrices. Cela nous pousse à rechercher et à identifier ce que Dieu a placé dans chaque cœur.
La propre justification est probablement le principal obstacle à la réconciliation. Nous convaincre qu’il est justifié de nous sentir en colère ou blessés engendre souvent une illusion de supériorité et la notion qu’il n’y a rien à faire tant que l’autre ne s’excuse pas ou ne se réforme pas. Encore plus destructrice peut être la tendance à rejeter l’autre sous prétexte qu’il n’est pas digne de notre pardon, et à penser que nous pouvons simplement l’oublier. Jésus ne recommande jamais d’attendre que quelqu’un d’autre s’excuse, ni de l’ignorer. Remettre humblement quelqu’un sous la garde de Dieu pour la guérison est très différent du fait d’ignorer son existence.
Faire cela de manière constante demande de la pratique et un grand amour pour Dieu. Parfois, j’ai dû dire : « Cher Père, je ne sais pas ce que Tu aimes chez cette personne, mais quoi que ce soit, je l’aimerai aussi. » La bonne volonté d’avancer en direction de la guérison fait que les chaînes du jugement ou du ressentiment se relâchent jusqu’à ce qu’elles cèdent.
Il se trouve qu’un jour une voisine s’est mise à éprouver de la haine envers moi sur la base de quelque chose de faux. J’ai dû rejeter le sentiment d’avoir été blessée et la propre justification, et prier simplement pour aimer tout ce que Dieu aime. Des mois plus tard, elle est venue frapper à ma porte pour me parler comme si de rien n’était, mettant fin à toute hostilité (voir « I’m not going there » [Je n’irai pas dans cette direction], Christian Science Sentinel, 11 janvier 2021).
Le prérequis de Jésus : « Laisse là ton offrande devant l’autel », nous fortifie pour obéir aux aspects pratiques du christianisme, aux deux commandements qu’il a indiqués en réponse à la question posée par un scribe : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Sa réponse a été : « Voici le premier : Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur, et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. » Puis il a dit : « Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Marc 12:28–31)
Parce que le pardon est initié par Dieu, nous pouvons avancer dans cette direction en toute confiance. Nous pouvons être disposés à rendre témoignage non seulement de la vraie nature de quelqu’un d’autre, mais aussi de la manière dont Dieu résoudra les problèmes. Quel que soit le résultat, nous pouvons écouter de tout notre cœur les paroles qui proviennent de l’amour universel de Dieu, concentrer nos pensées uniquement sur elles, et ne prononcer que ces paroles.
En abandonnant une vision matérielle de nous-mêmes pour adopter une vision divine de notre ressemblance avec notre Créateur, et en incluant dans cette vision divine une personne de laquelle nous nous sommes éloignés, que ce soit un membre de la famille, un voisin, une connaissance, un étranger ou même une personnalité publique pour laquelle nous éprouvons de l’antipathie, nous établissons la paix dans nos pensées, car nous avons sincèrement fait de notre mieux. Nous avons pris toutes les mesures résultant de nos prières sincères, et nous avons confié le reste à Dieu. C’est là que nous ressentons la paix réparatrice du retour à l’autel – notre lieu de rencontre métaphorique avec Dieu – et que nous déposons notre offrande de gratitude à Dieu pour nous avoir montré qui nous sommes en tant que Sa ressemblance, et comment mieux aimer notre prochain.