... utilise ce que tu as, fais ce que tu peux. » Cette déclaration, attribuée à Arthur Ashe, une légende du tennis américain, a inspiré de nombreuses personnes, et a peut-être influencé la manière dont certains abordent la conduite de leurs affaires personnelles et professionnelles. Mais est-ce là ce que l’on fait quand on prie ?
Une impulsion naturelle pousse les croyants à prier au sujet des événements qui traversent leur vie et nécessitent un ajustement ou une guérison. C’est le désir ardent de sentir la présence de ce Dieu que la Bible appelle Amour et qui réconforte, élève, guide et régénère. Mais estimons-nous que cette prière rayonne au-delà des limites de nos préoccupations personnelles ? « Faire ce que l’on peut », c’est inclure dans nos prières notre quartier, notre localité et le monde ; c’est réaliser que l’on peut changer le cours des événements.
Le ministère de Jésus donne l’exemple d’une pratique aussi étendue. Si sa mission n’avait concerné que lui, il ne se serait pas entouré de disciples comme il l’a fait. Si sa mission n’avait été réservée qu’à ce petit groupe de personnes, il n’aurait pas envoyé ces disciples dans le monde. Ceux qui sont venus après Jésus, comme l’apôtre Paul, ont enseigné un aspect essentiel du christianisme, à savoir le pouvoir qu’a la prière individuelle de toucher une communauté, et même le monde. Paul écrit dans son épître aux Galates (5:9) : « Un peu de levain fait lever toute la pâte. » La nature d’une idée – ou inspiration spirituelle – basée sur la compréhension de Dieu en tant que Tout change et élève le paysage mental. C’est là l’activité du Christ, une « influence divine toujours présente dans la conscience humaine » (Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. xi).
Nos prières constituent aujourd’hui une forme du levain de la Vérité dont le monde a besoin. Il est possible de commencer là où l’on se trouve, même si les problèmes mondiaux semblent insurmontables. On peut débuter par une simple pensée, car si l’on pense à un évènement qui se déroule dans le monde, on peut prier à ce sujet. Le passage de la pensée à la prière n’a en fait rien d’une transition. Le Christ, cette impulsion divine, nous amène à passer de simples observations humaines à des pensées spirituellement justes quant à ce que nous voyons.
Ces pensées spirituelles et justes nous viennent lorsque nous nous tournons vers Dieu afin de découvrir, d’accueillir et de comprendre ce que l’Amour divin connaît et voit, et comprendre que c’est là la réalité de la Vie, ou Dieu. Une seule pensée divine a plus d’impact que n’importe quelle autre pensée dont nous pourrions être conscients, parce que Dieu, l’Esprit, est Tout, et qu’Il remplit tout l’espace. Ainsi, en cultivant cette perception spirituelle, nous faisons partie de cette totalité. Ce point de vue spirituel n’est pas un contrepoids à l’erreur, comme si le sens erroné ou terrestre, avait un poids ou une substance. En fait, la pensée et la compréhension spirituelles nous établissent sur la base de tout ce qui est juste, tout ce qui est réel et vrai.
Nous ne pouvons accomplir notre travail spirituel de manière égoïste ou uniquement pour nous-mêmes. Nous en avons la confirmation dans les Evangiles et les écrits de Mary Baker Eddy. « Tout ce qui bénit l’un bénit tous… » écrit-elle dans son livre d’étude sur la guérison chrétienne, Science et Santé (p. 206). Une vraie bénédiction doit venir de Dieu, et ce qui vient de Dieu est forcément une bénédiction. Ainsi, même si personne ne décroche son téléphone pour nous demander de prier, on peut savoir que chaque pensée juste est efficace et va changer le cours des choses. Il nous est toujours possible de prier et de prier sans cesse (voir I Thessaloniciens 5:17).
Pour ma part, j’ai commencé à prier au-delà des frontières de ma propre vie il y a des années, en observant ce qui se passait autour de moi, dans mon environnement et ma ville. Lors d’un incident, je me suis rendu compte que le couple qui vivait dans l’appartement au-dessus du mien se disputait en permanence ou presque. Le problème était littéralement à ma porte et nécessitait, plus qu’un constat passif, une prière sincère. C’est donc ce que j’ai fait. J’ai prié pour savoir que Dieu est Amour, que l’Amour est notre seul véritable mobile, que l’Amour nous a créés, que chacun d’entre nous est l’expression de cet Amour, et que c’est la seule chose que nous savons faire et être.
Un soir, au cours d’une dispute particulièrement bruyante, je suis montée à l’étage au-dessus et j’ai frappé à leur porte. L’homme a ouvert. La femme était assise non loin et pleurait. Aucun d’entre nous n’a prononcé une parole. Mais le Christ, l’esprit d’Amour et de Vérité, était présent et nous a touchés tous les trois. Au bout d’un long silence, l’homme a secoué la tête, comme pour dire : « Je ne veux plus être comme ça », et il a doucement fermé la porte. Je n’ai plus jamais entendu de dispute pendant tout le temps où j’ai vécu dans cet immeuble. Quelques jours plus tard, je les ai vus sur le perron en train de parler joyeusement, main dans la main.
Chacun d’entre nous pourrait puiser un exemple dans sa propre vie qui montre comment une pensée juste, aussi simple soit-elle, a apaisé la colère, un conflit ou la peur, en faisant pencher la balance du côté de Dieu, le bien. Et cela apporte la guérison. Science et Santé affirme que « le monde ressent par tous ses pores l’influence transformatrice de la vérité » (p. 224). En entretenant des pensées spirituelles, ouvertes sur le monde et désintéressées, nous contribuons à ce changement de cap, à cette évolution nécessaire vers la réalité toujours présente de l’Esprit, qui embrasse tout. Et nous pouvons commencer là même où nous sommes.
Ethel A. Baker
Rédactrice en chef