« Apprends-moi à aimer »

Il fut un temps où, dans ma prière quotidienne,
Je souhaitais les choses que j’estimais les plus belles
Et nécessaires à ma vie : le succès,
la richesse, bien sûr, le bien-être, et le bonheur ;
Une foule d’amis, un foyer harmonieux ;
Un chemin pavé de roses, de luxe, de joie,
Un statut social, et assez de renommée
Pour laisser après moi mon nom à la postérité.

L’ambition régissait ma vie. J’aspirais à faire
De grandes choses, que mon entourage 
Estimerait : « Formidables ! »
O Dieu patient,
Que nous sommes aveugles, avant que la houlette salutaire de Ton berger
Nous conduise avec douceur
Vers des horizons meilleurs ! En ce jour, Seigneur,
Je n’ai qu’une demande : Apprends-moi à aimer. Oui,
C’est mon seul et plus ardent besoin.
Apprends-moi à aimer, non ceux dont l’amour m’est acquis,
Mais le monde entier, avec cette pureté rare
D’une pensée large et puissante, sans nulle trace
De souillure terrestre, qui tient dans son étreinte
L’humanité, et semble seulement voir
Le bien en tout, reflété, Seigneur, d’après Toi.

Apprends-moi, Père, à aimer par-dessus tout
Ceux qui ont tant besoin d’amour – la multitude
Des malades, des pauvres et des malheureux,
Dont les visages fatigués montrent de leur vie la tristesse,
Ceux qui marchent à grand peine sur le chemin,
Le cœur chargé d’un poids qu’on ne peut soupçonner.
Des êtres que les autres ignorent royalement,
Restant sourds à la supplication de cet appel
A l’aide, perdu dans le tumulte de la foule.
Ceux que l’angoisse même rend hautains et fiers,
Rancuniers, têtus, amers dans leur chagrin.
Je veux leur apporter soulagement et réconfort,
Mettre ma main dans la leur et, à leur côté,
Marcher paisiblement, guide fidèle et sans peur.
O Sauveur, toi le Christ, la Vérité, toujours présent,
Rends-moi consciente de ces affligés doublement chers
Dont les besoins sont si grands ! Aide-moi à chercher
Avec succès ce qu’ils croyaient disparu ; à trouver
Des paroles d’encouragement pour que, à travers
Le désert, retentissent des chants.