Un soir d’hiver, il y a trois ans, je marchais dans une grande ville avec une amie. Nous sortions juste d’un agréable dîner où nous avions bien bavardé, et flânions tranquillement en faisant du lèche-vitrine sur le chemin du retour. Nous avons vu un jeune homme, un gamin, assis sur des marches, grelottant et tenant un carton sur lequel il avait écrit : « Je suis à la rue et j’ai faim. Aidez-moi s’il vous plaît. Je ne me drogue pas. »
Quand nous sommes arrivées à sa hauteur, nos regards se sont croisés, mais nous avons poursuivi notre marche. Mon amie et moi restions silencieuses. Nous étions toutes deux mamans, et je pense que nous éprouvions les mêmes sentiments. Mais au bout d’une vingtaine de pas, sans rien dire, j’ai senti monter en moi une émotion incontrôlable, et je me suis mise à vaciller sur mes jambes. J’ai dû m’arrêter et m’appuyer contre le mur d’un immeuble. Mon amie s’est arrêtée aussi et m’a pris la main.
« Je dois faire quelque chose, ai-je dit en fondant en larmes. On ne peut pas laisser ce gamin comme ça. Revenons en arrière. Amenons-le à la maison. » Nous sommes restés plantées là, dans le froid, pendant un moment encore, et puis mon amie m’a demandé : « Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi réagis-tu de façon si émotionnelle ? »
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