Un des personnages du conte « Le Petit Prince » d'Antoine de Saint-Exupéry, est un roi qui ne donne que des ordres « raisonnables ». Par exemple, à l'heure du couchant, il ordonne au soleil de se coucher; ainsi, il est sûr d'être obéi.
Cette situation humoristique suggère une grande vérité: la loi véritable doit être en accord parfait avec la nature véritable des êtres et des choses. Elle est la loi de l'Amour pour toute réalité. Notre obéissance à cette loi — ou notre discipline — est donc tout simplement la recherche de notre vie réelle.
Une telle discipline ne constitue pas une contrainte mais une activité naturelle, libre et joyeuse. Dans la Bible, cet aspect vital de l'obéissance apparaît plusieurs fois et notamment dans ces paroles de l'Éternel adressées à Moïse: « Vous observerez mes lois et mes ordonnances: l'homme qui les mettra en pratique vivra par elles. » Lév. 18:5;
La Science Chrétienne soutient que la vraie loi est spirituelle, morale, c'est-à-dire qu'elle n'est constituée que par les revendications de Dieu, ou le bien, et qu'elle aboutit à l'harmonie. Les lois matérielles censées soutenir la maladie et les désastres, les penchants mortels qui favorisent la malhonnêteté et les faux appétits, ne sont pas du tout des lois mais des croyances collectives, sans fondement dans la réalité. C'est l'illusion de la vie dans la matière qui cache aux hommes la vraie Vie et sa parfaite ordonnance; c'est elle qui engendre la croyance à la limitation, à la crainte et à l'égoïsme.
A une certaine époque, j'avais une profonde aversion pour ce que je pensais être la discipline. Je n'y voyais qu'une entrave à ma liberté. Puis vint la seconde guerre mondiale, et je me retrouvai pour un temps, prisonnier dans un camp improvisé. Les officiers ayant cessé d'exercer leur autorité, la loi des plus débrouillards s'instaura dans ce camp. J'éprouvai alors un grand besoin d'ordre, de justice, de loi, et je révisai entièrement mon jugement sur la discipline. Sans une autorité morale et une obéissance consentie, la vie en communauté devient vite impossible.
Il se peut que les lois des sociétés humaines ne soient pas parfaites: elles ne sont justes et bonnes que dans la mesure où elles reflètent la loi divine de l'Amour. Mais l'établissement de lois même imparfaites vaut mieux que l'absence totale de loi. Ainsi certaines règles de la circulation des véhicules peuvent prêter à critique, mais que serait l'état de cette circulation sans aucun règlement ? Sans loi acceptée, la liberté ne peut s'exercer. Même dans les domaines des sports, des arts, des sciences, un nouveau sens de liberté est toujours précédé de l'acquisition d'une nouvelle discipline. Aller à bicyclette, nager, jouer d'un instrument de musique, faire de nouvelles découvertes scientifiques demande la connaissance préalable des lois correspondantes.
Au sortir de leur esclavage en Égypte, les Hébreux reçurent des lois par l'intermédiaire de Moïse. Le nom hébreu Thora, la loi, vient d'un mot qui signifie « enseigner ». La loi mosaïque avait pour but d'enseigner à ces gens qui sortaient d'esclavage à devenir vraiment des hommes libres. Il leur fallait acquérir des habitudes morales, apprendre à refréner l'égoïsme, l'animalité, l'idolâtrie jusqu'à ce que leur nature fût transformée par la loi écrite et fût prête pour la loi de l'Amour que devait révéler Christ Jésus et que l'apôtre Jacques appelle dans son épître « la loi parfaite, la loi de la liberté ». Jacques 1:25;
Dans son Sermon sur la Montagne — et tout en annonçant la bonne nouvelle de la présence du royaume des cieux parmi les hommes — le Maître recommandait: « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. » Matth. 7:13, 14; Le chemin spacieux qui mène à la perdition, n'est-ce pas celui de l'égoïsme, de l'ambition sans scrupules et de la volonté personnelle ? Le chemin resserré qui mène à la vie, n'est-ce pas celui de l'abnégation du moi et de la discipline morale et spirituelle ?
Notre Maître pratiqua si parfaitement cette discipline qu'il pouvait déclarer: « Je ne puis rien faire de moi-même... parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » Jean 5:30; Il s'identifiait tellement au bien auquel il obéissait qu'il put affirmer: « Moi et le Père nous sommes un. » 10:30;
Cette discipline spirituelle inclut la simple discipline morale mais elle mène bien plus loin que celle-ci dans l'élucidation de ce qu'est la liberté. Elle permit à Jésus d'accomplir toutes les merveilleuses guérisons qui sont relatées dans les Évangiles et elle le conduisit jusqu'à la domination totale sur le corps, à la résurrection et à l'ascension audessus de toute condition matérielle, à la liberté spirituelle complète. Cette même discipline permit à Mary Baker Eddy — et permet à tous ceux qui la suivent en suivant le Christ aujourd'hui — de réitérer à notre époque, dans une grande mesure, les œuvres qu'avaient accomplies le Maître et ses apôtres il y a 1900 ans.
Dans le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé, Mrs. Eddy trace pour nous ce chemin des sens à la liberté de l'Ame. Dans son effort pour répandre les vérités qu'elle avait découvertes, elle vit la nécessité d'organiser le mouvement de la Science Chrétienne d'une façon stable et elle fixa dans le Manuel de L'Église Mère des règles de conduite pour protéger et soutenir les progrès spirituels des Scientistes Chrétiens. Il est intéressant de remarquer qu'en obéissant aux Statuts du Manuel on obéit à l'Esprit qui guida Mrs. Eddy dans leur élaboration et qui favorise le déroulement du bien.
Une Scientiste Chrétienne s'était mise en congé afin d'élever son jeune bébé. Pour améliorer les ressources modestes du ménage, des amis qui travaillaient dans une grande administration firent une offre qu'elle et son mari acceptèrent avec gratitude. Il s'agissait d'un travail à faire à domicile. Le salaire ne serait pas déclaré aux impôts et ne serait donc diminué d'aucune des retenues légales.
Avant que ne débutât ce travail, son mari, étudiant un après-midi les Articles de Foi de L'Église Mère qui se trouvent dans le Manuel, lut au dernier de ces articles: « Et nous promettons solennellement de veiller, et de prier pour que cet Entendement qui était en Christ Jésus soit également en nous, de faire aux autres ce que nous voudrions qu'ils nous fissent, et d'être miséricordieux, justes et purs. » Man., p. 16; Il vit alors clairement que la proposition tentante qui leur était faite ne pouvait être acceptée.
Sa femme tomba immédiatement d'accord: l'amélioration de leur situation ne pouvait provenir d'une désobéissance à la loi. Quand le mari se rendit auprès des personnes qui avaient fait l'offre, pour la décliner, il lui fut proposé pour lui-même un travail intéressant à plein temps qu'il accepta immédiatement et qui constitua un progrès important à plusieurs points de vue sur l'activité qu'il avait exercée jusqu'alors.
Dans son ouvrage Rétrospection et Introspection, Mrs. Eddy déclare: « Les véritables Scientistes Chrétiens sont, ou devraient être, les gens les plus systématiques de la terre, et les plus obéissants à la loi, parce que leur religion exige une adhérence implicite à des règles fixes, dans la démonstration méthodique de celles-ci. » Rét., p. 87. Que gagnons-nous par cette obéissance, qu'elle soit ou non à notre avantage ? Nous reconnaissons implicitement le pouvoir en soi du bien et nous accédons progressivement à la compréhension de l'omnipotence de Dieu. Nous acquérons dans le même temps la force morale qui nous sera nécessaire pour pouvoir obéir aux directives divines et tenir ferme pour la Vérité quand nous nous trouverons en présence de la maladie ou d'autres difficultés.
Une très belle définition de la loi se trouve dans le dictionnaire Littré. La voici: « prescription émanant de l'autorité souveraine ». Dans la Science Chrétienne, le bien est l'autorité souveraine ou Dieu. Bref, la loi est donc ce que nous commande le bien. Si nous sommes vigilants pour écouter Dieu, le bien, et pour Lui obéir en toutes circonstances, et si nous faisons des efforts continuels pour faire taire notre sens personnel qui s'y oppose, nous entendrons toujours plus directement et plus clairement les directives parfaites. Notre être réel nous sera mieux révélé, nos désirs s'accorderont avec l'ordre divin et nous vivrons le bien en toute liberté.
