Il peut sembler surprenant qu’après avoir découvert la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy n’ait pas aussitôt entrepris de fonder une église. En fait, elle espérait que ce ne serait pas nécessaire. Et quelques années allaient s’écouler avant qu’elle ne soit convaincue de la nécessité de le faire.
Au départ, Mrs. Eddy pensait que d’autres dénominations embrasseraient la révélation de la Science Chrétienne, sa façon d’expliquer comment suivre le commandement de guérir les malades que nous a donné Christ Jésus, et l’œuvre de guérison remarquable qui résulte de la mise en pratique de ces enseignements. Mais elle a peu à peu constaté que, sans la discipline d’une Eglise, les adeptes de sa nouvelle religion commençaient de s’égarer. Comme l’explique un de ses biographes : « Trop de néophytes, attirés par les enseignements de Mrs. Eddy mais peu disposés à en accepter la discipline – pourtant tout aussi essentielle à n’importe quelle entreprise scientifique sérieuse qu’à tout engagement chrétien valable … se firent les avocats de versions personnelles de la Science Chrétienne, versions qui n’étaient ni chrétiennes ni scientifiques » (Robert Peel, « L’histoire de L’Église Mère », Le Héraut de la Science Chrétienne, juillet 1983, paru à l’origine dans le Christian Science Journal, juin 1982).
C’est ainsi qu’en 1879, elle fonda sa première Eglise, qui fut finalement nommée La Première Eglise du Christ, Scientiste. Son but inspiré est évoqué par les deux mots composant le mot grec ekklesia traduit par église : ek, qui signifie hors de ou loin de ; et un dérivé de kaleo, qui signifie appeler. Cela suggère qu’en plus de réunir les chercheurs de la Vérité, l’Eglise est là pour nous appeler hors d’un sens mortel de l’existence et de l’identité et nous amener à la compréhension de la véritable nature spirituelle de l’homme. C’est l’esprit de Dieu, le Saint-Esprit, communiqué lors de chaque service de l’Eglise de la Science Chrétienne, qui éveille la pensée, permettant à chaque membre de l’assemblée d’entrevoir « un nouveau ciel et une nouvelle terre » (Apocalypse 21:1).
En particulier, l’Eglise offre à l’humanité un refuge contre les doctrines des sciences naturelles, de la théologie scolastique et de materia medica qui présentent l’homme comme un mortel matériel irrésistiblement prédisposé au péché, à la maladie et à la mort. Malgré le grand respect que Mrs. Eddy avait pour l’Eglise protestante dans laquelle elle avait été élevée, lorsqu’elle a fondé son Eglise, elle l’a dépouillée de toutes les activités et cérémonies matérielles – chœurs, partage de nourriture et événements sociaux, commémoration littérale des sacrements – sachant que dans la mesure où l’Eglise fait appel au sens matériel, elle étouffe le sens spirituel. Et c’est ainsi qu’elle définit l’ordre des services de son Eglise dans le Manuel de L’Eglise Mère, dont les dispositions, comme elle l’a indiqué, sont valables pour l’éternité.
Elle relève dans Ecrits divers 1883–1896 (p. 365) : « [L]’entendement mortel réclame ce que seul l’Entendement immortel peut fournir. » Et dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures elle indique : « C’est uniquement par le sens spirituel que l’homme comprend et aime la Divinité » (p. 481).
Compte tenu de ce qu’elle considérait comme essentiel à la prospérité de son Eglise, il est clair qu’elle comprenait le rôle vital de la guérison – l’élément qui, plus que tout autre, distinguait son Eglise et allait briser la résistance du monde aux mots Science Chrétienne. Elle déclare dans Science et Santé : « Jésus établit son église et maintint sa mission sur un fondement spirituel de guérison-Christ » (p. 136). En l’occurrence, la guérison nécessite le type d’engagement et la croissance spirituelle auxquels l’Eglise – et nos prières pour la soutenir – contribue grandement. Ce qui contraste avec la notion, si répandue dans la société contemporaine, qu’il suffit d’être spirituel, qu’il n’est pas nécessaire d’être religieux – que nous pouvons croire en Dieu d’une manière générale, sans faire référence à une croyance théologique quelconque ni à une organisation religieuse spécifique.
L’Eglise est là pour nous appeler hors d’un sens mortel de l’existence.
La conviction du scientiste chrétien que Dieu est Esprit immortel et bienfaisant – Vérité, Vie et Amour divins – s’exprime logiquement par son soutien aux activités mêmes qui permettent de rendre cette compréhension de Dieu plus universellement accessible, activités qui incluent les services religieux, les conférences, et des salles de lecture actives. Et il va sans dire que cette compréhension de Dieu s’exprime aussi dans la prière qui, en guérissant les malades au sein de l’Eglise et en dehors d’elle, démontre la véracité de cette compréhension.
L’Eglise n’est pas une expérience passive. Si nous nous demandons « Qu’est-ce que ça peut me rapporter de fréquenter une Eglise ? », nous nous posons la mauvaise question. L’Eglise nous apporte de toute évidence un élément très important, à savoir, une mesure de croissance spirituelle qui sans elle serait inaccessible. Mais même si tel n’était pas le cas, il reste que l’Eglise a besoin de nous parce que l’humanité a besoin des vérités curatives de la Science Chrétienne. Christ Jésus n’a pas accompli son œuvre juste pour lui-même, il l’a fait pour toute l’humanité. Son engagement manifestait un désintéressement infini. Et il a laissé ce rappel qui s’adresse à chacun de nous : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Matthieu 10:8).
Chaque service d’une Église du Christ, Scientiste offre cet environnement mental pur et sans tache dans lequel, selon les paroles d’un de nos cantiques, « Ton aile pure, ô Saint-Esprit, / Sera toujours un sûr abri » (John Greenleaf Whittier, Hymnaire de la Science Chrétienne, no 229, traduction © CSBD).
La Parole de Dieu y a une autorité incontestable, inspirant, élevant, guérissant, régénérant, et « [réveillant] des croyances matérielles la compréhension endormie » (Science et Santé, p. 583). Lors des services d’une Eglise de la Science Chrétienne, la Parole est communiquée à la fois avec douceur et avec la force du tonnerre du Sinaï. Chaque parole prononcée du pupitre est investie du pouvoir de guérir et de transformer.
Le quatrième chapitre de l’évangile de Luc contient une histoire édifiante. Christ Jésus entre dans la synagogue de sa ville natale de Nazareth et reçoit un parchemin contenant le livre d’Isaïe. Et, devant un public enthousiaste, il lit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés » (verset 18). Il ne parle pas uniquement de ceux qui sont brisés physiquement, mais aussi ceux qui ont été blessés émotionnellement par un mot, un acte ou une circonstance cruels ou injustes. Après avoir terminé, il rend le parchemin et s’assied. Puis, après une longue pause, il va droit au but, révélant son rôle en tant que Messie de la prophétie : « Aujourd’hui cette parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, est accomplie » (verset 21).
Comme Christ Jésus, nous devons dire et affirmer lors de chaque service du dimanche et de chaque réunion de témoignage du mercredi d’une Eglise du Christ, Scientiste, qu’ici et maintenant, en ce jour, en ce lieu, à cet instant, cette vérité que vous venez d’entendre est accomplie. Ce service a guéri les cœurs brisés. Il a délivré les captifs. Il a rendu la vue aux aveugles. Il a redressé les infirmes. Cette vérité, ainsi que nos prières l’affirmant, a été puissante, efficace et instantanée dans ses effets. Nulle personne humblement réceptive ne peut entrer ici sans être profondément émue et guérie par la Vérité.
Et c’est ainsi que l’Eglise établie par Mary Baker Eddy est un phare pour tous les âges, fournissant le guide indispensable au salut humain.
