De la pandémie à la guerre en passant par les catastrophes climatiques, l’actualité pose la question suivante : « Où est Dieu lorsque de mauvaises choses arrivent ? » Et, si Dieu est ici, pourquoi cela semble-t-il ne faire aucune différence ? Notre invité partage une vision différente de Dieu qui peut nous aider à trouver la stabilité que nous recherchons tous en cette période.
Ethel Baker : Bonjour et bienvenue au Sentinel Watch, une production hebdomadaire du Christian Science Sentinel. Je m’appelle Ethel Baker. Il est difficile de lire un journal ou d’allumer la télévision sans entendre non seulement de mauvaises nouvelles, mais aussi des nouvelles dévastatrices et apparemment insurmontables, de la guerre à la pandémie, des divisions politiques aux catastrophes climatiques. Ces événements soulèvent de grandes questions pour de nombreuses personnes. Où est Dieu quand de mauvaises choses arrivent ? Nous avons donc décidé de nous attaquer à cette question. Scott Preller est avec moi pour explorer ce sujet aujourd’hui. Scott est praticien de longue date et professeur de Science Chrétienne. Il siège aussi actuellement au Conseil des directeurs de La Première Eglise du Christ, Scientiste, à Boston, aux Etats-Unis. Je suis ravie de pouvoir discuter avec vous aujourd’hui, Scott, merci d’être venu.
Scott Preller : Je suis ravi d’être en votre compagnie.
Très bien, commençons avec cette grande question : Où est Dieu dans les mauvais jours ?
Plus je réfléchis à cette question, plus je réalise que pour trouver une réponse qui ait du sens, il faut d’abord consacrer un peu de temps à étudier la question elle-même. En apparence, on peut avoir l’impression que la question vient de quelqu’un qui est convaincu que Dieu n’existe pas, que tout est horrible et sombre ; et la question elle-même ressemble plus à une accusation qu’à une vraie question. Or, quand je réfléchis à la question de ce point de vue, je me rends compte que, puisque cette question relative à Dieu est posée au sein d’un programme de la Science Chrétienne, on pourrait se sentir un peu obligé de se défendre et d’argumenter contre ce point de vue. Cependant, en y réfléchissant, je me dis que ce n’est pas ainsi que j’ai été confronté à cette question dans mon expérience.
Je pense que lorsque la question est posée de façon honnête, elle se pose le plus souvent du point de vue de la foi. C’est ce qui a été le cas pour moi, car j’ai dû lutter avec cette question à différents moments de ma vie. Je pense que la plupart des gens qui se posent vraiment cette question sont des gens qui ont en réalité vécu quelque chose qui dépasse les limites de la vie matérielle. Ils ont ressenti un sentiment d’amour, par exemple, dont ils savent qu’il surpasse tout ce qu’un sens matériel de vie peut offrir, ou bien ils ont ressenti une inspiration créative d’une manière qui leur a fait penser qu’elle émanait d’une source intelligente dépassant tout ce que le cerveau peut discerner, ou peut-être encore ont-ils fait l’expérience d’une guérison physique par la prière qui a fait naître en eux un sentiment d’abondante gratitude pour la nature et le pouvoir du bien.
En d’autres termes, ils ont fait l’expérience de la présence de Dieu d’une manière réelle, sous une forme concrète, pas sous la forme d’un sujet de conversation. Et pourtant, à un moment donné, ils ont également dû faire face à une situation qui n’a pas immédiatement cédé à la prière, ou alors ils ont vu ou vécu une tragédie ou un désastre qui les a amenés à se demander naturellement : « D’accord, si Dieu est entièrement bon et tout-puissant, pourquoi cette chose terrible se produit-elle ? Pourquoi Dieu l’a-t-il permise ? »
Voilà maintenant la question honnête à laquelle chacun de nous doit faire face et réfléchir. En fait, je ne connais personne dont la foi ait été d’une telle profondeur qu’il n’ait pas eu à batailler avec cette question, et parfois à plusieurs reprises. Parce que, pour répondre en peu de mots : Dieu est ici. Dieu est ici quand de mauvaises choses arrivent, et Il continue néanmoins d’être tout-puissant, entièrement bon et de nous aimer.
Vous savez, c’est comme se demander : Où est passé le soleil par temps nuageux ? Il est là. La vraie question qui doit être explorée et à laquelle il nous faut répondre est : « Qu’est-ce qui est exigé de nous afin que nous puissions ressentir la présence de Dieu, y compris lorsque nous faisons face aux choses dont parlent les médias et que vous avez décrites ? »
Eh bien, d’accord, laissez-moi vous demander ceci, alors : Vous avez mentionné que Dieu est omniprésent et omnipotent. Vous savez, ces mots sont utilisés pour décrire Dieu dans de nombreuses religions. Et pourtant, on a aussi l’impression que Dieu est une sorte de personne importante, un grand être humain situé dans le ciel, ou éloigné de nous. Et nous implorons Dieu. Nous demandons à Dieu de nous aider, de nous tirer d’affaire. Or, le Dieu que vous décrivez est différent de cela. Pouvez-vous simplement nous dire comment on comprend Dieu en Science Chrétienne ?
Certainement. En Science Chrétienne, qui est entièrement basée sur la Bible et en particulier sur le ministère et les enseignements de Christ Jésus, nous voyons dans les guérisons de Jésus l’expression de la force, de la puissance, de la présence du bien. Le bien est suprême dans tout ce que Jésus a accompli face à la maladie ou aux différents maux. On ne voit jamais dans les Evangiles que Jésus ait dit : « Eh bien, ce problème-là est trop grand. Je suis désolé, je ne peux rien y faire. »
A l’inverse, c’est le problème qui cède, quelle qu’en soit l’ampleur. L’enseignement de Jésus nous invite également à faire l’expérience de la présence du royaume de Dieu. C’est-à-dire que c’est vraiment cela, la foi, n’est-ce pas ? Il s’agit à bien des égards de dire : « Écoutez, il y a quelque chose de plus que ce que vous pouvez percevoir dans l’environnement matériel dans lequel nous sommes plongés, quelque chose qui est véritablement substantiel. » Et la Science Chrétienne explique que dans les enseignements de Christ Jésus, nous voyons que le bien opère tel une loi, comme un Principe divin actif.
Vous avez parlé de Christ Jésus et de la Bible à la lumière de cette question : « Où est Dieu lorsque de mauvaises choses se produisent ? » Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le fondement de cette fiabilité que vous avez de Dieu, que la Science Chrétienne met en avant ?
Oui. L’une des choses que j’aime dans la Bible, c’est qu’elle couvre vraiment l’ensemble de l’expérience humaine. Et vous vous rendez compte qu’à bien des égards, les questions avec lesquelles nous bataillons aujourd’hui concernant l’existence de Dieu, ou Sa présence lorsque de mauvaises choses arrivent, ne sont pas nouvelles. Il y a beaucoup d’exemples de personnages bibliques qui ont dû faire face à ces questions.
Je crois que l’un des livres de la Bible vers lesquels les gens se tournent souvent aujourd’hui pour comprendre cela, c’est celui de Job. Car le livre de Job dépeint un personnage dont la foi est parfaite, qui est totalement juste, qui aime Dieu et qui hait le mal. Il possède tous les bienfaits qui, selon nous, découlent de cette attitude. Il est très riche. Sa famille est en bonne santé. Il a beaucoup d’enfants et de grandes richesses. Et puis, Job incarne une sorte de défi entre Dieu et le diable. Le diable dit : « Eh bien, d’accord, c’est vrai, il croit en Toi, Dieu, parce que tout va bien. Mais qu’en sera-t-il si les choses ne se passent pas si bien que ça ? »
C’est ainsi que dans les premiers chapitres du livre de Job, on voit Job passer d’un état où tout se passe merveilleusement bien à un état où tous ses biens ont été volés ou anéantis. Tous ses enfants ont été tués dans une violente tempête, et finalement lui-même tombe malade. Après tout ça, comme vous le savez, on voit Job assis dans la cendre, grattant une blessure qui ne guérit pas. Tout le reste de l’histoire de Job concerne sa lutte avec la question : « Comment cela peut-il être juste ? Comment puis-je donner du sens à ce qui m’arrive ? »
Dans ce récit, tous les amis de Job viennent et présentent de nombreuses explications théologiques conventionnelles pour justifier ce qui s’est produit. Ensuite, ils présentent les mêmes sortes d’arguments que nous pouvons rencontrer lorsque nous bataillons avec des questions telles que : « Comment expliquer que tout allait si bien et que maintenant tout aille si mal ? » Vous savez, on se demande : « Pourquoi Dieu n’arrange-t-il pas cela ? » Ses amis venaient le voir avec des arguments comme : « Eh bien, tu as sûrement fait quelque chose pour mériter cela ; simplement, nous ne savons pas ce que c’est. Ou peut-être que si tu t’adresses à Dieu de la bonne façon, Il arrangera cela. Tu sais, tu ne peux pas connaître les voies de Dieu. Or, puisque Dieu est bon et ne punit que le péché, le fait que tu traverses cette épreuve signifie, bien évidemment, que tu as péché. » Mais Job ne cède pas à ces arguments. Car tout cela n’est que de la mauvaise théologie, basée sur l’hypothèse que les choses que Job traverse sont légitimes.
Job continue de défendre sa foi et sa droiture devant Dieu. Et, pour faire court, ce qui se passe à la fin est quelque chose qui, je pense, arrive à la plupart d’entre nous quand nous avons vraiment dû batailler avec ce genre de questions. C’est pourquoi je dis que c’est une question de foi ; parce que lorsqu’on lutte vraiment, l’occasion nous est souvent offerte de renforcer notre compréhension de Dieu. Et c’était le cas pour Job. Il devait réaliser que l’infinité de Dieu, la réalité de Dieu, quoi qu’il ait traversé, devaient être reconnues. Et lorsqu’il l’a fait, tout a changé.
En d’autres termes, il devait s’assurer que tout son cœur était dévoué à cette foi en Dieu, et qu’il n’était pas impressionné par toutes les choses qui lui étaient arrivées. Le récit biblique se termine en indiquant qu’il a reçu le double de ce qu’il avait auparavant, et que Dieu l’a béni davantage encore.
Ce qui est significatif dans cette histoire, je pense, c’est qu’elle montre à quel point la conscience humaine a toujours dû lutter avec cela. Il me semble que la cohérence et la bonté de Dieu sont réaffirmées tout au long du ministère de Jésus, dans les récits des évangiles.
Dans l’Evangile selon Marc, on trouve le récit où Jésus et ses disciples sont pris dans une tempête, et où Jésus est endormi à l’arrière de la barque. Ses disciples viennent lui dire en substance : « Pourquoi ne te soucies-tu pas de nous ? Ne vois-tu pas que nous sommes en pleine tempête ? » Et il répond, en substance : « Non. Ne voyez-vous pas ma paix ? » C’est alors qu’il calme la tempête. (voir Marc 4:36-41)
Et cela nous enseigne que lorsque nous sommes confrontés à ces choses horribles, soit nous sommes influencés par elles, soit nous travaillons pour être influencés par la présence de Dieu, et cela peut faire toute la différence. La Science Chrétienne s’efforce d’aborder l’enseignement de Jésus d’un point de vue scientifique. On teste ; on expérimente ; on explore ; mais on le fait sur la base de lois que l’on a comprises. Et la Science Chrétienne aborde cela à travers l’idée que Dieu est entièrement bon et tout-puissant, et elle insiste sur le fait que Dieu n’a donc rien à voir avec les maux ou les calamités, avec le monde matériel et tous ses problèmes. Ces choses ne constituent pas les matières premières de Dieu, nécessaires pour faire la volonté de Dieu. Faire l’expérience de Dieu, c’est faire l’expérience des qualités spirituelles de Dieu. La Science Chrétienne nous invite ainsi à changer de perspective.
Je pense qu’une grande partie de ce dont nous parlons ici aujourd’hui concerne le besoin qui se fait sentir lorsque nous sommes en butte à cette question : « Où est Dieu quand de mauvaises choses se produisent ? » Le besoin est de renverser davantage ces questions et les hypothèses sur lesquelles elles reposent. La Science Chrétienne nous invite à modifier la perspective à partir de laquelle nous pensons – qui consiste à focaliser notre attention sur les circonstances désastreuses qui nous entourent, à nous laisser influencer par elles, puis à décider en fonction de ces circonstances quelle idée nous nous faisons de Dieu – afin de focaliser notre attention sur Dieu, de comprendre et de ressentir la présence de Dieu et de laisser la réalité de Dieu défier notre perception des circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. Et c’est très souvent ce qui apporte la guérison. C’est ce qui a produit les guérisons de la Bible. C’est ce qui a apporté la guérison à des générations de scientistes chrétiens.
Vous parlez donc vraiment d’un changement radical de perspective. Comme vous l’avez dit, c’est une définition de la réalité différente de celle que nous acceptons habituellement. Je dirais que la grande majorité a peut-être le sentiment que le monde est un mélange de bien et de mal, et que nous le sommes nous-mêmes également. Nous essayons tout le temps de jongler avec un scénario où entrent le bien et le mal. Et, quand cela devient incontrôlable, nous essayons de nous tourner vers cet Être Suprême qui semble lointain. Mais vous parlez de la présence de Dieu ici-même. En fait, nous sommes au milieu de Dieu, et c’est nous qui devons changer notre regard, notre façon de nous voir et de voir Dieu.
Oui, et, vous savez, il y a cette idée que nous sommes au milieu d’un mal réel et d’un bien réel, et que c’est une sorte de match de tennis sans fin qui va et qui vient. D’après l’expérience que j’en ai, c’est une chose qui est tout simplement épuisante, et qui ne nous mène jamais nulle part. Mais quand on regarde la nature des revendications du monde matériel, et qu’on regarde la nature des revendications de Dieu, on se rend compte qu’elles ne se laissent pas vraiment de place les unes aux autres. En d’autres termes, il n’y a rien en elles qui cherche à cohabiter de manière réaliste. Le fait est que le monde matériel dit que tout est matière, que c’est tout ce qui existe, que c’est tout ce que vous pouvez connaître, que c’est tout ce à quoi vous êtes soumis. Et l’une des choses que le christianisme nous montre, c’est que c’est l’exact opposé qui est vrai.
La réalité est ce qui existe. C’est Dieu et la création de Dieu, une création qui est comme Dieu et qui exprime Son amour et Sa bonté. Et c’est pourquoi, quand on parle de cette réalité différente, ce n’est pas vraiment une réalité inconnue. Vous savez, vous pouvez parler à n’importe qui de l’amour, et il saura à quoi cela ressemble. Il saura à quoi ressemble l’honnêteté. Il saura à quoi ressemble l’intelligence. Ce sont des qualités de Dieu. Ces qualités constituent la réalité, ici et maintenant.
Pourriez-vous nous donner un exemple de la façon dont cela fonctionne dans la vie d’une personne, dans une expérience concrète ?
Bien sûr. Rappelez-vous, j’ai fait référence à Job auparavant. Je me souviens être allé à une réunion de témoignage de la Science Chrétienne quand j’étais jeune, une réunion où les gens vont témoigner de la présence et de la puissance de guérison de Dieu dans leur vie. J’y suis allé et j’ai entendu cet homme se lever et dire que, grâce à la Science Chrétienne, il n’avait pas eu un seul jour de maladie dans sa vie et que son activité professionnelle avait été fructueuse. Et il a vraiment dépeint une image qui semblait dire : « Waouh, tout s’est bien passé grâce à la Science Chrétienne. » Et je me souviens avoir pensé : « Sapristi, voilà ce que la Science Chrétienne peut faire pour moi. »
Et puis j’ai commencé à vivre ma propre vie et j’ai découvert que ça ne se passait pas comme ça. En fait, il y avait des jours où j’avais l’impression que certaines de mes expériences avaient été échangées avec celles de Job. Je me souviens d’une époque où j’étais aumônier de la Science Chrétienne dans l’US Air Force, et où on m’avait demandé d’assister à une conférence où j’allais être le seul représentant de la Science Chrétienne, alors qu’il y aurait des aumôniers de nombreuses autres religions. Je souffrais d’une infection de l’oreille depuis un certain temps, et j’avais demandé de l’aide à une praticienne de la Science Chrétienne. Je n’avais pas vraiment très envie de me rendre à cette conférence, c’est le moins qu’on puisse dire, parce que je me sentais assez mal. Je craignais surtout le voyage en avion. Je me souviens très bien que l’infection était devenue si douloureuse que lorsque je suis arrivé au centre de conférence, j’avais perdu le sens de l’équilibre à cause de la douleur. Je me souviens être descendu du taxi et être tombé dans le caniveau. J’ai fini par me rendre au comptoir d’accueil. Ensuite, j’ai trouvé un petit coin tranquille, j’ai appelé la praticienne qui priait avec moi, et je lui ai raconté mes malheurs, et l’horreur de cette situation. Ça ne s’améliorait pas. Qu’est-ce que je faisais de mal ? Et pourquoi Dieu ne me guérissait-Il pas ? Et puis, j’ai simplement dit : « C’est vraiment très douloureux. »
Elle m’a écouté patiemment. Et l’une des choses qu’elle m’a dites alors était vraiment saisissante. Elle m’a dit : « Il n’y a rien. » Et je me souviens d’avoir marché jusqu’à ma chambre après ça et, pendant tout le trajet, je me suis dit : « Ouh là, elle ne comprend tout simplement pas. Elle ne réalise pas à quel point je souffre ni qu’il y a bien quelque chose. »
Et puis, je suis entré dans ma chambre et il s’est passé quelque chose que je n’oublierai jamais. Je me suis assis sur mon lit et j’ai pensé : « Bon, attends une minute. Si jamais je veux guérir cela par la Science Chrétienne, par ma compréhension de Dieu, par la prière, dans mon expérience et dans ma pensée, il me faut ressentir qu’il y a plus de réalité dans la bonté de Dieu et dans l’identité que Dieu m’a donnée qu’il n’y en a dans cette infection, dans cette souffrance et cette douleur qui prétendent que je ne suis que matière. »
Et je me souviens que je n’arrêtais pas d’approfondir cette question. Je n’arrêtais pas de penser : « Je vais devoir en arriver au point où je me rendrai compte qu’en réalité, il n’y a rien. Il n’y a aucune autorité, il n’y a aucune vérité et il n’y a aucune réalité dans cette représentation de moi-même sous la forme d’un mortel en proie à la souffrance. C’est la présence de Dieu dans ma vie et dans ma propre identité d’enfant de Dieu qui est réelle. » Et ce fut l’une des rares fois où je peux vous dire que j’ai perdu la notion du temps. J’ai oublié où j’étais. J’ai simplement continué d’approfondir cette pensée jusqu’à ce que je ressente davantage la réalité de la présence de Dieu que le problème. Et je me souviens que, lorsque j’ai finalement eu conscience à nouveau d’être dans cette pièce, la douleur avait complètement disparu. Le problème ne s’était pas seulement amélioré, il était parti. Et c’était un de ces moments où l’on se dit : « Bon d’accord, mais où est-ce qu’il est passé ? »
Eh bien, selon la Science Chrétienne, c’était la preuve du fait que la douleur n’avait jamais eu l’autorité qu’elle prétendait avoir en premier lieu. Mais je devais voir cela. Je devais écouter la voix du Christ qui m’assurait de la réalité du bien et du néant de la revendication du mal. C’est la voix de Christ qui détruit l’erreur dont nous avons parlé.
Et l’une des choses que je crois être extrêmement importante, en lien avec notre sujet d’aujourd’hui, consiste à réaliser que l’histoire de la Science Chrétienne est composée de personnes qui s’appuient sur la prière pour guérir. Mais il est important de se rappeler que, fondamentalement, les guérisons ne résultent pas d’une approche basée sur la foi visant à réparer un corps matériel ou à résoudre des problèmes matériels. A l’inverse, elles sont la preuve du fait que lorsque nous approfondissons notre sens de la présence de Dieu, que nous écoutons et que nous nous appuyons vraiment sur le Christ pour animer notre vie, pour établir notre sens de ce qui est réel, indépendamment de ce que le tableau matériel affirme, cela donne la preuve de ce dont parlait Jésus : « Le royaume des cieux est présent, et il est en vous. » Ceci est la grande réalité.
Hmm. Donc, comprendre que Dieu est entièrement bon, qu’Il est l’Amour toujours présent, modifie vraiment la prière par rapport à ce qu’elle est souvent supposée être, c’est-à-dire une demande adressée à un Etre séparé de nous, l’attente d’une faveur ou d’une attention spéciale qui ne nous serait pas accordée en temps normal. Il semble donc que la prière soit quelque chose de très différent, avec un point de départ précis.
En effet, je pense que la prière peut être une chose très différente. Vous savez, il est évident que la prière englobe tout ce que nous faisons pour nous tourner vers Dieu afin de mieux Le connaître. Mais si la prière est du type : « Oh, regarde comme les choses sont horribles ; s’il te plaît, mon Dieu, résous mon problème », nous sommes alors dans une situation où nous plaçons autant de pouvoir et de foi dans le mal qu’en Dieu. Et cela ne nous mène pas très loin.
Une autre façon d’envisager la prière consiste à aligner, de manière très active, notre pensée sur Dieu et sur Son sens de la réalité. Voilà ce qu’est la prière. Elle consiste à dire : « D’accord, je ne vais pas me concentrer sur cette horrible situation et sur la façon dont Dieu peut y remédier. Je vais me concentrer sur la totalité de Dieu et sur la raison pour laquelle cela me confère l’autorité et le pouvoir de faire face à la situation qui semble être un tel problème pour moi. »
Et l’une des choses qui est, selon moi, vraiment frappante quant à la nature de ce que la Science Chrétienne nous enseigne sur notre relation à Dieu, c’est qu’elle renverse l’idée que le monde matériel a autorité et pouvoir sur nous. Ce qui est vraiment intéressant, je trouve, c’est que si vous faisiez un sondage et si vous demandiez aux gens quelle est la puissance la plus destructrice au monde, ils pourraient vous donner des réponses telles qu’une guerre nucléaire, une pandémie, une catastrophe climatique, un effondrement économique, la haine, et ainsi de suite. Mais l’une des choses que j’aime tant dans la Science Chrétienne, c’est la façon dont elle m’a aidé à réaliser qu’en réalité, la force la plus destructrice au monde est le Christ. Et la raison en est que le Christ est la seule force qui a montré qu’elle pouvait détruire ces choses qui semblent détruire le bien, que le Christ peut détruire la maladie. Le Christ peut détruire la mort. Le Christ peut détruire la méfiance, la malhonnêteté, et ainsi de suite. Et donc, la Science Chrétienne nous aide à comprendre que la nature et la présence du Christ apportent la guérison dans nos vies, et nous aident à traverser ces moments où nous essayons de comprendre ce qu’il faut faire, ces moments où il semble que de mauvaises choses se passent autour de nous.
Mary Baker Eddy, qui était une chrétienne consacrée et qui a découvert et fondé la Science Chrétienne, a inclus un glossaire à la fin de son livre d’étude, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, qui propose des définitions spirituelles des termes bibliques. Et elle définit le « Christ » comme « la manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l’erreur incarnée » (p. 583). Voyez-vous là que le Christ est la force la plus destructrice qui soit ? Et, ce qui est si utile dans cette définition, c’est qu’elle nous aide à réaliser que, bien que Christ Jésus ait pleinement manifesté le Christ dans tout ce qu’il faisait, il a aussi clairement indiqué que cette puissance du Christ, cette présence du Christ, était toujours là pour que nous la vivions, ce qui est encourageant. Ainsi, quand nous arrêtons de penser au Christ comme à quelque chose qui ne ferait pas partie de notre existence, comme à un personnage de la Bible ou comme à une présence inaccessible que nous souhaiterions avoir avec nous mais qui ne l’est pas, et que nous pensons plutôt au Christ comme à la manifestation de Dieu dans notre vie, qui vient à nous — ce qui n’est donc pas passif — pour détruire l’erreur incarnée, nous commençons à rechercher davantage la présence du Christ dans notre vie. A d’autres endroits, Mary Baker Eddy parle du Christ comme de la véritable idée de Dieu exprimant le bien. Elle parle du Christ comme s’adressant à la conscience humaine. Donc, dans n’importe quelle situation, même dans des situations horribles, nous pouvons toujours nous dire : « D’accord, je sais ce que le monde matériel crie à mes oreilles en ce moment, mais qu’est-ce que Dieu me dit ? Qu’est-ce que Dieu me montre de la présence du Christ ? Parce que je sais que le Christ est la puissance qui peut détruire l’erreur incarnée. »
Et elle inclut cette même compréhension du Christ destructeur dans la définition qu’elle donne de « Jésus » dans le Glossaire. Elle évoque Jésus comme « le concept corporel et humain le plus élevé de l’idée divine, réprouvant et détruisant l’erreur et mettant en lumière l’immortalité de l’homme » (p. 589). Il y a donc cet élément déstructeur de l’erreur.
Ceci est une chose merveilleuse : plus nous pensons et vivons à partir de la totalité de Dieu et de notre propre identité en tant qu’expression de Dieu, plus nous devenons conscients du Christ qui anime nos vies, qui nous parle, qui nous assure de la présence du bien et du pouvoir de l’amour lorsque nous sommes face à un défi, afin de transformer la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Donc, lorsque vous parlez de l’erreur dans les passages que vous avez cités, il s’agit véritablement de la même chose que le mal. Du mal sous toutes ses formes, que ce soit la maladie, la destruction, la nuisance, les pensées qui y sont associées ou qui produisent ces phénomènes, et qui ne viennent pas de Dieu, qui ne sont pas bonnes.
Oui.
Pourriez-vous nous donner un exemple où vous avez accompli cela par la prière ?
Bien sûr. J’ai trouvé un encouragement formidable lorsque j’ai regardé la propre expérience de Mary Baker Eddy, lorsqu’elle a découvert le sens scientifique du christianisme, ancré dans la compréhension de la totalité et de la bonté de Dieu et dans le défaut d’autorité du mal, aussi grotesque soit-il. J’ai réalisé qu’elle-même n’avait pas acquis cette compréhension en traversant une vie parsemée de pétales de roses. En fait, dans sa propre autobiographie spirituelle, Rétrospection et Introspection, elle évoque la tendance de la vie humaine à être trop mouvementée pour lui permettre de se reposer dans l’illusion que cette soi-disant vie pourrait être un repos réel et durable. Et elle raconte comment ces leçons, quand elle a commencé à les endurer, sont devenues plus sévères, car jusque-là l’existence mortelle semblait avoir quelques côtés positifs. Mais à ce moment-là, l’existence n’était même plus bordée de lumière parce que les choses étaient devenues très sombres.
Je veux dire, voici une femme qui avait vraiment passé la plupart de ses jeunes années en tant que semi-invalide, qui avait subi une perte énorme dans sa famille – la perte de sa mère, de son frère et de son mari alors qu’elle était enceinte – et qui s’était ensuite vu retirer son fils alors qu’il était tout jeune. On ne peut nier qu’elle a vraiment traversé beaucoup de choses.
Et pourtant, elle a découvert ce dont nous avons parlé, et cela a tout changé. Elle n’a pas créé cette théologie. Elle l’a découverte et s’est rendu compte que ce n’est que par l’expérience qu’elle a été contrainte de s’appuyer sur Dieu, plus qu’elle ne l’aurait jamais cru possible, que la réalité de Dieu s’est révélée à elle d’une manière qui a simplement transformé tout le reste. Elle ne pouvait pas penser ou vivre à partir d’une base différente une fois qu’elle a perçu la totalité de Dieu et du bien.
Voici un autre exemple auquel je pense. Je suis tombé sur une photo de famille alors que je me préparais pour notre conversation d’aujourd’hui. Comme nous sommes dans une émission audio, je vais vous la décrire. Il s’agit d’une photo de mon père, adolescent, assis au piano. Mon grand-père est debout à ses côtés, l’accompagnant au violon. Il est impressionnant de voir cette photo et de penser en même temps au moment et à l’endroit où elle a été prise.
Ma famille vient d’Allemagne, et cette photo a été prise en 1941 à Berlin où ils vivaient. La Seconde Guerre mondiale était déjà enclenchée. Mais, à voir cette photo, on pourrait croire que c’était juste une heureuse fête de famille. En regardant cette photo, j’ai réalisé qu’ils ne savaient pas ce qui allait arriver. Ils ne savaient pas, par exemple, que mon grand-père, qui pratiquait la Science Chrétienne, serait bientôt mis en prison lorsque les nazis ont interdit la Science Chrétienne. Ils ne savaient pas que, très peu de temps après, les bombardements alliés s’intensifieraient sur Berlin. Mon père ne savait certainement pas qu’il allait être envoyé dans un camp de travaux forcés pour avoir refusé de faire partie des Jeunesses hitlériennes. Et ce qui est intéressant, quand je repense aux récits familiaux de cette époque pendant la guerre, c’est qu’ils décrivent sans aucun doute ce dont nous parlons aujourd’hui – ce sentiment qui nous conduit à nous demander où est Dieu quand de mauvaises choses arrivent.
Et ce que ma famille a vécu me semble utile pour répondre à la question. Après la sortie de prison de mon grand-père, la guerre a mal tourné pour les nazis. Finalement, ils sont venus, l’ont arrêté de nouveau et l’ont forcé à faire son service militaire. Mais ils savaient certainement qu’il n’était pas soldat. Alors, ils l’ont affecté à la garde d’un pont dans une zone assez reculée. Il a donc passé une partie de la guerre assis là, tout simplement, soi-disant comme gardien de ce pont. En réalité, il a consacré ce temps à écrire de la poésie. Et, fait intéressant, à un moment donné, le pont a été attaqué et il a reçu une balle dans la jambe. Il a été transporté dans un hôpital de campagne où il a demandé s’il pouvait simplement être laissé seul pour prier pendant un moment, pendant qu’ils s’occupaient des autres. Ils lui avaient dit qu’ils allaient devoir amputer sa jambe. Au moment où ils sont revenus, ils ont réalisé que l’amputation n’était plus nécessaire. Et il a finalement été entièrement guéri grâce au traitement en Science Chrétienne.
Ce qui me frappe le plus, c’est qu’à cette époque, lors de cette période extrêmement turbulente, il était facile de se dire, face à un tel récit : « Eh bien, ce n’est pas vraiment très rassurant, car on pourrait avoir l’impression que les choses vont très bien, puis vous ne comprenez pas ce qui est en train de se passer, et c’est le désastre. » Mais mon grand-père a de toute évidence vécu cela comme un moment d’approfondissement de sa compréhension de la présence et de la puissance de Dieu, quelque chose de réel sur lequel il pouvait compter totalement et en toutes circonstances.
Et cela transparaît dans certains des poèmes qu’il a écrits à cette époque. L’un d’entre eux a été mis en musique dans notre nouvel Hymnaire de la Science Chrétienne. Voici la seconde strophe :
Cœur ardent, ne perds pas espoir
Lorsque les menaces du mal sont accablantes.
L’Amour tient dès maintenant sa promesse,
La main sûre de Dieu est à la barre.
Apportant la joie au milieu des ténèbres —
Dieu te gardera, en sécurité.
Tu vas de l’avant, aimé et paisible :
La victoire est toujours certaine.
Bien sûr, il ne parlait pas de la victoire d’un combattant sur un autre. Il parlait de la victoire sur le sentiment d’être désespéré et sans espoir. Il parlait de la victoire sur le sens matériel de l’existence. Mon grand-père a, à un moment, été confronté à un grand mal, et à travers ce que la Science Chrétienne lui avait enseigné concernant la présence et la totalité de Dieu, il a trouvé dans sa propre expérience pourquoi il était si logique de défier dans son cœur l’autorité des circonstances dans lesquelles il se trouvait, plutôt que de douter de sa foi et de sa compréhension de Dieu. Et cela a produit la guérison ; cela l’a conduit à une plus grande réalisation du bien.
J’en déduis que nous pouvons nous attendre à la guérison. Nous pouvons nous attendre à la guérison pour nous-mêmes ; nous pouvons nous attendre à la guérison dans un large éventail de domaines. Pouvez-vous nous donner simplement un petit exemple de la façon dont on pourrait prier à propos du bouleversement en Afghanistan qui a lieu en ce moment ?
Ce que nous voyons en ce moment en Afghanistan est un excellent exemple de la façon dont l’actualité peut essayer de submerger votre espérance, le sens que vous entretenez de la grande promesse faite à l’humanité. Mais tout ce que nous avons dit sur la prière et sur ce qu’elle nous montre concernant la nature de la réalité, la nature de Dieu, est en rapport avec le fondement de nos pensées. Nous pouvons prier pour nous rappeler que, dans les moments difficiles de notre vie, nous avons éprouvé notre capacité à reconnaître le bien et à être animés par le bien, car c’est cela qui a pris le dessus.
L’une des choses que j’essaie de faire de plus en plus dans mes propres prières, au sujet de cette situation, c’est de réaliser que si Dieu est l’auteur de la création, si la vraie nature des hommes et des femmes est celle d’idées spirituelles de Dieu, si Dieu est vraiment la source de notre identité, alors il n’y a pas de ténèbres qui puissent étouffer notre capacité à discerner cette véritable identité, ce moi supérieur qui sait comment aimer. Et je continue à affirmer que la seule véritable intelligence est l’intelligence venant de Dieu, que le seul vrai pouvoir est le pouvoir venant de l’Amour, et que chaque individu, que ce soit quelqu’un qui essaie de trouver la sécurité, quelqu’un qui essaie d’aider ceux qui essaient de trouver la sécurité, ou même quelqu’un qui essaie d’empêcher les gens de se sentir en sécurité, que chaque individu, donc, dispose de la capacité d’entendre le Christ parler à la conscience humaine. Le Christ permet aux gens de penser en prenant pour base l’intelligence, la sollicitude et l’amour plutôt que la peur, les ténèbres et l’oppression.
Très bien. Scott, permettez-moi de vous poser une dernière question. Si cela est tout nouveau pour quelqu’un qui nous écoute, s’il entend parler de cela pour la première fois et que les idées développées ici concernant Dieu ou la prière sont entièrement différentes de ce qu’il a entendu auparavant, y a-t-il quelque chose qui soit hors de sa portée ?
Pas du tout. La réalité spirituelle dont nous parlons est la réalité divine, la puissance infinie et illimitée de la bonté de Dieu et notre véritable identité en tant qu’enfants de Dieu animés par le Christ. Ce fait est vrai pour tout le monde. Et si les gens s’arrêtent un instant pour réfléchir à cela, ils découvriront dans leur propre cœur une affirmation telle que : « Oui, c’est ce que j’ai toujours cru. J’ai toujours su que l’amour me ressemble plus que toute autre chose. J’ai toujours su que le bien est ce qui définit la vie et rend la vie vraiment digne d’être vécue ; que je ne suis pas impuissant à vivre cela dans ma propre vie. »
C’est donc quelque chose qui n’est étranger à personne. C’est ce qui est déjà là. Je veux dire, si ce que nous disons a la moindre validité, alors cela est fondé sur la prémisse que le Christ parle à la conscience humaine. Si nous l’écoutons, et si nous agissons ensuite en conséquence, alors nous ferons l’expérience de son pouvoir, nous trouverons de nouveaux moyens de faire le bien et d’être bons. Et la vie ressemblera à ce qu’elle est censée être, c’est-à-dire l’expression de Dieu, l’expression de l’Amour, de la Vérité et de l’Esprit.
Très bien. Merci beaucoup, Scott. Vous avez donné à nos auditeurs tant de choses au sujet desquelles ils peuvent réfléchir et prier. Merci beaucoup d’être venu participer à notre programme aujourd’hui. Ce fut vraiment un plaisir.
Ce fut une joie de passer ce moment en votre compagnie. Merci.