La diversité sans divisions

Cent dix-huit. C’était le nombre de nationalités représentées à l’université où j’étais étudiant de premier cycle. En une journée, j’aurais probablement eu l’occasion de parler au moins une des cinq langues que je connais, si ce n’est toutes ! Nous vivions la diversité au quotidien. En ce qui me concerne, c’est là que j’ai appris à aborder la diversité d’un point de vue spirituel.

Il y a une notion fondamentale qui est imbriquée dans le concept de la diversité, à savoir qu’elle est synonyme de division. J’ai beaucoup aimé la façon dont la diversité de l’ensemble des étudiants m’a permis de comprendre qu’il existait des raisonnements et des points de vue différents des miens. Cependant, à un moment donné, au début de mes études, je me suis aperçu que, malgré l’importance d’apprécier le caractère unique de chacun et son individualité, voire de les valoriser, nous parlions de la diversité de telle manière que cela suscitait souvent des divisions subtiles. Par exemple, nous respections profondément la culture et les origines les uns des autres, mais quand nous devions travailler en groupes, nous paraissions nous attendre à des points de vue non pas simplement divers mais aussi opposés.

C’étaient des moments où ce que j’avais acquis en étudiant la Science Chrétienne m’était très utile. Entre autres choses, j’avais appris que l’Entendement est un synonyme de Dieu. Puisqu’il n’y a qu’un Dieu, il n’y a qu’un Entendement. Il inclut chaque idée juste et une variété infinie d’idées. Or, comme ces idées proviennent d’une seule source divine, Dieu, elles ne sont pas en conflit, mais cohabitent dans l’harmonie. Et comme l’Entendement est aussi Principe, ces idées sont bien ordonnées. Ce qui apparaît comme de nombreuses idées chaotiques, venant de nombreux entendements différents, est une vision inexacte de l’univers divin, où il y a en réalité une perfection, une unité et un rythme pour toute la création.

J’ai eu de nombreuses occasions de le démontrer, car mes études exigeaient de travailler très souvent en groupe avec des étudiants venus du monde entier. Dans un seul groupe, nous pouvions avoir plusieurs Européens, ainsi que des étudiants d’Amérique du Sud et du Proche-Orient, qui avaient tous une vision très différente du monde. Mais en gardant à la pensée le fait qu’il n’y a qu’un seul Entendement, il était plus facile de voir que cette merveilleuse variété d’idées convergeait vers quelque chose de complet. Certains diront peut-être que nous avons simplement trouvé un moyen d’harmoniser nos points de vue divergents, mais pour moi, la perfection de l’idée que nous recherchions était déjà intacte, et c’est la leçon spirituelle que j’en ai retirée. Nous n’avons pas fusionné pour créer cette idée, nous l’avons découverte.

Comme les idées proviennent d’une seule source divine, Dieu, elles ne sont pas en conflit, mais cohabitent dans l’harmonie.

Savoir qu’il n’y a qu’un seul Entendement m’a aussi permis de voir les autres étudiants différemment. J’ai commencé à comprendre que ce ne sont pas seulement les idées qui ont leur source dans l’Entendement, mais aussi toutes les identités. J’aime bien penser à ce fait en relation avec les rayons du soleil, comme me l’avait appris ma monitrice à l’école du dimanche de la Science Chrétienne. Chaque rayon a sa propre individualité et « rayonne » dans sa direction propre, mais ils ont tous les mêmes qualités essentielles, parce qu’ils proviennent de la même source. De la même façon, je voyais que nous aussi, nous étions l’émanation d’une seule source en tant qu’expressions du seul Entendement.

Cela a changé le regard que je portais sur mes camarades. Avant d’avoir cette compréhension plus profonde de l’individualité spirituelle, je me retrouvais souvent dans des situations où je m’attendais à ce qu’une personne pense ou agisse d’une certaine manière. Je vois à présent combien j’avais de préjugés et que ce n’était pas un raisonnement ayant une base spirituelle.

En sachant que notre individualité à tous avait Dieu pour fondement, j’ai pu commencer à m’élever plus facilement au-dessus de la tendance à conformer ma vision des autres à ce que je m’attendais à voir, ou à leur attribuer des motifs négatifs. J’ai constaté que j’étais ouvert aux idées que mes camarades apportaient aux projets, parce que la vision que j’avais d’eux n’avait pas son origine dans un concept matériel de la personnalité, de la culture ni de la nationalité, mais au contraire dans un concept pur de ce que nous sommes, les expressions de la nature infinie de Dieu. Quand, en priant, je suis parvenu au point où je comprenais que Dieu était le centre et l’origine de tout, j’ai pu cesser de croire que les idées que nous « générions » venaient d’un groupe de gens aux nombreuses opinions divergentes. Je me suis attendu, à la place, au flot libre des idées que Dieu révélait. Cette meilleure compréhension de l’identité spirituelle de mes camarades et de l’origine divine des idées qui nous motivaient a conduit à des travaux qui se sont passés dans l’harmonie et la joie, et que nous avons menés à terme.

En ce qui me concerne, spiritualiser ma vision de la diversité a finalement eu pour effet d’avoir un concept plus clair de l’Amour divin. « La crainte n'est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte », nous promet la Bible (I Jean 4:18). Alors, toute crainte que nous ressentons, en raison de nos propres différences ou de celles des autres, disparaît quand nous commençons à comprendre que tout ce qui existe réellement, c’est l’Amour et la création de l’Amour. J’ai découvert qu’en laissant l’Amour nourrir notre perception des autres, nous ne pourrons qu’aimer tout ce que l’Amour a créé et en être reconnaissants.

Il n’y a plus ni Juif ni Grec,
il n’y a plus ni esclave ni libre,
il n’y a plus ni homme ni femme ;
car tous vous êtes un en Jésus-Christ.
—L’Epître de Paul aux Galates 3:28