Un certain aphorisme dans la Science Chrétienne dit que plus on donne de bien, plus on en reçoit; ceci s'applique spécialement à ce qui se produit dans nos réunions du mercredi soir où l'on donne des témoignages. Les milliers d'expériences bienfaisantes et de cas encourageants de guérison mentionnés chaque semaine dans plus de deux mille trois-cents églises et sociétés répandues dans tout le monde christianisé, apportent une grande mesure de bien à ceux qui reçoivent, et une proportion égale à ceux qui donnent.
Avant le mois de septembre de 1898, il y avait chaque vendredi soir des réunions dans les églises de la Science Chrétienne. Elles étaient de la même nature et remplissaient le même but que celles de nos réunions actuelles consacrées aux témoignages, dont notre Leader a dit: “Le témoignage relatif à la guérison des malades est d'une grande importance. Il est plus qu'un simple récit de bienfaits; il escalade le pinacle de la louange et illustre la démonstration du Christ, ‘qui guérit toutes tes infirmités’ ” (Manuel de L'Église Mère, Art. VIII, Sect. 24, p. 47). A la date mentionnée, Mrs. Eddy ordonna que ces assemblées semestrielles fussent dorénavant appelées: réunions du mercredi soir, terme qui, aujourd'hui, sert toujours à les désigner.
On peut dire sans hésiter que chaque mercredi soir on entend à ces réunions du milieu de la semaine plus de dix mille récits de guérisons, d'aveux de gratitude et d'expressions d'appréciation. Il est possible d'en calculer exactement le nombre, mais personne ne peut mesurer le bien qu'ils font. Ils ne sont pas tous bien tournés ni conformes à la rhétorique ni même aux règles de grammaire; mais pas un seul n'est stérile lorsqu'il dénote la sincérité, qu'il est rempli d'humilité, ou inspiré par l'amour désintéressé. Les pensées et les motifs qui sont derrière nos paroles sont souvent sentis et on se les rappelle alros que nos paroles mêmes sont oubliées. Dans la plupart des témoignages, la sincérité, l'humilité et l'amour dépassent de beaucoup ce qui n'est qu'éloquence, véhémence ou exubérance. Ceci, néanmoins, ne devrait pas nous empêcher de nous appliquer à faire en sorte que chacun de nos témoignages soit ce que nous pouvons donner de meilleur, tant au point de vue de l'expression qu'à celui de l'intention.
Il y a un bon nombre de faits et de suggestions simples concernant la manière de donner un témoignage qui n'ont peut-être pas été pris en considération d'une façon générale, et qui pourront avec avantage être répétés de temps à autre, même à ceux qui les connaissent bien. On peut dire que le témoignage a trois buts; primo: celui de nous acquitter dans une mesure d'une dette de gratitude que nous devons au Dispensateur de tout bien en portant témoignage des bienfaits relatifs à la santé et au bonheur que nous avons reçus par l'intermédiaire de la Science Chrétienne; secondo: d'encourager et d'aider nos semblables le long du sentier qui mène aux lumières spirituelles; tertio: d'être nous-mêmes fortifiés par le sentiment d'avoir rempli un devoir, subjugué la crainte, ou de nous être rendus maîtres d'une erreur déconcertante qui mettrait volontiers un sceau à nos lèvres et nous obligerait à rester silencieusement assis.
Un témoignage efficace pourra être soit spontané soit étudié; et dans l'un ou l'autre de ces cas nous devrions bien réfléchir à ce qu'il faut inclure et à ce qu'il faut éviter. La plupart de ceux que nous entendons le mercredi soir semblent être improvisés; mais alors même qu'on se lèverait, se sentant poussé par un besoin pressant auquel on ne doit pas résister, ce qu'on dira sera mieux exprimé si l'on connaît d'avance quelques-unes des fautes qui enlèvent de la valeur à un témoignage, dont l'efficacité serait certaine si on les évitait, qu'on le donne spontanément ou le prépare avec réflexion. Notre Leader indique l'un de ces défauts lorsqu'elle fait ressortir dans la section de l'Article VIII du Manuel dont nous avons cité un passage, qu'un témoignage ne devrait pas “renfermer une description de symptômes ni de souffrances, bien que l'on puisse indiquer le nom générique de la maladie.” Qu'il nous soit permis de dire de nouveau que l'emploi du mot “prétention” ou “croyance” dans un témoignage donné en plein public ne doit pas être encouragé. Dans tout grand auditoire, il peut y avoir des personnes qui ne savent pas ce qu'on entend par “prétention” ou “croyance,” ou qui considèrent ces mots comme étant affectés; aussi vaut-il mieux dire, par exemple: “Un violent mal de tête” qu’ “une croyance à un violent mal de tête” ou “la prétention d'un mal de tête.”
Il n'est pas juste qu'un témoignage, qui est bon d'une façon générale, soit chargé de détails sans importance et peu intéressants. Il faut toujours éviter la fréquente répétition de: “Je dis” et “Il dit.” Un peu de sel donne du goût à un plat; mais trop de sel gâte tout le repas.
On entend régulièrement à nos réunions du mercredi soir plusieurs locutions et plusieurs expressions excellentes en elles-mêmes, mais qui ont été si fréquemment employées qu'elles sont considérées par bien des personnes comme banales et ordinaires. L'une d'elles est “relèvement spirituel,” terme qui est expressif et puissant, mais qui est usé jusqu'à la corde, à force d'avoir été sans cesse employé. On raconte qu'un monsieur, après avoir assisté pour la première fois à une réunion du mercredi soir, demanda tout à fait sérieusement à son compagnon si le témoignage de celui qui avait parlé en dernier lieu n'était pas considéré comme incomplet, attendu que c'était le seul dans lequel il n'avait pas été question du relèvement spirituel. Il y a tant d'autres termes qui exprimeraient la même pensée aussi clairement, qu'il n'est pas sage de répéter exactement les paroles que tant de personnes ont si souvent employées.
On observera un autre exemple même plus évident de simulation: celui de répéter et de réitérer un beau sentiment à tel point qu'il devient conventionnel et stéréotypé et qu'il perd par conséquent une grande partie de sa force et de sa sainteté; on l'entend dans bien des témoignages renfermant la phrase consacrée qui exprime “la gratitude envers Dieu, envers Christ- Jésus, le Guide, et envers notre bien-aimée Leader, Mary Baker Eddy.” Sans juger s'il est bienséant ou admissible d'employer ces paroles exactement de cette façon, qu'il nous soit permis de dire que ce qui, dans les témoignages, est souvent et ordinairement répété de la même façon et dans les mêmes termes, pourra être soumis à la question suivante: Combien cela s'éloigne-t-il des formules? En qualité de Scientistes Chrétiens, nous sommes habitués à des chemins raboteux et sommes obligés de parcourir le même terrain à maintes reprises, mais nous devons éviter de faire des ornières et d'y voyager ensuite.
Lorsqu'un Scientiste de passage mentionne dans son témoignage qu'il est membre de L'Église Mère et d'une église filiale, il le fait par respect et par considération pour ses auditeurs. Il présente en quelque sortes ses recommendations, montrant qu'il s'est conformé au gouvernement de notre Leader en ce qui concerne les membres d'églises, et qu'il ne vient pas simplement en étranger ou parce qu'il se sent attiré, mais parce qu'il est un des nôtres. L'ancienne habitude que le visiteur avait prise de terminer son témoignage en disant: “Je vous apporte les salutations,” etc., tombe avec raison en désuétude. Cela n'est pas correct, à moins que celui qui parle ait été officiellement autorisé d'avance à donner ces salutations de la part de son église, ce qui se fait rarement.
Le témoignage que l'on n'entend pas distinctement n'est pas beaucoup plus profitable que celui qui n'est pas donné, de sorte qu'il est toujours nécessaire de faire tous les efforts possibles pour se faire entendre et pour être compris. L'histoire qui fait le plus d'impression, lorsqu'on la raconte à un grand nombre de personnes, perd beaucoup de sa force si elle est donnée de façon à ce que seuls ceux qui sont placés tout près puissent l'entendre. Nous ne sommes pas tous doués de la voix résonnante qui peut être entendue de loin; mais dans de grands auditoires, certains d'entre ceux qui parlent ne peuvent être compris distinctement que par ceux qui sont près, car ils ne s'appliquent pas spécialement à se faire entendre de ceux qui sont plus éloignés. Si, au lieu de s'adresser au petit cercle qui l'entoure, celui qui parle dirigeait ses efforts de façon à se faire entendre de ceux qui sont le plus éloignés de lui, ceux qui sont près entendraient également, et le témoignage ferait le plus grand bien au plus grand nombre. On ne se plaint jamais de ce qu'un bon témoignage ait été entendu par un trop grand nombre de personnes, mais fort souvent de ce qu'il l'ait été par un trop petit nombre.
Après l'importance de parler assez haut pour être entendu, vient celle de parler assez distinctement pour être compris; et bien que l'on ne s'attende guère à ce que nos témoignages soient dits avec l'éloquence d'un orateur, l'énonciation claire des paroles est toujours accueillie par ceux qui les écoutent. Il arrive fréquemment que celui qui, en parlant, fait un effort particulier pour donner du volume à sa voix et qui prononce distinctement ses paroles, découvre qu'il peut développer les deux à un point qu'il ne soupçonnait pas. Le travail mental qui devrait accompagner de pareils efforts serait doublement efficace.
Une citation à propos et illuminante de la Bible ou de l'un des écrits de notre Leader est utile et appropriée dans un témoignage; et dans chaque cas de guérison qui est relaté, le fait du rétablissement devrait ressortir clairement et distinctement; il ne faudrait pas simplement y faire allusion ou l'abandonner à l'imagination. On néglige parfois ce détail. Le récit des procédés mentaux qui amènent une guérison devrait être court et simple, et il faudrait toujours éviter les sermons. Quelques paroles brèves sont souvent convaincantes, alors que le discours prolongé est fatigant et provoque l'incrédulité.
Les règles de bon goût doivent toujours être observées dans un témoignage de la Science Chrétienne. Ce qui ressemble à la recherche personnelle, comme de nommer le praticien ou le patient, devra être scrupuleusement évité. Il n'est guère plus convenable qu'un praticien raconte des cas de guérisons qui se sont évidemment effectués par son propre travail. On ne peut, en toute justice, dire de celui qui parle de sa propre guérison qu'il se vante; mais lorsqu'il raconte ce qu'il a fait pour autrui, alros même qu'il en attribue toute la gloire à Dieu, il marche sur un terrain périlleux.
Ceux qui préfèrent préparer d'avance leurs témoignages avec soin, afin de mieux les connaître, sont moins portés à négliger ou à omettre ce qu'ils veulent dire que s'ils se fient entièrement à ce qui pourra leur venir une fois qu'ils se seront levés pour parler. Pour des raisons inexplicables, on croit d'une façon générale dans certains endroits qu'un témoignage devrait toujours être improvisé et qu'il ne faudrait pas le formuler soigneusement d'avance. C'est là une erreur. Les deux systèmes sont bons s'ils expriment fidèlement les pensées et les intentions du cœur qui déborde d'amour et de gratitude. (Voir Hébreux 4:12). Il n'y a pas de raison pour croire que parce qu'un témoignage a, au préalable, été écrit pour être mieux examiné, il sera pompeux et ennuyeux lorsqu'il sera donné, ou que celui qui sera improvisé pourra être négligé et décousu.
Mais que que soit le système employé, tout témoignage a le droit d'avoir la protection et l'appui mentaux les meilleurs qu'on puisse lui donner; et puis, si celui qui a reçu les bienfaits se sent poussé par l'Amour divin à parler, qu'il se lève en présence de ses semblables et que, pareil à un serviteur du Roi, il donne son message avec courage et humilité. Il faudrait protéger tout témoignage en sachant que la vérité qu'il contient ne sera ni mal comprise ni mal appliquée; qu'il ne peut être sans effet, et qu'il portera la guérison, le réconfort, l'encouragement et des lumières à quelque personne qui trébuchera peut-être, étant déprimée ou découragée, cherchant à tâtons précisément ce qu'on a à donner. Et que l'on se rappelle toujours que, ainsi que l'a dit notre Leader à la page 518 de Science et Santé avec la Clef des Écritures: “Béni soit celui qui voit le besoin de son frère et y pourvoit, trouvant son propre bien en cherchant celui d'autrui.”