Ceux qui lisent la Bible sont susceptibles de passer sur le fait que bien que l'idée de paix y soit grandement représentée, on y parle aussi beaucoup de guerre. De plus, le sujet de la guerre ne se borne pas aux guerres du peuple juif rapportées d'une façon assez étendue dans l'Ancien Testament, car nous trouvons dans le Nouveau Testament maintes références à une autre sorte de guerre, et l'une des plus significatives se trouve au dix-neuvième chapitre de l'Apocalypse, où nous lisons la description de celui qui est appelé "le Fidèle et le Véritable" et qu'on désigne aussi sous le nom de "La Parole de Dieu." On nous dit concernant cette sublime idée spirituelle, représentée symboliquement comme un guerrier menant les armées du ciel, qu'il "juge et combat avec justice."
En étudiant les récits de l'Ancien Testament et en constatant que les Hébreux avaient recours à la guerre matérielle pour faire accepter leur religion aux peuples étrangers, nous pouvons nous rendre compte des tristes effets qu'à eus à travers tous les siècles sur le plan humain, cette méthode d'avancer la cause de la Vérité. De même nous nous rendons compte dans la Science Chrétienne que la lutte entre le bien et le mal, entre la Vérité et l'erreur, se perpétuera à travers tous les siècles jusqu'à ce que le bien domine et que la justice, l'exigence invariable de la loi divine, soit établie sur la terre. A la page 568 de Science et Santé Mrs. Eddy en commentant la vision de St. Jean telle qu'elle est présentée dans le douzième chapitre de l'Apocalypse dit que dans ce chapitre "le Révélateur expose d'abord la vraie méthode de faire la guerre et ensuite la fausse." Pour le Scientiste Chrétien toute guerre représente le conflit mental entre le bien et le mal; et quoique les instincts guerroyants de l'entendement humain cherchent constamment à se manifester, l'on y trouve néanmoins un désir profond de vérité, mais qui est trop souvent aveugle sur les éléments véritables de la paix ainsi que ce mot est compris spirituellement. St. Jacques énonce ceci en paroles profondément significatives lorsqu'il dit: "la sagesse qui vient d'en haut est d'abord pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité et d'hypocrisie."
Cela va sans dire que si tous les hommes n'avaient qu'un désir, celui d'exprimer une pureté absolue dans leurs pensées, leurs paroles et leurs actions, la lutte dans la conscience individuelle diminuerait jusqu'à ce que finalement la bénédiction du maître: "Je vous donne ma paix," soit réalisée. St. Paul apprit maintes leçons des soldats romains avec lesquels il était constamment durant bien des années. Pendant trois ans il fut prisonnier dans la garnison de Césarée; et plus tard, lorsqu'il séjourna à Rome comme prisonnier de l'état sous le règne de Néron, il paraît qu'un membre de la garde impériale fut choisi pour être son gardien, et que quand ils circulaient dans les rues une chaîne au poignet les reliait. Il importe de remarquer que bien que Paul employât assez souvent comme figure dans ses épîtres la guerre humaine, il ne jeta jamais aucun blâme sur les hommes intrépides avec lesquels il était en contact. Selon la tradition ces hommes s'intéressèrent l'un après l'autre au Christianisme grâce à son enseignement, et ils apprirent sans doute que, bien que la guerre continuerait probablement longtemps, le guerrier individuel devrait avoir pour mobile d'exprimer la justice et il devrait continuellement s'attendre au triomphe du bien sur le mal. Dans sa première épître à Timothée nous le voyons adressant une admonestation à ce jeune disciple, afin qu'il pût, grâce à son étude des Saintes Écritures, combattre "le bon combat en gardant la foi et une bonne conscience." Paul nous dit que "les armes avec lesquelles nous combattons ne sont point charnelles, mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses."
La difficulté qui confronte la plupart des gens, c'est qu'ils n'ont pas compris comment se servir des armes dont ils sont divinement munis et dont parle Paul, armes qu'il trouva puissantes; et l'on pourrait dire que ceci s'applique à chacun de nous. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'y aura pas de paix pour nous en tant qu'individus ni pour le monde en général, que nous n'ayons appris à distinguer entre la vraie guerre et la fausse. Il se peut que nous soyons forcés de commencer par ce qui, sur le plan humain, se rapproche le plus de ce qui est juste; et dans la mesure où nos mobiles seront purs, ils seront puissants, et aboutiront forcément à la victoire. Souvent nous sommes tentés de devenir moralement lâches, de chercher à avoir ce que Mrs. Eddy appelle "une fausse paix commode" (Miscellany, p. 211); et bien que cette paix semble nous satisfaire pour un temps, elle ne donnera jamais les résultats nécessaires pour établir le royaume de Dieu sur la terre. Celui qui dit: "Je vous donne ma paix" dit aussi: "Je suis venu apporter, non la paix, mais l'épée. Il est certain qu'il ne se servit jamais d'une épée autre que l'épée de l'Esprit, et il enseigna à ses disciples comment s'en servir, mais il leur enseigna en même temps que ceux qui le suivaient ne devaient être ni endormis ni apathiques, car ce n'était pas ainsi que le royaume de Dieu pouvait s'établir sur la terre.
Quand nous parviendrons à vivre dans une entière harmonie avec la loi divine, et que nous serons complètement gouvernés par la Vérité et l'Amour, alors nous verrons que les plus terribles manifestations du mal s'évanouissent dans le néant, devant la lumière de l'Esprit que nous rayonnons. Alors finira la guerre que les mortels se sont faite durant tous les siècles, et ceux qui auront dépouillé la mortalité pourront dire avec Paul: "J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi."