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« RÉFLEXIONS »

Parvenir à l’exactitude

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’avril 2015

La version complète de cette conférence est parue en anglais dans le Christian Science Journal de novembre 2014.


Cette conférence audio s’est déroulée sous forme d’entretien entre Chet Manchester, comanager du Conseil des conférences de la Science Chrétienne, et Deborah Huebsch, praticienne et professeur de Science Chrétienne. Mme Huebsch, qui demeure à San Juan Capistrano (Californie) aux Etats-Unis, est une ancienne conférencière de la Science Chrétienne.

Nos lecteurs aimeraient certainement vous connaître un peu plus. Avez-vous grandi dans un milieu scientiste chrétien ?

Pas du tout. En fait, j’ai connu la Science Chrétienne quand j’étais à l’université. Je me trouvais dans une situation désespérée. Une personne m’a tendu ce livre, Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy. J’ai dit : « Merci ! Mais, tu sais, je n’ai pas besoin de la religion. » J’ai pourtant commencé à le lire car je voulais prouver que c’était juste une béquille. Je pensais que ça ne servait à rien, que la religion ne servait à rien du tout. A l’époque, j’étais devenue agnostique, je n’étais pas loin d’être athée, mais je me suis lancée dans cette lecture, et ce livre a transformé ma vie.

Vous dites que vous étiez dans une « situation désespérée ». Qu’est-ce que cela veut dire ? 

J’avais vingt et un ans. J’étais étudiante à l’Université de Californie, à Berkeley. Mes résultats étaient très médiocres. J’étais dépendante de la drogue. Mon mariage était catastrophique. J’avais touché le fond.

Est-ce que les idées exposées dans ce livre ont aussitôt fait tilt dans votre esprit ?

Oh non ! Je soulignais en rouge tout ce qui me semblait absurde. Par exemple, en lisant qu’il n’y a pas de matière, je pensais : « Comment peut-on dire qu’il n’y a pas de matière ! Tout est matière. Je suis assise sur de la matière, je suis matière. » Et puis je suis tombée sur deux phrases que j’ai eu envie d’inscrire dans le carnet où je notais mes citations préférées. Voici la première : « L’Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations. » (p. 13) J’ai pensé : « Oh mon Dieu ! Et si c’était vrai ? » J’ai donc inscrit cette phrase dans mon carnet. 

Et voici la seconde citation : « … l’Amour soutient le cœur qui lutte jusqu’à ce qu’il cesse de soupirer après le monde et commence à déployer ses ailes pour prendre son vol vers le ciel. » (p. 57) Comme je me suis reconnue dans ce « cœur qui lutte », j’ai également noté cette phrase. J’ai continué ma lecture car cela m’intriguait. Quand je suis arrivée à la fin du livre, j’étais devenue scientiste chrétienne ! Moi qui n’y avais jamais songé. Vous imaginez ! Mon grand-père était médecin et ma famille était également très tournée vers la médecine, mais j’avais trouvé la vérité.

Tous mes problèmes ont disparu. J’avais l’habitude de lire la Leçon biblique hebdomadaire de la Science Chrétienne, une cigarette dans une main, une tasse de café dans l’autre. L’envie de fumer m’a quittée très vite. J’ai vraiment connu une période de transformation. Il faut dire que j’ai eu une guérison physique qui m’a particulièrement convaincue ! 

En dévalant les escaliers pour aller mettre mon linge dans le sèche-linge, je me suis écorché la main sur le mur en brique. Je me revois encore dans les escaliers, les yeux fixés sur ma main. Mes doigts saignaient aux articulations. J’allais remonter pour nettoyer la blessure et y mettre du mercurochrome, quand cette pensée m’est venue : « Attends un instant ! Si tu étais scientiste chrétienne, que ferais-tu ? » J’ai répondu : « Comme je ne suis pas scientiste chrétienne, je vais remonter à l’étage et me mettre du mercurochrome. » Mais la petite voix insistait : « Oui, mais si tu étais scientiste chrétienne, que ferais-tu ? » Cette fois je me suis dit : « Ok ! Si j’étais scientiste chrétienne, les choses seraient très simples. Dieu est bon ; Il est Tout ; il n’y a rien en dehors de Lui, pas même des doigts écorchés. » J’ai regardé ma main : elle était guérie. J’ai eu un vrai choc. Pour la première fois, je constatais qu’il existait un pouvoir en dehors de moi dont je ne savais rien. A partir de ce moment, j’ai lu Science et Santé avec une bien plus grande attention.

Vous avez consacré votre vie à la guérison, en tant que praticienne de la Science Chrétienne. Vous êtes également professeur de Science Chrétienne. Je crois savoir que, ces dernières années, vous avez donné une série d’allocutions lors de la journée d’association de vos élèves sur le thème suivant : « Parvenir à l’exactitude », et puis : « Parvenir à une plus grande exactitude. » Pourriez-vous m’expliquer ce que vous entendez par là ? 

Je me suis rendu compte que, bien souvent, nos concepts se trouvent faussés, ils perdent de leur sens ; si on ne part pas d’un concept exact, si on ne réfléchit pas en partant de la bonne prémisse, il est impossible d’arriver à la bonne conclusion. Dans le cas contraire, on peut être sûr que le raisonnement métaphysique est correct.

Ma première allocution à ce propos s’intitulait effectivement « Parvenir à l’exactitude ». Je me suis rendu compte par la suite que cela ne suffisait pas. J’ai donc écrit « Parvenir à l’exactitude, deuxième partie ». Mais ce n’était pas encore suffisant. Alors, la troisième année, mon allocution s’intitulait « Parvenir à une plus grande exactitude ». Je sentais le besoin de clarifier nos concepts. Car si ces concepts sont flous, on ne voit pas de guérison, et on se demande pourquoi. Les gens aspirent à de véritables guérisons. Si nous n’en obtenons pas, c’est, me semble-t-il, parce que nos concepts ne sont pas assez précis.

Et pourtant, on peut étudier Science et Santé et la Bible depuis des années, savoir que la matière est irréelle, et bien connaître l’« exposé scientifique de l’être » de Mary Baker Eddy – énoncé audacieux et même révolutionnaire qui commence ainsi : « Il n’y a ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance dans la matière. Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout. » (Science et Santé, p. 468) J’aimerais que nous abordions quelques-uns des concepts fondamentaux qu’il vous a paru nécessaire de réexaminer. Quelle a été votre approche ? Comment avez-vous prié ? Par lequel voulez-vous commencer ?

Eh bien, commençons par la matière. Les scientistes chrétiens savent fort bien qu’il n’y a « ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance dans la matière », mais d’une certaine manière, ils pensent que la matière est toujours là, qu’elle n’a ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance, mais qu’elle existe bel et bien. C’est une pensée latente, presque inexprimée.

Or, si on pense que la matière existe, on croit à deux réalités, on accepte le dualisme. J’entends beaucoup de scientistes chrétiens parler de la matière. « Ce sont mes pensées matérielles », disent-ils. Mais si je leur demande de quoi eux-mêmes sont faits, ils répondent : « Je ne suis pas composé de matière, mais j’ai un corps matériel, vous voyez…

 « Un jour, peut-être, ce sera tout à fait clair pour moi, mais pour l’instant j’ai un corps, il me fait mal et il a besoin d’être guéri. Et, si je dois vraiment l’avouer, je pense qu’il est probablement matériel. » Ayant une telle conception des choses, on essaye de convaincre Dieu de bricoler, de réparer la matière, de l’améliorer.  Ensuite, Dieu redevient Esprit. Nous avons donc affaire à une croyance dualiste, qui veut que la matière et l’Esprit soient tous deux réels. 

Mary Baker Eddy écrit : « … l’Esprit et la matière ne coopèrent ni dans l’homme ni dans l’univers. » (ibid., p. 319) Si nous croyons à l’existence tant de la matière que de l’Esprit, nous nous heurtons dès le départ à un problème fondamental, qui nous éloigne parfois de la guérison.

Un jour, mon professeur de Science Chrétienne m’a dit : « Je ne vois même pas la matière. Pour moi, elle n’existe pas. » Admirative, je lui ai demandé comment elle faisait. Elle m’a répondu qu’elle savait juste que Dieu est Tout, que tout est l’expression de Dieu, et qu’elle voyait en toutes choses une idée spirituelle et non une entité – ou un objet – matérielle. 

Cette conversation m’a fait beaucoup réfléchir. Il m’a paru logique que si l’Esprit, Dieu, est Tout, il ne peut y avoir d’opposé. Tout, c’est immense, c’est précisément tout. On ne peut rien y changer, rien y ajouter. Si tout est Esprit, alors nous arrivons là au fait fondamental. C’est pourquoi je m’appuie énormément sur la totalité de Dieu. J’en appelle à Son omniprésence, à Son omnipotence, Son omniscience, Son « omniaction », et je parviens ainsi à reconnaître la totalité de Dieu. La matière me semble alors moins réelle ; je comprends que, pour guérir, on ne traite pas la matière, car on a en réalité affaire à des concepts humains erronés. C’est en cela que la Science Chrétienne est extraordinaire : elle ne s’adresse qu’à la pensée, à la conscience. A mesure que l’on spiritualise ses pensées pour accepter la vérité – les idées de Dieu, l’amour de Dieu – tout autre concept est corrigé et disparaît. La guérison s’ensuit, bien sûr. Mais, en réalité, on n’a fait que spiritualiser ses pensées. C’est un réveil, une transformation de la pensée, une correction salutaire.

Mary Baker Eddy définit le temple comme étant le corps (voir ibid., p. 595). Je pense que pour guérir il est important d’acquérir un concept exact du corps. Quand elle parle des yeux et des oreilles, il ne s’agit pas du physique. Si nous commencions à considérer notre corps, notre véritable individualité, comme la manifestation d’idées, cela serait un progrès. Le corps ne peut être matériel si Dieu est Tout et qu’Il est Esprit. Dans la totalité de l’Esprit, il est inconcevable qu’il puisse y avoir de la matière où que ce soit, sous quelque forme que ce soit, y compris celle de mon corps, mon identité spirituelle. 

Le fait de reconnaître que nous ne sommes pas des êtres matériels avec des yeux ou des oreilles qui vieillissent, mais que nous nous renouvelons éternellement dans l’Esprit, constitue un fondement solide sur lequel nous appuyer. De même, si une personne a, par exemple, un problème de respiration, il faut détourner nos pensées de la matière vers l’Esprit, accepter l’« inspiration » de Dieu, et « expirer » le sens matériel des choses, c’est-à-dire y renoncer en reconnaissant que les concepts matériels erronés ne font pas partie de notre être. J’aime l’idée de traduire les choses en pensées, comme l’écrit Mary Baker Eddy, et d’échanger les objets des sens – un corps malade, un travail pénible, etc. – contre l’inspiration curative de l’Ame qui élève nos pensées au niveau de notre relation spirituelle à Dieu, jusqu’aux idées de l’Ame. Eh bien, la respiration est une idée de l’Ame, que nous exprimons sous une forme visible, mais qui n’est pas matérielle pour autant.

A propos d’idées et de traduction des choses en pensées, pourriez-vous nous donner des exemples de la façon dont une perception plus claire du corps a joué un rôle déterminant dans une guérison ?

Oui. Un jour, alors que j’étais en randonnée sur un sentier, un cycliste a carrément heurté mon cheval par l’arrière. L’animal s’est cabré de frayeur, et j’ai brutalement atterri sur le dos, qui plus est sur une pierre. La blessure était grave. Il a fallu appeler un garde forestier, lequel m’a transportée dans sa camionnette. De toute évidence, j’avais une côte cassée. Plusieurs pensées me sont venues à l’esprit, notamment que les côtes assuraient une protection, qu’elles protégeaient les parties internes du corps. Si utile que soit ce concept, il me fallait concevoir une idée plus haute de la protection, une idée incapable de se fêler ou de se casser. Cette protection résidait dans le fait que l’homme, l’idée spirituelle de Dieu, est éternellement un avec Dieu, dans les bras infinis de l’Amour. Cette structure spirituelle ne pouvait être brisée, c’était là une réalité permanente pour nous tous. 

Quand je pense au corps, je trouve utile de faire un parallèle avec l’entendement. En tant que scientiste chrétienne, je ne dirais pas que j’ai un entendement personnel. Nous savons qu’il y a un seul Entendement, l’Entendement divin que nous exprimons tous. Eh bien, on peut dire la même chose du corps : nous exprimons un corps, l’idée divine d’utilité. Nous l’exprimons quotidiennement par notre capacité d’écrire, de marcher, de serrer quelqu’un dans nos bras, etc. C’est pourquoi, au lieu de dire que je possède un corps matériel, je préfère penser que j’exprime les qualités spirituelles du corps, à travers mon identité en tant qu’idée de Dieu. Si j’ai un problème physique, je ne cherche donc pas à guérir un corps en mauvais état, je reconnais tout de suite que je suis spirituelle et complète. Ce point de vue spirituel me met en position de domination lorsque je dois prier à propos du problème apparent. Je comprends que je suis l’expression de Dieu, ce qui inclut ce qu’on appelle le « corps ». 

C’est juste. Mary Baker Eddy résout le mystère de l’Ame dans le corps en répondant à la question : « Que sont le corps et l’Ame ? » Elle écrit en effet : « L’identité est le reflet de l’Esprit… » (Science et Santé, p. 477)

Autrefois, j’aurais préféré qu’elle dise : « Le corps est ceci et l’Ame cela. » Mais elle dit : « L’identité est le reflet de l’Esprit, le reflet sous des formes multiples et variées du Principe vivant, l’Amour. » J’aime beaucoup cette idée que nous sommes « formés ». Comme le dit ce très beau cantique : « Les nuages des sens en s’estompant révèlent / La forme divinement belle. » (Traduction littérale, no 51, Mary Alice Dayton, Christian Science Hymnal.) C’est-à-dire notre corps !

L’expression de l’Ame renvoie certainement bien plus à l’identité qu’au sens corporel du corps. Notre identité est intacte, c’est notre forme divinement belle.

Vous avez une identité que je peux reconnaître. Même si nous l’appelons corps, cette identité est vraiment exprimée, tangible, reconnaissable. C’est là, me semble-t-il, une excellente façon de voir le corps.

Pour « parvenir à une plus grande exactitude », qu’en est-il de la prière et du traitement par la Science Chrétienne ? Comment prier pour résoudre un problème ?

J’ai recherché à l’aide des concordances des écrits de Mary Baker Eddy la façon dont elle utilise le mot « traitement », car je me suis rendu compte que les gens disent souvent : « J’ai donné “un traitement en Science Chrétienne” pour résoudre tel problème. »

Or, j’ai été très surprise de constater que Mary Baker Eddy n’emploie pas ce terme dans ce sens. Elle parle de « traitement » plutôt pour exprimer la façon dont on va résoudre un problème. Va-t-on recourir à la Science Chrétienne, à l’homéopathie ou bien à la médecine classique ? Elle ne parle pas une seule fois d’« un » traitement par la Science Chrétienne. On a tendance à penser que c’est le « traitement » qui guérit, mais je ne suis pas certaine que cela soit correct. En lisant Mary Baker Eddy : Une vie consacrée à la guérison spirituelle, j’ai été frappée par son œuvre de guérison. Elle guérissait comme on respire, elle guérissait en marchant. C’était si naturel, si rapide ! Apparemment sans nécessiter tout un processus. C’est tout à fait typique de ses premières guérisons – comme les guérisons de Jésus ! On sait que Jésus guérissait tout en marchant au milieu des foules.

Je crois que, pour guérir, la pensée doit être dans un lieu très sacré, sous l’abri du Très-Haut, là où était Mary Baker Eddy. Elle demeurait à cette hauteur, si vous voulez. Il lui a fallu trouver le moyen d’enseigner à tous comment y accéder, car c’est dans ce lieu spirituel que s’accomplit la guérison.

Alors comment y accéder ? Telle est la grande question ! Mary Baker Eddy a d’abord enseigné la méthode de l’argumentation, l’affirmation et la réfutation. Elle nous recommande de nous attacher fermement à la vérité, et elle nous donne bon nombre de conseils utiles pour y parvenir. Mais je pense qu’elle nous aide surtout à accéder à ce « lieu » – ce sentiment d’être en parfaite harmonie avec le divin – à avoir des pensées en accord avec l’Entendement, avec ce que l’Entendement communique, ce que Dieu connaît d’une situation. C’est cela qui guérit, et non le processus qui nous conduit en ce lieu. On s’en remet parfois au processus, dont on attend la guérison, au lieu d’aller de l’avant. Mary Baker Eddy nous donne ce qui est, à mes yeux, le conseil parfait sur la façon de guérir : « Contemplant les tâches infinies de la vérité, nous nous arrêtons un instant – nous nous attendons à Dieu. Puis nous allons de l’avant [notez qu’il n’est pas question de ramper ni de louvoyer, mais d’aller de l’avant] jusqu’à ce que la pensée détachée de toute entrave marche ravie, et que la conception libérée prenne son essor vers la gloire divine. » (Science et Santé, p. 323) Là où se produit la guérison !

J’aime définir le traitement comme le moyen, quel qu’il soit, d’amener la pensée à cette harmonisation. Parfois, c’est en méditant l’une des idées contenues dans la Leçon biblique de la Science Chrétienne. Parfois, c’est en faisant les cent pas tout en argumentant et en déclarant la vérité. D’autres fois, c’est en étant très catégorique. Ou bien encore, en se contentant d’écouter calmement ce que révèle l’Entendement. Il n’y a pas une façon unique de procéder.

Je suis frappé par le fait que l’entendement humain a besoin de la lettre pour structurer son argumentation afin de produire la guérison. Mais dans la guérison en Science Chrétienne, on renonce à croire à d’autres entendements en dehors de Dieu, si bien que le raisonnement spirituel sert juste à amener la pensée à reconnaître que tout est Entendement infini.

En effet, car qui raisonne quand on argumente ? Qui formule l’argumentation ? Je ne pense pas que l’Entendement ait besoin d’argumenter. Alors qui ? En fait, c’est la pensée qui s’efforce de s’élever au-dessus de la maladie, de la douleur, de la discordance, ou de toute autre inharmonie. C’est un effort de libération pour parvenir au divin.

En matière de soins, le corps et la santé sont abordés la plupart du temps de façon très matérialiste. Je sais que vous avez réfléchi à ces formes d’impostures, à ces problèmes de fond qu’il est nécessaire de traiter par la prière pour guérir. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?

Après ma chute de cheval, je suis restée dans mon fauteuil pendant cinq semaines. Je souffrais énormément la plupart du temps, sans pouvoir bouger ou presque. Un jour, j’ai dit à une patiente : « Et si nous lisions, dans Science et Santé, la partie consacrée à la médecine, dans le chapitre “La Science, la théologie, la médecine” ? » Je pensais à elle en lui proposant cette lecture, mais j’ai suivi mon propre conseil.

Dans cette section sur la médecine, la page 155 m’a interpellée tout particulièrement. J’avais l’impression de la lire pour la première fois tant j’ai été frappée par la force du message. J’aimerais juste vous en citer un passage.

« La croyance universelle à la physique s’oppose aux vérités hautes et puissantes de la métaphysique chrétienne. Cette croyance générale erronée, qui soutient la médecine et produit tous les résultats médicaux, agit contre la Science Chrétienne ; et il faut qu’il y ait du côté de cette Science un pourcentage de pouvoir qui l’emporte puissamment sur le pouvoir de la croyance populaire pour guérir un seul cas de maladie. »

Si cela m’a tellement frappée, c’est que je n’y avais jamais vraiment réfléchi auparavant. J’avais traité toutes sortes de points, mais jamais la croyance générale. J’ai donc écouté pour savoir ce qu’il fallait faire, et trois choses me sont alors venues à l’esprit. Certaines personnes, au courant de mon problème, m’avaient dit ce qu’elles en pensaient. L’une d’entre elles, une infirmière, s’était inquiétée de la gravité de mon état, de mes souffrances, et du temps que pourrait prendre la guérison, étant donné mon âge.

Je n’avais pas traité ces craintes spécifiquement, mais ce jour-là, je l’ai fait de A à Z. J’ai pris chaque prétention une par une, et j’ai trouvé le fait contraire à lui opposer. Mary Baker Eddy explique que le fait contraire est nécessaire pour guérir (voir ibid., p. 233).

Le fait contraire au vieillissement est l’être intemporel. Je ne suis pas une mortelle vieillissante ; je suis sans âge, je l’ai toujours été et le serai toujours, car je coexiste avec mon Créateur. J’ai ensuite considéré la croyance qu’une guérison prend du temps. Eh bien, Dieu ne connaît ni jours ni semaines. En premier lieu, Il ne connaît même pas les accidents, et le temps ne fait certainement pas partie de l’Entendement, qui est le présent éternel, le seul présent. Tout ce que nous avons, nous l’avons en ce moment même.

La douleur extrême était également une prétention. J’ai décidé de ne plus l’accepter. Je n’avais pas à accepter qu’une cause et un effet quels qu’ils soient puissent exister en dehors de Dieu ; je n’avais pas à accepter d’avoir une côte cassée et de devoir en souffrir. Non ! non ! non ! non ! et non ! Je ne m’étais pas cassé une côte, et je ne pouvais donc connaître que l’harmonie. J’ai traité ces différents points à fond.

Ce soir-là, j’ai pu m’allonger sur mon lit pour la première fois depuis cinq semaines. Auparavant, j’étais prise d’une douleur atroce au milieu de la nuit. Je ne pouvais pas respirer profondément, j’avais trop mal. Mais la nuit qui a suivi mon rejet des croyances générales, j’ai senti la douleur s’atténuer et disparaître. Trois jours plus tard, je remontais à cheval. Cette guérison représente pour moi un rappel spectaculaire du fait que nous devons être vigilants et rejeter l’imposture des croyances générales.

Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit que nous devons tenir compte de la pensée des personnes dans l’entourage du patient (voir p. 424). Les pensées qui nous environnent sans cesse concernent le corps, la matière, la maladie, la guérison ou la non-guérison des maladies, mais surtout le traitement des maladies.

Avec tout ce qui circule sur les ondes, il est maintenant possible de capter une multitude de chaînes avec son poste de télévision. Ces ondes sont toujours là, même si la télévision est éteinte. Il est important d’être vigilant à ce sujet.

Dans ma pratique, je dirais qu’environ 85 % des cas dont je m’occupe sont directement liés à des croyances générales qui n’ont pas été traitées. En les traitant lors de chaque prière, de chaque déclaration de la vérité, on aide l’humanité, car ces croyances générales forment la pensée collective, qui est composée d’individus. Chacun d’entre nous a donc sa pierre à apporter. Nous pouvons le faire dans le camp de la guérison, par des prières qui ont le pouvoir de guérir réellement, parce que c’est la vérité. Alors prions pour le monde ; aimons le monde et affirmons que le Christ est présent partout, dans chaque point chaud de la planète, dans tous les lieux ténébreux. Mary Baker Eddy écrit : « La “douce petite voix” de la pensée scientifique atteint, par-delà mers et continents, jusqu’aux extrémités les plus lointaines du globe. » Et voici la partie que je préfère : « Elle se fait entendre dans le désert et dans les lieux ténébreux de la peur. » (ibid., p. 559) N’est-ce pas merveilleux ! Chaque prière offerte se fait entendre quelque part dans le désert, dans ce lieu ténébreux de la peur, et elle s’accompagne du Christ qui guérit !

J’aimerais que nous parlions de Dieu, et tout d’abord de l’amour extraordinaire de Mary Baker Eddy pour Dieu, du sentiment qu’elle avait d’être proche de Lui. Puisque vous êtes allée vers une plus grande exactitude dans votre pratique, dans vos discussions et dans vos allocutions pour vos élèves, parlez-nous de ce sentiment de proximité avec Dieu et de votre profond désir de ressentir davantage Sa présence de façon tangible.

C’est si facile de lancer des phrases toute faites comme : « Ça n’est pas vrai ! » ou : « Il suffit de voir cette personne comme Dieu la voit. » Il me semble que, dans ce cas, nous laissons la tête dominer alors que nous devrions nous exprimer beaucoup plus avec le cœur. Je sais de quoi je parle. 

A mes débuts dans la pratique, je m’entendais lancer de telles phrases. Je me souviens notamment qu’un jour, me surprenant à parler dans ce jargon propre aux scientistes chrétiens, j’ai pensé : « Je n’aimerais pas qu’on me parle de cette façon. Quelqu’un souffre et je suis en train de lui dire : “Vous êtes l’enfant parfait de Dieu”, mécaniquement, sans le penser vraiment. » A partir de ce jour-là, je me suis efforcée de ne plus répondre ainsi. Si je parle à une personne de sa vraie identité, j’ai intérêt à m’investir dans cette idée, au moins mentalement. J’ai beaucoup travaillé dans ce sens au fil du temps. 

L’investissement mental est certes important, de même qu’il est nécessaire d’avoir à l’esprit les concepts corrects dès le début, mais il y a aussi toute la partie cœur ! C’est bien parce que je désirais ardemment me rapprocher de Dieu que j’ai vécu, récemment, quelque chose d’extraordinaire. Penser à Dieu n’est pas la même chose. C’est très bien, c’est important, il faut le faire, mais il y a le cœur !

Quand on parle de cœur, de transformation de la pensée et du caractère, ainsi que de changement de perspective, on pense au genre de guérisons accomplies par Jésus. Or Jésus déclara que les hommes auraient toujours la possibilité d’accomplir de telles guérisons grâce au Christ éternel.

Avec la Bible pour seul livre d’étude, Mary Baker Eddy a obtenu une guérison merveilleuse en lisant les récits des guérisons accomplies par Jésus ; elle a eu conscience du Christ. Cette présence du bien, ce pouvoir discernable, tangible dans notre vie, est la présence du Christ avec nous.

Je vais vous raconter une histoire me concernant. J’ai toujours su que Dieu aimait Sa création, et j’en étais très reconnaissante. Je voyais les effets de Son amour tout autour de moi, et cela me rendait heureuse. Je comprenais l’amour du Créateur pour la création, j’avais beaucoup d’amour pour les autres, et réciproquement, mais il me manquait une chose essentielle. Pour être franche, je ne savais pas comment aimer Dieu. C’est si important ! Je ne cessais de lire : « Aimes-tu “le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée” ? » (Science et Santé, p. 9) Malheureusement, je ne pouvais le prétendre. Je le voulais mais n’y parvenais pas.

Un jour, j’ai entendu une amie dire que Dieu était avec elle dans sa voiture, qu’Il était avec elle quand elle faisait ses courses. Elle parlait de son amour pour Dieu comme d’une partie intégrante de son être. Je voulais tant ressentir la même chose, sans pouvoir y arriver ! J’aurais seulement pu dire, par exemple : « Je sais que les rayons de soleil n’ont pas établi une relation personnelle avec le soleil ; ils expriment seulement le soleil, ils émanent du soleil. De même, l’homme n’entretient pas une relation avec Dieu, il exprime simplement Dieu. » Mais cela n’était pas suffisant. 

J’ai donc décidé de prier à ce sujet. Je priais le matin, avant de me lever : « Père, montre-moi. Je désire Te connaître. Je désire T’aimer. Aide-moi. Montre-moi. » J’ai continué de prier ainsi durant deux semaines. Je le faisais très sérieusement. 

Et puis un après-midi, j’ai reçu l’appel d’un homme habitant à l’autre bout du pays. Il avait besoin d’une aide urgente. Je me suis assise (selon mon habitude), et j’ai demandé à Dieu : « Père, qu’est-ce que je dois savoir ? » Je commence souvent ma prière ainsi, et puis j’écoute. 

Je me suis alors sentie très reconnaissante de savoir que Dieu était le Père de cet homme et qu’Il prenait soin de lui. Il habitait si loin de chez moi que je n’avais aucun moyen de lui rendre visite, mais Dieu était là-bas, et j’étais remplie de gratitude.

Soudain, il s’est produit quelque chose de tout à fait inhabituel, qui ne m’était même jamais arrivé. J’ai entendu Dieu me parler, comme on parle à voix haute. La voix disait : « Il est Mon enfant. Je prendrai bien soin de lui. Il est en sécurité. » Spontanément, j’ai aimé Dieu pour cette manifestation, et cela reste pour moi une pierre de touche. A partir de ce moment-là, ma façon de prier allait complètement changer. 

J’étais tellement reconnaissante ! Les larmes inondaient mon visage. Une nouvelle conception de Dieu naissait en moi, une conception bien plus riche. Je possédais une boîte à outils métaphysique, mais elle n’était pas encore pleine. Il manquait une pièce à mon puzzle. Je voulais qu’il soit complet. C’était ce désir qui était le plus important. Je le souhaitais du fond du cœur. 

Deux semaines plus tard, alors que je me réjouissais de pouvoir aimer Dieu comme un Père, j’ai reçu un appel à l’aide, très tôt le matin. C’était une femme dont le mari souffrait terriblement. Il avait les intestins bloqués et ne pouvait plus rien absorber. Elle me demandait de l’aider. Bien entendu, je lui ai dit que j’allais le faire.

Je me suis assise, et de nouveau j’ai dit : « Père, qu’est-ce que je dois savoir ? » Cette fois, la réponse ne m’est pas venue de façon audible, mais je me suis sentie clairement poussée à reconnaître Dieu en tant que Mère. Je suis restée assise, écoutant pour savoir comment Dieu prenait soin de cet homme comme une Mère. Dieu veillait tendrement sur sa sécurité, parce qu’il était Son expression. Son amour pour lui se manifestait selon des voies humaines appropriées, grâce au Christ. Dieu l’encourageait, Il apaisait ses craintes, Il le nourrissait. Cet homme était véritablement aimé par sa Mère, Dieu. C’était très émouvant. Il a été guéri en deux jours.

Une autre expérience intéressante a suivi. Je pensais à ce moment-là à Christ Jésus, qui était si souvent mû par la compassion. J’ai l’impression d’avoir, en un sens, touché le bord de la robe du Christ. Une nurse de la Science Chrétienne à la retraite m’a appelée très tard dans la nuit. Son mari, qui n’était pas scientiste chrétien, avait un problème. « Il ne réagit plus, me dit-elle. Cela ne va vraiment pas. Voulez-vous prier pour lui ? » « Bien sûr ! » ai-je répondu. De nouveau, j’ai demandé : « Père-Mère Dieu (cette fois-ci), qu’est-ce que je dois savoir ? » J’ai senti qu’il avait besoin d’être « materné ». J’étais encore une fois très reconnaissante de prendre conscience du pouvoir et de la présence de Dieu qui était la Mère de cet homme.

Sa femme m’a rappelée une heure plus tard : « Sa main droite est paralysée, il ne peut articuler aucun mot, il est incapable de parler. » « C’est juste une croyance à une attaque, ai-je répondu. Je continue de prier. » Et j’ai raccroché. Dans un cas pareil, je prie de manière spécifique au sujet de la croyance matérielle à un AVC, mais en l’occurrence, je n’ai pas traité ce point, car ce n’était pas le sujet. Cet homme avait juste besoin de sentir l’amour d’une Mère.

Cinq minutes plus tard, elle a rappelé : « Il est guéri, tout à fait guéri, il parle, il remue les bras. » Quand le patient m’a lui-même appelée le lendemain, il s’exprimait tout à fait normalement. J’ai aussi parlé à sa femme, qui m’a demandé comment j’avais travaillé. « Pour être franche, j’ai seulement reconnu que Dieu veillait comme une Mère sur lui. » Après un long silence au téléphone, elle m’a dit : « Il a eu une enfance terrible. »

Ce sentiment d’être dans ce lieu secret, sous l’abri du Très-Haut est au cœur de la prière. C’est là que se produit la guérison, c’est là que le cœur est à l’unisson du sens divin de l’Amour, de l’Amour même, l’Amour en tant que Père-Mère.

Je dis aux personnes qui ont beaucoup travaillé, longtemps prié au sujet d’un problème sans obtenir la guérison souhaitée : « Apprenez à devenir intimes avec votre Père-Mère Dieu. Rapprochez-vous de Lui. » A ma connaissance, la seule façon d’y parvenir, c’est de le vouloir vraiment.

Dans le chapitre de Science et Santé qu’elle consacre à la prière, Mary Baker Eddy mentionne à plusieurs reprises que le désir est prière. C’est cultiver ce désir, inviter l’Esprit à venir dans notre cœur. C’est ouvrir notre cœur.

Quand je prie, j’ouvre grand ma pensée et je dis : « Mon Dieu, dis-moi ! Il se peut que je ne veuille pas l’entendre, mais je le désire vraiment. Alors dis-moi ce que j’ai besoin de savoir, et par-dessus tout, fais-moi connaître la présence de Ton amour. Que je puisse le ressentir, le connaître, que je puisse être enveloppée par cet amour. Et je T’en remercie, bien sûr. Je Te suis tellement reconnaissante. »

Mes prières ont changé depuis cette expérience. Elles ne sont plus tant de la tête, si je puis dire, autant intellectuelles. Il ne s’agit plus tant d’assembler de belles vérités, si nécessaire que soit la compréhension de la vérité, que d’éprouver envers Dieu une gratitude et un amour débordants.

Avant d’être scientiste chrétienne, mes prières étaient uniquement des suppliques. Par exemple : « S’il te plaît, mon Dieu, puis-je avoir de bonnes notes à l’école ? S’il te plaît, mon Dieu, peux-Tu me donner une voiture ? » J’essayais de négocier avec Dieu. Mais quand je suis devenue scientiste chrétienne, que j’ai appris toutes ces vérités et compris qu’il fallait s’attacher à la vérité, l’entretenir, travailler avec elle, l’appliquer aux problèmes, j’ai pensé que la prière qui demande était du niveau de l’école maternelle. Aujourd’hui, je ne le pense plus du tout, car je considère que la prière qui demande prépare ma pensée à recevoir davantage le divin et à le vivre dans mon quotidien.

Devenez semblables à un petit enfant, dit Jésus.

Exactement ! Et ma nouvelle façon de prier consiste à me tourner vers le cœur de l’Amour avec ce désir ardent : « Fais-moi comprendre cette présence de l’Amour. Que je puisse la voir partout. Je suis très reconnaissante, Père-Mère Dieu, de tout ce que Tu es et de tout ce que Tu fais, et de l’amour que Tu portes à Ta création. »

En tant que praticienne et en tant que chrétienne, vous nous avez conduits sur un chemin magnifique. C’est un cheminement spirituel très riche.

C’est un cheminement, un cheminement pour nous tous. Je le suis depuis des décennies, et je constate qu’il gagne en légèreté et en puissance. Que pourrait-on éprouver de plus extraordinaire que le sentiment de la présence de Dieu au quotidien ?

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« ... proclamer l’activité et l’accessibilité universelles de la Vérité toujours disponible... »

(Mary Baker Eddy, La Première Eglise du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 353)

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