Le grand intérêt que nous portons à notre « image » est souvent à la base des efforts que nous faisons pour conformer notre corps aux codes toujours changeants de la beauté et de la santé. Ceux qui luttent pour adapter leur aspect physique aux normes courantes, choisissent le plus souvent de modifier leur régime alimentaire. En conséquence, la nourriture devient soit un ennemi soit un ami sur lequel il est impossible de compter à long terme.
Le poète écossais du XVIIIème siècle, Robert Burns, écrit:
Certains ont de la viande
mais ne peuvent pas manger,
Certains voudraient manger
mais ne le peuvent pas,
Mais nous avons de la viande
et nous pouvons manger,
Loué soit le Seigneur.
Les mots de Burns sont très justes. Pour certains, bien manger n’est pas un problème. Par contre, les allergies, la maladie ou la peur des effets de la nourriture, empêchent d’autres de manger les bons aliments qui sont à leur disposition. Et dans de nombreux autres cas, un maigre revenu, une répartition inégale des ressources, des récoltes insuffisantes ou des problèmes de contamination limitent l’accès à une alimentation de qualité et en quantité suffisante. Nous devons tous manger. Alors, comment devrions-nous considérer la nourriture ? Peut-elle contrôler notre santé et déterminer notre qualité de vie ? Quel est le rapport entre Dieu et la nourriture ? Il me semble que lorsque les festins et les jeûnes sont mentionnés dans la Bible, ils sont rarement décrits comme des activités centrées sur la nourriture ou le corps. Un festin impliquait la célébration des dons de la grâce de Dieu et non la poursuite d’un plaisir. Les soldats jeûnaient avant une bataille afin d’orienter leurs pensées vers Dieu. Les décisions touchant à la nourriture — manger, ne pas manger, que manger — découlaient souvent d’une préoccupation spirituelle focalisée sur la nature de Dieu et sur ce que Son amour tout-puissant apporte à la vie des hommes. Cette façon de se tourner vers Dieu inspira le patriarche Joseph et l’amena à sauver un pays entier d’une famine qui dura sept ans (voir Genèse 41). Élie, pour sa part, sauva une famille de la famine (voir II Rois 4), et Jésus nourrit les multitudes (voir Matthieu 14), prouvant que Dieu pouvait répondre aux besoins humains dans chaque situation.
Christ Jésus nous a enseigné à nous attendre à des réponses lorsque nous tournons nos pensées vers Dieu. Il dit: « Et vous, ne cherchez pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez... Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez plutôt le royaume de Dieu; et toutes ces choses vous seront données pardessus. » (Luc 12:29-31)
Alors est-ce que la nourriture est une bonne ou une mauvaise chose ? Considérée spirituellement, il est possible de dire qu’elle n’est ni bonne ni mauvaise. La nourriture, en tant que matière, n’est ni une bénédiction ni une malédiction pour la création spirituelle de Dieu. La Découvreuse de la Science Chrétienne a abouti à des conclusions intéressantes concernant la nourriture. Mary Baker Eddy explique de manière approfondie ces concepts à la page 388 de son ouvrage principal, Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Admettez l’hypothèse courante que la nourriture est le soutien de la vie, et il vous faut nécessairement admettre dans le sens contraire que la nourriture a le pouvoir de détruire la Vie, Dieu, par l’insuffisance ou l’excès, par la qualité ou la quantité. C’est là un exemple de la nature ambiguë de toutes les théories matérielles sur la santé. »
Les défis liés à la nourriture que Mary Baker Eddy a surmontés et l’aide qu’elle a apportée à ceux qui faisaient face à ces même défis, lui ont conféré la compréhension du fait que la nourriture matérielle n’affecte pas la Vie absolue de l’homme. Elle parle de certains cas dans les chapitres « La physiologie », « Les pas de la Vérité » et « Pratique de la Science Chrétienne », dans Science et Santé.
Mary Baker Eddy s’est rendu compte que l’Entendement, un synonyme de Dieu, est également l’Amour, la Vie et l’Esprit, et que l’homme est le reflet spirituel et parfait de l’Entendement. Cet Entendement divin aimant, et non la matière, contrôle l’homme en premier et dernier lieu. Le soi-disant processus vital — se nourrir, digérer, avoir un bon métabolisme — peut être délivré des influences matérielles, et le corps répondra de façon naturelle et harmonieuse lorsque notre pensée cédera à l’Entendement et reflétera l’amour de Dieu dans la vie journalière. En fait, nous pouvons atténuer de nombreux symptômes dus à des problèmes physiques en étant bons et aimant envers nous-mêmes, envers les autres et vis-à-vis de notre corps, et en acceptant l’amour de Dieu et le soin qu’Il nous prodigue. Ni la nourriture ni le corps humain ne sont des ennemis, et nous pouvons cesser de les traiter ainsi.
Manger et digérer sont des activités humaines normales et naturelles. L’obsession de la nourriture — ce que quelqu’un doit, ne doit pas, peut, ne peut pas manger, ou la manière dont notre corps va accepter la nourriture — ne l’est pas. Science et Santé nous dit: « Le corps le plus harmonieux est celui où l’accomplissement des fonctions naturelles attire le moins l’attention. » (p. 478)
Il y a de nombreuses années, un jeune est venu me voir pour que je l’aide par la prière, après que ses parents se soient rendu compte qu’il souffrait d’un problème lié à l’alimentation. Depuis quelque temps, il se nourrissait très peu tout en faisant beaucoup de sport. Bien que lui-même ne fût pas conscient de ce problème, son entraîneur et les infirmières de l’école étaient inquiets, et ont informé les parents du jeune homme que l’anorexie faisait des ravages au lycée qu’il fréquentait, et que plusieurs élèves étaient sous surveillance médicale. Les parents ont été avertis que si leur enfant manquait l’école une journée de plus — ces absences étant dues à de forts maux de tête — il devrait redoubler. On lui avait aussi défendu de participer aux activités sportives.
Les parents n’avaient pas été conscients du problème durant plusieurs mois. Ils pensaient que son faible poids était peut-être dû à un pic de croissance lié à l’adolescence. Ce garçon avait également commencé à cuisiner pour la famille, mais les parents ne s’étaient pas rendu compte qu’il ne mangeait pas ce qu’il préparait. Une fois le problème dévoilé, les parents ont rapidement cherché une solution, notamment parmi les options médicales. Ensuite, ils lui ont donné le choix entre un traitement médical ou un traitement par la Science Chrétienne, au moyen de la prière (c’est ce que la famille avait pratiqué depuis qu’il était enfant). Il a choisi la Science Chrétienne, m’a contactée et j’ai accepté de l’aider.
À cette même époque, les parents ont eu un rendez-vous avec le proviseur, le conseiller d’orientation, l’éducateur sanitaire et l’infirmière de l’école, pour expliquer que leur enfant allait s’appuyer sur la Science Chrétienne pour la guérison, et pour leur demander de soutenir son choix. Ils leur ont expliqué que leur fils me verrait une fois par semaine et parlerait avec moi tous les matins au téléphone, avant d’aller à l’école. L’équipe scolaire a accepté et a été très respectueuse de ce choix. L’infirmière, en retour, a demandé aux parents d’accepter qu’elle rencontre le jeune homme tous les midis et qu’elle contrôle son poids, afin d’être certaine qu’il ne continuait pas de maigrir. Les parents ont accepté, et, à la maison, ils ont aussi fait très attention à son comportement vis-à-vis de la nourriture, en l’encourageant avec amour à se nourrir de façon normale.
Lors de sa première visite à mon bureau, nous n’avons pas parlé de nourriture, de nutrition, du corps ni de quoi que ce soit lié au diagnostic. Pour moi, le problème ne consistait pas à contrôler la nourriture ou le corps. Je savais que l’Entendement divin réglait et maintenait les pensées et la vie de l’homme. Il m’a semblé aussi qu’une bonne dose de discussion spirituelle rencontrerait la même résistance qu’une grosse assiette de nourriture. Le jeune homme n’était pas prêt à l’ingurgiter. J’ai donc confié le cas à Dieu, en prière, et j’ai été attentive aux pensées qu’Il me donnerait.
J’ai été inspirée à lui demander de s’occuper d’un petit perroquet dont notre famille avait la charge. Ce petit oiseau semblait souvent en colère, souvent agité, et il criait de façon presque continue, mais se calmait quand quelqu’un mettait une graine entre ses lèvres afin que l’oiseau la prenne avec son bec. Et donc, durant cette première visite, et aussi durant les visites suivantes, il a nourri l’oiseau, et moi, j’ai prié silencieusement. Je me rappelle avoir pensé à un des poèmes de Mary Baker Eddy, intitulé « Amour ».
La dernière strophe a une signification particulière:
Des conflits, sauve Tes enfants,
Toi, l’espoir de nos jours !
Nourris-nous de Ton pain vivant
Car la Vie est Amour ;
Ô fais-nous sentir la douceur
De se rencontrer cœur à cœur !
(Écrits Divers, p. 388)
Depuis le début, je voulais comprendre davantage l’Amour divin, Dieu, à qui je reconnaissais tout pouvoir concernant ce cas. J’étais certaine que l’Amour infini et tout puissant — et non des mots ni la volonté personnelle — amènerait un changement qui sauverait et libérerait ce jeune homme des conflits dont il semblait être victime au sujet de son corps et de la nourriture. Le poème de Mary Baker Eddy affirme que la création de Dieu n’est pas nourrie par des aliments matériels, mais par « Ton pain vivant » — c’est-à-dire en reflétant l’Amour divin qui est la Vie, Dieu. J’ai pris conscience qu’à la fois le jeune garçon et l’oiseau reflétaient l’Amour divin et que c’était ce reflet de l’Amour — s’aimer les uns les autres et se laisser aimer — qui les nourrissait tous les deux avec les éléments les plus essentiels qui soient pour leur bien-être. Chaque jour, j’ai donné un traitement en Science Chrétienne — une prière qui insistait sur le fait que seul l’Amour divin était la source et le soutien de l’être de ce garçon, et qu’aucune puissance ne pouvait s’opposer ni limiter l’influence de l’Amour qui guérit. Ce message-Christ du pouvoir de l’Amour, auquel je rendais silencieusement témoignage par la prière, était la clé de la guérison.
Après quelques visites, le perroquet a cessé pour la première fois de pousser des cris de colère. Il est devenu calme et satisfait. Peu de temps après, la mère du garçon m’a annoncé qu’un soir, alors que son fils refusait catégoriquement de dîner, elle a quitté la pièce et a prié silencieusement. Son fils a retrouvé soudain son calme et s’est mis à manger. À partir de ce soir-là, son comportement destructeur a commencé à disparaître. Le garçon a recommencé à manger normalement, il a repris du poids, les maux de tête chroniques ont cessé et il a reçu rapidement un certificat médical l’autorisant à reprendre le sport. Ce fut la fin du problème.
En fait, tout s’est résolu en quelques semaines. Voyant ce changement radical, l’infirmière de l’école a dit à la maman qu’elle n’avait jamais vu ce type de problème se résoudre si rapidement, l’anorexie pouvant durer des années. Elle était curieuse de connaître le traitement qu’il avait reçu, ainsi la mère lui a donné un Science et Santé, et elle l’a accepté avec plaisir.
Nous lisons dans Rudiments de la Science divine: « La Science Chrétienne efface de l’entendement des malades la croyance erronée qu’ils vivent dans la matière ou à cause d’elle, ou qu’un prétendu organisme matériel régit la santé ou l’existence du genre humain; elle nous engage à nous reposer en Dieu, l’Amour divin, qui veille sur toutes les conditions nécessaires au bien-être de l’homme. Puisque le pouvoir divin est le guérisseur, pourquoi les mortels se préoccuperaient-ils de la chimie de la nourriture ? Jésus a dit: “Ne vous inquiétez pas... de ce que vous mangerez.” » (p. 12)
Personne n’est obligé d’entretenir une relation problématique avec la nourriture ou le corps. Puisque l’Amour divin est celui qui guérit, il prend également soin des conditions requises pour le bien-être de l’homme vis-à-vis de la nourriture. Ma prière pour le monde est de comprendre comment cet Amour divin prend soin de nous afin que nous puissions finalement réécrire le poème de Burns de la manière suivante:
Tous ont de la viande
qu’ils peuvent manger,
Et tous en ont suffisamment ;
Oui, tous ont de la viande
et tous peuvent manger,
Loué soit le Seigneur.
Article paru dans le
Christian Science Sentinel du 13 juin 2011
Michelle Nanouche écrit depuis Paris, France, où elle est praticienne et professeur de Science Chrétienne.