« A qui puis-je être utile, agréable aujourd’hui ? Voilà chaque matin ce qu’il faudrait se dire. Et quand, le soir, des cieux la clarté se retire, Heureux à qui son cœur tout bas a répondu, Ce jour qui va finir, je ne l’ai pas perdu, Grâce à mes soins j’ai vu sur une face humaine La trace d’un sourire ou l’oubli d’une peine. »
Voilà ce dont je me souviens d’un poème que j’ai étudié adolescente (et dont je ne retrouve plus l’auteur !). Il m’a profondément marquée, et j’étais persuadée qu’il contenait la recette du vrai bonheur.
Je faisais, quand j’y pensais, quelques efforts pour aider les autres. Souvent, à la fin d’une journée, j’étais désolée de constater combien j’avais négligé de le faire. Un jour j’ai fini par me dire que c’était là une utopie, et j’ai enfoui ces bonnes intentions.
Plus tard, j’ai été conduite à rencontrer la Christian Science et j’ai entrepris l’étude de la Bible et de Science et Santé avec la Clef des Écritures, de Mary Baker Eddy. Profondément croyante, j’ai perçu la possibilité d’atteindre à un christianisme pratique. J’ai eu une lueur d’espoir: j’avais peut-être trouvé ce que je recherchais, et les mots du poème de mon adolescence ont rejailli dans ma mémoire. J’adhérais pleinement à cette phrase de Mary Baker Eddy: « ... béni est celui qui voit le besoin de son frère et y pourvoit, trouvant son propre bien en cherchant celui d’autrui. » (Science et Santé, p. 518)
Je découvris que Dieu est Amour, qu’Il est tout, et, étant Son enfant, je ne pouvais faire autrement qu’être la manifestation de Son Amour. Toujours dans Science et Santé, je lisais: « L’Amour divin est infini. Donc tout ce qui existe réellement est en Dieu, provient de Dieu et manifeste Son amour. » (p. 340)
Je compris que le fait d’admettre l’omniprésence de l’Amour, n’implique pas de passer son temps à essayer de faire plaisir aux autres. C’est plutôt porter un regard nouveau sur tout ce qui nous entoure et sur nousmêmes. C’est voir uniquement le bien. Ce nouveau regard nous permet de nous ouvrir aux autres et ainsi de les aider à ressentir l’atmosphère de l’Amour que nous reflétons.
Bien entendu, les raisons semblent nombreuses pour ne pas se sentir tenu à s’occuper des autres. « Je n’ai pas de temps à perdre » en est une. « Je ne rencontre personne en dehors de mes heures de travail » en est une deuxième. Une autre tout aussi subtile consiste à dire: « Même si je trouvais le temps et en avais l’occasion (et cela m’est arrivé !), je n’ose pas. Que penserait la personne en question ? Ne se montrerait-elle pas méfiante ? Peut-être même refuserait-elle ma gentillesse ? »
Le poème que j’ai cité au début avait éveillé en moi le désir d’aider, mais il ne m'en avait pas donné les moyens. L’étude de la Bible et de Science et Santé me permettait d’anéantir les idées qui me limitaient. Par exemple, une phrase de Science et Santé a balayé toutes les fausses excuses dont je viens de parler: « Les bons motifs donnent des ailes à la pensée, de la force et de la liberté à la parole et à l’action. » (p. 454)
Il y a plusieurs années, sur mon lieu de travail, j’ai commencé à suivre ces bons motifs. Je parlais facilement de la Christian Science à mes collègues, et bon nombre d’entre eux (que j’avais invités à assister à des conférences sur la Christian Science) avaient acheté la Bible et Science et Santé. La plupart me demandaient de l’aide par la prière pour euxmêmes ou pour les membres de leur famille. Je n’avais pas de difficulté à partager les bienfaits de la Christian Science avec les gens qui me connaissaient et qui me voyaient vivre. Le fait de pouvoir prier pour ceux qui me le demandaient me remplissait de joie, parce que je savais que mon aide était utile. Cela m’a conduite à la pratique de la guérison chrétienne à plein temps. Sans le chercher vraiment, j’ai vu des occasions s’offrir à moi. Elles m’obligeaient à étudier davantage la Bible et les œuvres de la Christian Science, et à approfondir ainsi ma connaissance de l’amour de Dieu qui répond à tous les besoins.
Toutefois, pendant longtemps, j’ai trouvé difficile, lors de rencontres fortuites, de trouver les mots ou le geste qui auraient fait paraître « sur une face humaine, la trace d’un plaisir ou l’oubli d’une peine ». Ce n’était qu’après ces rencontres que je me rendais compte que j’avais manqué l’occasion d’exprimer de l’amour envers mon prochain, et seulement alors les idées me venaient sur ce que j’aurais pu dire ou faire.
Peu à peu, j’ai fini par comprendre que l’amour du prochain n’est jamais importun ni curieux. Si nous revendiquons et acceptons le fait que Dieu nous dispense à tout moment Son amour, cet amour va tout naturellement se répandre autour de nous à travers les pensées et les actes de notre vie, et les autres en bénéficient. Tout comme la fleur répand son parfum et fait voir sa beauté à tous ceux qui l’approchent, de même, nous diffusons l’amour que Dieu exprime en nous.
Maintenant, des occasions multiples s’offrent à moi chaque jour d’aider les autres par la prière et je me sens prête, disponible et attentive aux besoins de ceux qui m’entourent. Le cercle s’élargit, l’affection se répand et se partage. Ma vie s’en trouve enrichie. Je vois des barrières tomber, des malentendus se dissiper, des liens se créer et se renforcer, des amitiés nouvelles se développer. J’apprécie chaque jour un peu plus ce que Mary Baker Eddy a écrit dans son Message de 1902: « Le bonheur consiste à être bon et à faire le bien; seul ce que Dieu donne, et ce que nous donnons à nous-mêmes et aux autres, grâce à ce qu’il nous accorde, apporte le bonheur...» (p. 17)