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Article de couverture

Pour l'amour de Jérusalem

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juillet 2002


Une barrière de fumée point à l'horizon et se dissipe dans le bleu azur du ciel. Des pneus brûlés et de grosses pierres bloquent la route. Pas une âme en vue, mais la tension dans l'air se coupe au couteau. Je rebrousse rapidement chemin, sans attendre le début d'un combat éventuel entre l'armée israélienne et les jeunes Palestiniens. Je prie sans arrêt jusqu'à ce que je sois rentrée chez moi; je prie non seulement pour garder mon calme et ressentir dans mon cœur que Dieu est présent, mais aussi pour reconnaître que nul endroit au monde n'est privé de cette présence qui guérit.

Ce type d'incident, je l'ai vécu à maintes reprises. Arrivée à Jérusalem en 1987, dans le cadre de mon travail pour le Comité International de la Croix Rouge, je ne m'attendais pas à me retrouver témoin de ce qui a été appelé plus tard « la première intifadah » (soulèvement palestinien) ! C'est en effet à l'automne de cette année-là que le peuple palestinien a déclenché un mouvement populaire de résistance organisée contre l'occupation israélienne.

Un élément curieux m'avait frappée peu après mon arrivée à Jérusalem: le contraste profond entre, d'une part, la beauté poignante de la terre du Proche-Orient et l'hospitalité de ses habitants et, d'autre part, la violence et le climat de tension presque constants qui y régnaient. Autre élément à remarquer: malgré le fait que mon travail requérait une présence constante sur des routes et dans des zones où aucune sécurité n'était garantie, mon séjour de plus d'une année à Jérusalem s'est déroulé de manière extrêmement calme. J'en ai gardé un souvenir indélébile, et un amour profond pour le Proche-Orient.

Quinze ans plus tard, cette région du monde fait une fois de plus la une des journaux. Et certainement, on pourrait se sentir découragé et se dire « ils ne vont jamais s'arrêter ». Mais chaque fois que je commence à penser de cette manière pessimiste, voilà que d'autres pensées me viennent immédiatement à l'esprit et me redonnent courage. Par exemple, la pensée que ces deux peuples en lutte depuis si longtemps méritent la paix, méritent que leurs enfants aient une vie normale. La pensée que, au-delà des négociations politiques, la prière est une aide fondamentale. Aussi, la pensée que mes prières (ainsi que celles de nombreuses autres personnes) ne sont pas inutiles, mais contribuent à changer et à guérir en profondeur cette situation.

La prière nous unit à Dieu, le bien infini, qui ne peut être confiné dans des limites territoriales, confessionnelles ou autres, et avec qui tous les hommes, toutes les femmes peuvent s'identifier comme Ses enfants bien-aimés.

Je ne suis ni palestinienne ni israélienne, mais j'aime Jérusalem. Comme ces deux peuples, je crois en un seul Dieu infini, en qui j'ai confiance. Et je m'appuie sur les enseignements de la Bible pour trouver de l'inspiration dans mes prières. Il y a un verset des Psaumes, en particulier, qui me rassure. C'est une promesse que Dieu a faite à toute l'humanité et donc, à chacun de nous: « Je connais les projets que j'ai formés sur vous, dit l'Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance. » (Jér. 29:11) Le plan de paix que Dieu a pour chaque peuple, chaque individu, est une réalité dont nous pouvons prendre conscience maintenant et ce plan divin nous donne l'espoir qu'une solution aux conflits est possible.

Il n'y a pas longtemps, une amie m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup marquée. Je lui demandais comment avoir la preuve de l'efficacité de nos prières individuelles pour des peuples en détresse ou en lutte. Elle m'a simplement répondu que le fait même que quelqu'un reconnaisse la présence et l'amour de Dieu là où une situation difficile se présente, c'est déjà l'assurance que l'amour de Dieu agit dans cette situation et que cette prière a un pouvoir qui guérit. Cela m'a renforcée dans l'idée que de prier pour une paix durable au Proche-Orient, c'est une aide efficace que je peux offrir là où je suis et sans délai.

Il y a une tentation à surmonter (et je ne crois pas être la seule à y faire face !), c'est de prendre parti, de diviser les protagonistes du conflit entre agresseurs et agressés, bourreaux et victimes. Bref, d'identifier un côté avec le bien et l'autre avec le mal. Puis d'arriver même à justifier la violence de part et d'autre comme légitime.

Aux yeux de Dieu, ce même Dieu vers qui les deux parties en conflit se tournent, il n'y a pas deux côtés. Et sûrement pas une culture supérieure ou meilleure qu'une autre. Prendre parti, c'est donc plaider du coté de la division, c'est avoir une vision opposée à celle de l'Amour divin.

Certains pourraient dire: on est tellement révolté par ce qu'on voit ou ce qu'on entend, qu'il semble logique de réagir par l'indignation. Bien entendu, je ne veux pas prôner l'indifférence et encore moins excuser les massacres de civils. Il s'agit plutôt pour moi de ne pas me laisser emporter par l'horreur des évènements et de garder une vision des choses audessus « de la mêlée ». De refuser d'identifier le mal avec un peuple, une culture. De refuser de haïr. La bonté de Dieu s'étend sans mesure à tous Ses enfants.

Malgré le tableau sombre qui se présente à nous, Dieu n'a pas créé un monde partagé entre le bien et le mal, où le mal a tendance à l'emporter. Il n'y a qu'un seul Dieu. Sa création est en réalité unie dans l'harmonie. Le mal n'est pas une entité et n'a pas de pouvoir en soi. Il n'a que la réalité qu'on veut bien lui donner et le pouvoir que notre peur lui confère. Ces pensées aident à voir se manifester autour de nous, d'une façon concrète, la bonté universelle de Dieu. L'amour de Dieu est un fait que nous pouvons reconnaître comme spirituellement réel.

Lorsqu'il semble que deux parties en conflit ont des raisons justifiées de se battre et le droit d'utiliser des armes pour soutenir leur cause, la solution ne réside pas seulement dans la possibilité que l'un cède à l'autre. Quand même les deux parties sont incapables de faire des concessions, l'intervention divine est toujours possible. Il n'y a pas d'impasse pour Dieu, le Principe divin, qui peut toutes choses. Dieu voit les deux parties comme Ses enfants bien-aimés. Son amour est impartial et offre des réponses à nos besoins.

Mary Baker Eddy a écrit dans Science et Santé: « A mesure que les mortels acquerront des vues plus justes de Dieu et de l'homme, d'innombrables objets de la création, jusque-là invisibles, deviendront visibles. » (p. 264) Les solutions apparaissent là où il ne semblait pas y en avoir et alors la paix devient une réalité « visible ».

J'ai connu des Israéliens et des Palestiniens amis. Leur intelligence, leur humour, leur respect de l'autre étaient frappants. Cela m'encourage à reconnaître que ces deux peuples ont déjà dans leur cœur tout ce qu'il faut pour arriver à s'entendre.

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