Un jour, je fus témoin d'une petite scène, très banale en soi, mais qui me donna matière à réflexion. De jeunes enfants jouaient sur le trottoir. L'un d'entre eux s'étant placé un masque moustachu sur la figure, se tourna vers un autre bambin. Bien que ce petit enfant eût vu son camarade mettre le masque et sût parfaitement bien qui il était, il ne put surmonter sa frayeur à cette vue et s'enfuit à toutes jambes pour chercher refuge vers la maison paternelle.
Ne voyons-nous pas, souvent, des adultes soi-disant raisonnables, équilibrés et sensés, qui se laissent pourtant troubler, parfois même effrayer, par la laideur, l'aspect insolite ou menaçant que revêt quelquefois l'apparence physique du soi-disant homme mortel ? Cependant, la Science Chrétienne enseigne que cette apparence matérielle n'est en réalité qu'un masque cachant l'homme réel et spirituel créé par Dieu, l'Entendement infini, et qui reflète à jamais la perfection divine.
Nous lisons au premier chapitre de la Genèse: « Dieu dit: Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance... Il le créa à l'image de Dieu. Il créa un homme et une femme. » Mais un peu plus loin, dans le deuxième chapitre, cette affirmation positive, nette et catégorique, paraît remise en question, car nous lisons: « L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre: il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant... Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme...; il prit l'une de ses côtes... De la côte qu'il avait prise à l'homme, l'Éternel Dieu forma une femme qu'il amena à l'homme. »
Il y a, dans ce second récit de la création, au moins deux contradictions choquantes. Comment cet homme, essentiellement éphémère et sujet à toutes sortes de faiblesses et d'erreurs, peut-il être l'image et la ressemblance de l'Entendement créateur, qui est l'Esprit, l'intelligence divine, et qui est caractérisé par l'omniscience, l'omniprésence et l'omnipotence ? Et pourquoi le Tout-Puissant serait-Il obligé de reprendre une portion de Son œuvre pour la compléter ? La Science Chrétienne enseigne que ce second récit de la création n'est qu'une allégorie, qu'une description de la conception mortelle de l'existence, qui semble cacher, comme le ferait un travesti, l'homme originel, spirituel et parfait, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu.
Mrs. Eddy illumine et explique les arcanes de la Bible dans son livre Science et Santé, où elle écrit (p. 517): « La qualité vivifiante de l'Entendement, c'est l'Esprit, non la matière. L'homme idéal correspond à la création, à l'intelligence et à la Vérité. La femme idéale correspond à la Vie et à l'Amour. » Afin d'accomplir l'œuvre de guérison spirituelle, pour lui-même et pour les autres, le Scientiste Chrétien consciencieux s'efforce toujours de se détourner de l'apparence discordante de la matière et de voir l'homme réel et parfait.
Un Scientiste vit un jour une petite grosseur se développer sur son corps, mais il n'y prêta tout d'abord aucune attention. Puis une autre grosseur se développa à côté de la première, qui grossissait toujours. Alors qu'une troisième grosseur commençait à se manifester, son attention fut attirée incidemment par la chronique médicale d'un hebdomadaire. Après avoir parcouru les premières lignes de l'article, cet étudiant de la Science Chrétienne fut atterré de constater que les grosseurs sur son corps étaient semblables aux prodromes d'une maladie considérée comme ayant une issue fatale et très douloureuse.
Comme le petit garçon mentionné plus haut, il fut, au premier moment, très effrayé et découragé. Mais il avait appris, grâce aux enseignements de la Science Chrétienne, que l'homme réel, étant créé à l'image de son créateur, est par conséquent exempt de toute maladie ou imperfection. Reprenant courage, il prit la Bible et Science et Santé et commença à étudier avec une ardeur pleine d'espoir, détournant résolument ses pensées de la contemplation de la matière.
Bientôt, il vit un rapprochement significatif entre ce passage de la Genèse (1:31): « Dieu contempla ce qu'il avait fait, et il vit que cela était très bien », et cet autre passage, dans l'Ecclésiaste (3:14): « J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait subsiste à toujours: on ne peut rien y ajouter, ni rien en retrancher. » Affirmant la vérité que l'œuvre de Dieu était terminée et parfaite, il continua à étudier et à prier.
Il trouva une aide incomparable dans un passage de Science et Santé, où Mrs. Eddy déclare (p. 476): « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Dans cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » Progressivement, il retrouva sa sérénité. Et moins de trois semaines plus tard, il s'aperçut que toute grosseur avait disparu.
En suivant l'exemple du maître Chrétien et en reconnaissant que l'homme véritable reflète à jamais la Vie et la Vérité divines, l'étudiant sincère de la Science Chrétienne verra l'homme parfait à la place de ce qui semble être un mortel pécheur, malhonnête, inharmonieux et malade. Alors il ne sera pas effrayé par ce qu'il sait être simplement une fausse apparence, aussi dépourvue de pouvoir et d'agressivité que l'étaient les idoles des païens vitupérées par le prophète, lorsqu'il dit (Jér. 10:5): « Ne les craignez pas; car il n'est pas en leur pouvoir de faire du mal ou de faire du bien. »
